« Équipes de liaison et d’information » : les « gentils flics » au service d’une méchante répression


Les ELI étaient à Nantes mardi 31 janvier, et ça s’est très mal passé. Explications :


Deux images d'agents des ELI discutant avec la CFDT mardi à Nantes

Connaissez vous les ELI ? Non ? C’est normal, c’est nouveau. Il s’agit des « Équipes de liaison et d’information » de la police. Des flics en civil qui bossent avec les syndicats avant et pendant les manifestations pour que « tout se passe bien » et se présentent comme des gentils. Officiellement, il s’agit de créer un « dialogue » entre la préfecture et les organisateurs de manifestations, sur le modèle de la police allemande. En réalité, ce sont des auxiliaires d’une répression ultra-violente. Mais comme ils ont l’air sympa, ça va.

Avant la manif, pendant que des flics armés et cagoulés contrôlaient tout ce qui ressemblait à des manifestants « jeunes » ou « radicaux », et arrêtaient préventivement plusieurs personnes, ces ELI discutaient avec les représentants syndicaux. Le but affiché ? « Prévenir les débordements ». Bref, « c’est pour votre bien », celui des manifestant-es.

Cet épisode de concertation, photographié par un de nos reporters, est passé presque inaperçu vu la densité de la foule. Au moment du départ, un militant en chasuble de la CFDT vient s’adresser au cortège jeune : « Surtout, avancez vite devant et ne vous arrêtez pas ». Un conseil étonnant, d’habitude, les organisateurs veulent que le rythme ne soit pas trop rapide. Ou alors, souvent, ils râlent parce qu’ils voudraient prendre la tête d’un cortège inoffensif. En réalité, un piège se préparait. Au bout de quelques centaines de mètres seulement, alors qu’il ne se passait rien, le cortège est coupé en deux.

Des lignes de CRS agressives séparent la tête du cortège en cognant tout ce qui bouge. Visiblement, le « deal » passé avec les ELI était d’isoler et d’écraser le cortège de tête dès le début. L’opération a failli marcher. Tout le monde a été pris par surprise, par derrière.

Heureusement, l’avant du cortège s’est défendue et a réussi à sortir de l’étau pour raccrocher avec la grosse manifestation. Mais avec plusieurs blessé-es. Et si cela n’avait pas marché ? Une nasse géante, des dizaines d’arrestations ? Et l’énorme cortège syndical bloqué à peine démarré ?

Car le comble, c’est que l’attaque policière a stoppé net le parcours officiel, engorgeant la rue de dizaines de milliers de personnes qui affluaient derrière, créant ainsi des tensions. Les policiers n’ont pas fait de distinction et des syndicalistes en chasuble CGT ont reçu des coups.

En résumé, derrière une volonté affichée de « dialogue », ces ELI sont une branche de la contre-insurrection. Hier, il s’agissait d’en finir avec le cortège de tête nantais. Quitte à provoquer une forte tension dès le début de la manif, alors qu’il ne se passait rien. Ces ELI et leurs donneurs d’ordre ne cherchent pas à ce que ça se passe « bien », ils cherchent à écraser la contestation.

Après cet épisode, les responsables syndicaux nantais se rendront-ils compte qu’ils se sont fait manipuler, avant les prochaines grosses manifs ? Vont-ils travailler poliment avec ces envoyés de la préfecture qui cherche à attaquer la jeunesse et éliminer tout ce qui sort du cadre inoffensif souhaité par les autorité ?


Rappelons aux directions syndicales que les droits sociaux ne se demandent pas poliment à un pouvoir qui ne cherche qu’à nous asservir.


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