Le gouvernement affiche une volonté de fer pour imposer son offensive contre les retraites, mais il craint un débordement du mouvement. Notamment si la jeunesse se mobilise. Il réprime donc préventivement le feu qui couve.
![Image de policiers casqués et armés investissant un amphi : une façon de brutaliser la jeunesse pour l'empêcher de défendre les retraites.](https://contre-attaque.net/wp-content/uploads/2023/01/327254448_1205003650450294_3382791942782775321_n.jpg)
CRS à la fac de Strasbourg
Le 19 janvier, après la grande manifestation du jour pour les retraites, une Assemblée Générale était organisée par la jeunesse à l’université de Strasbourg. Les CRS ont rapidement débarqué, avec l’autorisation du président de l’université. Une assemblée étudiante empêchée par des hommes en armes, dans un amphithéâtre.
Pour rappel, l’entrée de forces de l’ordre dans les facs est en interdite depuis le Moyen-Âge, à la demande d’un Pape au 13ème siècle ! Cela s’appelle la «franchise universitaire» : pas de police ou de gens d’armes dans les universités. Depuis 2018, cette mesure a du plomb dans l’aile. Macron a fait voler en éclat cette tradition, et de nombreuses université occupées au printemps 2018 ont été envahies par les forces de l’ordre, qui ont procédé à des expulsions et des violences.
Arrestations dans une AG
Un palier supplémentaire a été franchi lundi 13 janvier. En début de soirée, des étudiant-es qui occupaient une salle sur le campus Condorcet dans la ville d’Aubervilliers ont été délogé-es par la police. Lors d’une Assemblée, les étudiant-es de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales ont décidé de réquisitionner un espace pour s’organiser contre la réforme des retraites. La demande d’emprunter une salle était faite depuis des mois auprès de la présidence. La police est intervenue rapidement sur les lieux, elle a expulsé les personnes présentes et placé au moins 20 personnes en garde à vue !
Gaz au lycée
Jeudi 19 janvier, quelques lycées se sont mis en mouvement pour la journée de grève. Par exemple à Paris, aux lycée Hélène Boucher, ou les lycéen-nes ont commencé à bloquer l’établissement. La police a rapidement gazé les jeunes, malgré la présence de journalistes et d’une députée de la NUPES. Les violences policières lors de blocus lycéens sont récurrentes et de plus en plus dures, notamment à Nantes et Saint-Nazaire ces derniers mois, où plusieurs mineurs ont été blessés par les forces de l’ordre.
Postillons médiatiques
Les chiens de garde s’acharnent contre les jeunes qui rejoignent la mobilisation contre la réforme des retraites. «Les mecs n’ont même pas commencé à bosser qu’ils pensent déjà à l’âge auquel ils vont quitter le monde du travail» postillonne par exemple Kévin Bossuet, un prof d’extrême droite recruté comme «chroniqueur» sur la chaîne de Bolloré, Cnews. Le même se plaindra sûrement du manque d’intérêt des jeunes pour l’actualité la prochaine fois qu’il bavera devant une caméra.
Il fait semblant d’ignorer que 38% des lycéens sont en lycée professionnel, et sont donc déjà concernés par l’allongement du temps de travail. Il feint aussi de ne pas savoir que beaucoup de jeunes voient leur parents s’abîmer au travail, et se sentent solidaires. Et avec un départ à le retraite plus tard, c’est le chômage des jeunes qui va augmenter ces prochaines années, conséquence directe de la réforme.
Plus globalement, la jeunesse a toutes les raisons de se révolter face au monde qui est légué par les puissants, qu’il s’agisse de retraites, de précarité, d’écologie… Il faut donc discréditer leur colère.
L’entrée en lutte de la jeunesse sera un enjeu majeur des jours à venir pour accentuer le rapport de force face à Macron. Voilà pourquoi le régime réprime préventivement la moindre étincelle dans les facs et les lycées.
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