Invités chez Cyril Hanouna, des Gilets Jaunes désertent l’émission et appellent à manifester ce samedi
Conviés par l’équipe de Touche pas à mon poste pour parler de la manifestation prévue ce samedi 7 janvier, des Gilets Jaunes ont d’abord fait mine d’accepter. Mais plutôt que de participer à l’émission de Cyril Hanouna ce vendredi soir, ils ont commencé à lire un communiqué filmé, dans les loges, juste derrière le plateau. Fliqués par l’équipe de la chaîne, ils ont préféré déserter les lieux et faire faux bond à l’animateur de Bolloré.
Voici leur communiqué, lu devant le studio d’enregistrement :
«Vous nous invitez dans vos médias libéraux appartenant à des milliardaires, votre déconnexion est folle, comment pouvez-vous croire que nous viendrons sur le plateau de ceux qui nous exploitent.
En effet, l’arène médiatique est votre espace professionnel contrairement à nous, simples citoyens, qui ne sommes pas habitués à l’exercice de la communication télévisuelle.
Aussi, cette déclaration est-elle le moyen de diminuer cette inégalité de statut et de compétences entre vous et nous et de pouvoir exprimer clairement nos analyses et nos propositions.
Vous avez ici présent des représentants de ceux qui ont en charge l’organisation de la manifestation du 7 janvier, des militants Gilets Jaunes depuis 2018 ou qui s’y sont rallié ensuite. Nous ne sommes pas davantage. Nous n’avons pas de mandat spécifique pour parler au nom de l’ensemble des Gilets Jaunes qui est un mouvement épars et divers mais uni autour de plusieurs revendications que nous allons tenter de rappeler le plus fidèlement possible.
La manifestation du 7 janvier se situe ni plus ni moins dans la lignée de celles qui se produisent tous les samedis depuis 4 ans, des différents appels à occuper les ronds-points ou autres actions qui continuent d’avoir lieu partout en France. Toutes ces actions rencontrent plus ou moins de succès et la mobilisation a fortement baissé depuis 4 ans bien que les colères grondent encore, même si elles sont tues face à des orientations sociales et économiques prises par la classe dominante minoritaire, toujours plus accablantes pour l’immense classe populaire.
Comment cette démobilisation ne pouvait-elle pas se produire eu égard à la violente répression sans précédent qui a frappé le mouvement et les camarades dans leur chair dont un certain nombre mutilés, qui en porteront les stigmates tout le restant de leur vie : un œil, une main ainsi que de multiples traumatismes qu’ils soient physiques ou psychologiques.
Eu égard également à la violence verbale ou au mépris de l’ensemble des médias mainstream.
Eu égard a une justice toujours plus répressive avec les militants.
Nos revendications aussi demeurent-elles inchangées et sont plus que jamais d’actualité face aux offensives néo-libérales du gouvernement qui s’illustrent par la réforme des retraites et de l’assurance chômage dont le débat est clôturé en 49.3 secondes !
Justice sociale, fiscale et environnementale
La justice sociale pourquoi ? Parce que le plus grand nombre qui travaille utilement pour le bien commun subit toujours un peu plus la précarité et l’injustice en priant de ne pas tomber au chômage et dans la misère face à une minorité jouissant toujours plus sur son dos.
La justice fiscale pourquoi ? Parce que cette même classe populaire paye des impôts pour un bien commun, les services publics qui se réduisent graduellement à une peau de chagrin…payante ! Le service public – rappelons-le – est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas ! La situation de l’hôpital public est en cela emblématique.
Tandis que la classe dominante suffisamment opulente peut, elle, se payer les services les plus prestigieux tout en s’exonérant de l’impôt entre niches fiscales et suppression de l’I.S.F, entre pseudo fondations et optimisation fiscale.
