Bientôt deux mois de contestation. Plus de 50 personnes ont été tuées par la police.
Tout a commencé le 7 décembre. Au Pérou, le parlement dominé par la droite a destitué le président élu, de gauche, et l’a mis en prison, en l’accusant de préparer un coup d’État. Depuis, un gouvernement non-élu détient le pouvoir et réprime dans le sang l’opposition.
Des manifestations géantes ont eu lieu dans tout le pays pour réclamer des élections, une Assemblée Constituante et des droits pour les indigènes. Ce qui était, en principe, le programme du président destitué. Les grands axes routiers sont bloqués, des pénuries d’essence touchent plusieurs régions. Le 19 janvier, la capitale a été envahie par des dizaines de milliers de personnes venues de tout le pays.
La répression est féroce, dans ce pays où une guerre civile entre un gouvernement d’extrême droite et des guérillas marxistes a fait des dizaines de milliers de morts jusque dans les années 2000. À nouveau, c’est l’escalade policière : entre 50 et 65 personnes ont été tuées par la police depuis décembre, la plupart dans les régions à majorité indigène.
Le premier ministre a accordé une prime aux agents de la police nationale pour leur attitude «héroïque» et les télévisions diffusent des clips de propagande glorifiant des unités militarisées appelées «escadrons de la démocratie». Il s’agit pourtant de copies conformes des escadrons de la mort, utilisés par les régimes autoritaires latino-américains.
Ces derniers jours, un front du conflit s’est constitué à quelques centaines de mètres du Parlement à Lima. Tirs policiers contre boucliers et jets de pierres. Un manifestant, Víctor Santisteban Yacsavilca, âgé de 55 ans a été abattu par la police alors qu’il fuyait une charge. C’est le premier mort dans la capitale. Les images montrent un tir de grenade métallique. Le Pérou commande actuellement en masse des munitions lacrymogènes, notamment au Brésil et à l’Équateur.
L’Assemblée a rejeté la semaine dernière une proposition d’avancer des élections. La présidente illégitime, sentant la contestation prendre de l’ampleur, a demandé aux députés de voter des élections pour 2023.
Mais ce ne sera pas suffisant pour la population mobilisée pour de réels changements. De son côté, la droite nostalgique de la présidence ultra-libérale et totalitaire de Fujimori, déploie des banderoles pour soutenir la police et traite les manifestants de «terroristes».
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