Convergence en actes
Ce lundi 23 janvier, des milliers de boulangers et boulangères ont manifesté à Paris, face au ministère de l’économie, contre la hausse des prix de l’énergie. Avec l’explosion des profits des grands patrons du secteur et la spéculation sur le gaz et l’électricité, le gouvernement laisse les boulangers en détresse, avec des factures intenables. Certaines boulangeries doivent mettre la clé sous la porte.
À Marseille, des syndicalistes appliquent une solution concrète et efficace. Ce lundi, la CGT-Énergie a revendiqué le passage en tarif réduit de plusieurs boulangers de la ville. Le syndicat explique : «Ils subissent le même mécanisme que nous, à savoir : une minorité se gave et toute la population trime. L’heure est arrivée de montrer que le temps de l’abondance capitaliste est terminé.» Une convergence de fait entre deux luttes, et deux professions. L’ébauche d’autres initiatives solidaires ?
Comment marche cette action ? «Concrètement» il s’agit de «faire une manipulation sur le compteur pour que les boulangers puissent avoir un tarif soit de 50%, soit de 60% gratuit», explique le secrétaire général de la branche locale du syndicat. En décembre, la CGT-Énergie avait déjà basculé tout un quartier populaire de Marseille en tarif «heure creuse». Et ces derniers jours, contre la casse des retraites, plusieurs coupures de courant ont visé des entreprises et des lieux de pouvoir.
Pour casser l’opposition entretenue par les médias entre les différents secteurs du monde du travail, le syndicaliste explique à RMC : «la marge des spéculateurs fait que les boulangeries ferment. Ce n’est pas à cause de nos salaires, ce n’est pas à cause de notre régime spécial». Les salariés de l’énergie sont doublement touchés par la contre-réforme de Macron : à la fois par le recul de l’âge de la retraite et par la suppression des régimes spéciaux. Qui rétablit le courant lors de tempêtes, ou escalade les pylônes ? Ce sont eux. Et le gouvernement voudrait forcer ces agents à trimer en situations délicates jusqu’à épuisement.
Pour revenir à l’action de Marseille, le syndicat compte communiquer le chiffre du nombre de boulangers aidés, mais sans dévoiler précisément qui aura bénéficié de la mesure, car même si l’action est une mesure de justice sociale, elle est illégale.
Puisque la grève seule ne suffit plus pour se faire entendre, la multiplication des actions de désobéissance, de redistribution et de sabotage fera peut-être céder le gouvernement. En tout cas, elle montre que la solidarité n’est pas un vain mot, et que le pouvoir en place est nuisible et inutile.