Une zone à défendre pour protéger un village menacé de destruction par l’extension d’une mine de charbon
Connaissez vous le «Bagger 288» ? Un monstre mécanique. L’une des plus grandes machines créée par l’homme : 240 mètres d’acier sur des chenilles, quasiment la taille de la tour Eiffel. Son but ? Dévorer la terre, engloutir d’immenses étendues de territoire, pour extraire du charbon présent dans le sol de surface. Ce «charbon brun», appelé lignite, est encore plus polluant que le charbon noir que nous connaissons. C’est l’un des pires combustibles à effet de serre qui existe.
Le «Bagger», dont il existe plusieurs modèles, est utilisé dans l’Ouest de l’Allemagne pour extraire des tonnes de minerais, même s’il faut dévaster des centaines d’hectares en détruisant tout sur son passage : forêts, champs, routes… et même des villages entiers. Les images de vieilles églises détruites avant le passage de la machine avaient beaucoup circulé en Allemagne.
Juste pour l’extension d’une des mines, celle de Garzweiler II, 12 villages ont dû être détruits et 12.000 personnes ont été déplacées. Des parcs éoliens sont même démantelés pour faire avancer la machine. Un crime climatique à rebours de l’histoire et des belles déclarations des gouvernants. Les trous, immenses, sont visibles de l’espace.
Et avec la récente crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, de nouvelles extensions ont été lancées. L’une d’elle menace le petit village de Lützerath, près de Dusseldorf. À présent, de nombreux militants occupent le village pour tenter de le protéger du monstre mécanique. La zone est transformée en camp fortifié.
Pour le moment, les forces de l’ordre gardent le Bagger jour et nuit. Et un assaut massif du village de Lützerath est imminent. L’État allemand déploie des canons à eau, hélicoptères, police montée et brigade canine pour évacuer la zone à défendre. 1500 agents devraient être mobilisés. La police fédérale et presque tous les États fédéraux envoient des forces sur zone. Les agents ont déjà délogé des écologistes qui occupaient le sommet de piliers, afin de ralentir l’évacuation.
L’expulsion est possible dès ce mercredi, elle peut avoir lieu à tout moment. Dans le village fantôme, les écologistes s’organisent, disent préparer des «surprises», se préparent à se jucher dans les arbres et sur les bâtiments. Des centaines de militant-es arrivent du reste de l’Allemagne et des pays voisins.