Le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, l’a déclaré hier 22 février dans les médias : il faut «se préparer au pire», c’est-à-dire «préparer notre pays à quatre degrés» de réchauffement, «ça veut dire anticiper beaucoup de changements».
Première préoccupation de Christophe Béchu, qui revient peut-être de vacances au ski : «à quatre degrés, les deux tiers des stations de ski manqueront de neige dans les Alpes». Comme si, avec un réchauffement d’une telle ampleur en France, l’enneigement des stations alpines devait être la préoccupation majeure… Le niveau de déconnexion des gens qui nous dirigent est aussi effrayant qu’un conducteur d’un bus complètement ivre qui roulerait avec ses passagers sur l’autoroute à contre-sens.
Dans un rapport publié en février 2022, le GIEC, groupe d’experts mondiaux sur le climat, écrivait qu’il était encore possible de s’adapter au changement climatique «à condition que le réchauffement climatique soit limité à 1,5 ou 2°C.» À 4°C, c’est le grand vide, la grande incertitude. Pour rappel, les fameux «accords de Paris», signés sous François Hollande en 2015, prévoyaient de limiter le réchauffement à 1,5°C. C’était déjà insuffisant, mais 8 ans après, nous avons déjà dépassé ce stade.
À 3,8 °C de hausse de température moyenne, des écosystèmes entiers pourraient disparaître, et le paysage agricole sera drastiquement modifié selon le GIEC. À ce stade, l’océan monte de plus d’un mètre et 280 millions de personnes doivent être déplacées dans le monde. À +4.5 °C de réchauffement, les forêts et les océans n’arrivent plus à jouer leur rôle d’aspirateurs à carbone et seulement 38% des émissions mondiales sont absorbées. Les canicules extrêmes ont lieu tous les ans, pire que celles que nous connaissons déjà, les sécheresses ont lieu tous les deux ans. Et à terme les océans monteront de 20 mètres dans les siècles à venir. À 4°C de plus, l’Espagne est devenue désertique sur une grande partie du territoire, l’eau potable manque en France, il y a des pénuries de nourriture, des écosystème entiers ont disparu.
Traduisons Chritophe Béchu : «il faut se préparer à vivre à +4°C car on n’a rien fait pour le climat malgré 30 ans d’alertes scientifiques». Ou encore «nous allons laisser des millions de personnes mourir parce que nous avons laissé tous les droits à nos amis des industries polluantes». Par exemple, rien que l’été dernier, des milliers de personnes sont mortes durant les canicules qui ont touché la France, et nos hôpitaux n’ont même pas pu y faire face. Christophe Béchu n’a aucun plan, aucune envie de limiter ou retarder le désastre. C’est un mauvais gestionnaire qui prétend «gérer» la catastrophe.
Chrisophe Béchu est un politicien de droite. Maire de la ville d’Angers, il a passé plus de temps à faire retirer des affiches de prévention du VIH qu’à prendre des mesures écologiques. Au sénat, ce militant de la Manif Pour Tous qui n’a jamais travaillé, ni de près ni de loin, sur le dossier environnemental, s’est opposé à l’interdiction des néonicotinoïdes. Ministre de Macron, il a ré-autorisé la chasse d’un oiseau protégé, l’alouette, et s’en est pris aux associations qui dénoncent l’élevage intensif. Le gouvernement Macron continue de financer les énergies fossiles et de choyer les grands patrons du secteur pétrolier. «Qui aurait pu prévoir ?» le réchauffement climatique osait encore Macron le 31 décembre dernier.
Christophe Béchu a raison de dire qu’il faut préparer la France à un possible +4°C. Ce qu’il oublie de dire, c’est que c’est lui et ses amis, sa caste et son monde, qui sont responsables. Et que la solution se fera sans eux et contre eux.