L’urgence écologique pourquoi ? “Fin du monde, fin du mois même combat” était un slogan qui a fleuri lors du mouvement Gilets Jaunes. L’empreinte carbone est la plus forte dans les pays les plus riches et surtout parmi la classe dominante qui voyage en jet privé alors que le travailleur est culpabilisé d’utiliser sa voiture pour se rendre à son boulot. Les businessmen sont ainsi les héros nomades de la mondialisation plus foireuse qu’heureuse qui tient sur l’obsolescence programmée, le pillage des matières premières en Afrique et sur toutes les terres où bien souvent la richesse du sol est proportionnelle à la misère de ses habitants.
Nous pourrions parler également de la désindustrialisation que nos gouvernements ont consacré et la dramatique politique agricole sacrifiée sur l’autel des traités internationaux de libre échange qui s’avèrent être des désastres écologiques et sociaux.
Comme le dit Frédéric Lordon «Il y a un écocide en cours. Cet écocide est capitaliste. Il ne peut y avoir de solution capitaliste à un écocide capitaliste».
Nous souhaitons également une refonte totale des institutions ! Pourquoi ? Parce qu’il est clair que le système démocratique représentatif tel qu’il est, a été privatisé par une caste politicienne d’avantage préoccupée par sa carrière que par l’intérêt général et l’exercice de la pleine souveraineté du peuple. Nous réaffirmons la nécessité d’introduire des outils d’innovation démocratique tels que le RIC, le mandat unique et révocatoire, le tirage au sort… entre autres.
Bien conscients que les drames politiques en matière économique et sociale mais aussi dans le domaine géopolitique sont le résultat de la soumission de la France aux instances supranationales telle que l’Union Européenne, l’OTAN et autres traités de libre échange, nous en demandons la sortie car le plein exercice de la souveraineté du peuple ne peut se faire que dans le cadre de la souveraineté populaire libérée de sa classe dominante et parasitaire.
Comment se battre ?
Pour nous le mouvement social et la grève générale sont les seuls remparts face à cette politique néolibérale et donc fascisante. Il devient urgent de se mobiliser maintenant. S’il n’y a pas de mouvement social dès maintenant il y en aura un dans quelques années et il sera malheureusement deux fois plus violent que celui de décembre 2018. Personne ne le souhaite alors organisons dès maintenant un réel contre pouvoir à travers la lutte sociale.
Face à cette politique criminelle et irrationnelle du système et de ses représentants. Nous tendons la main aux syndiqués auprès desquels nous nous sommes souvent retrouvés dans les manifestations ainsi que sur des piquets de grève. Nous faisons la différence entre les syndiqués dont nous saluons l’engagement quotidien et leurs dirigeants qui trop souvent ont fait preuve d’une connivence certaine avec le gouvernement et s’égarent dans les arcanes du pouvoir.
Ce mouvement est et sera toujours un mouvement de toute la France contrairement aux médias qui n’ont de cesse de répéter que nous sommes la France périphérique blanche, mais non, nous sommes la banlieue, la campagne, les villes.
Pour ce qui est de l’éternelle question «quand est ce que les jeunes de banlieue rejoindront les GJ», et bien nous sommes là depuis le début. jeunes et vieux de banlieue, personnes ici n’habite dans le 16e arrondissement. Car ce qui nous lie c’est notre classe sociale et l’oppression que le capitalisme nous fait subir.
Toi le gros média, l’éditorialiste, le politicien, le patron, TOI l’actionnaire on en a assez de votre mépris. Pendant que les étudiants que les agriculteurs se meurent, toi tu détruit nos services publics et tu te gaves. Et nous on a faim.
En clair nous appelons à la convergence de tous les travailleurs.
Ouvriers
Cheminots
Travailleurs sans papiers
Paysans
Infirmières
Chômeurs
Sdf
Fonctionnaires
Intérimaires
Manutentionnaires
Caissières
Syndiqués
Retraités
En avant les précaires, soyez forts soyez fiers
Pas de presse libre quand elle est au main du CAC40. Et lisez Contre Attaque.
À très vite camarade.»
Une réflexion au sujet de « Déserter Hanouna, reprendre la rue »
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