Des flammes dans la nuit à Huwara, des maisons et des voitures incendiées, une foule armée venue attaquer des civils sous l’œil bienveillant des soldats, des tirs, des dizaines de blessés et un mort.
C’est un pogrom qui a eu lieu hier 26 février, dans la commune de Huwara, 6000 habitants, au sud de la ville de Naplouse en Cisjordanie. Les attaquants ? Des colons israéliens venus d’une colonie voisine, Itsar. Le motif ? Une vengeance ethnique, lancée sur les réseaux sociaux. Deux colons avaient été tués dans une fusillade la veille et les suprémacistes ont organisé un raid punitif contre tous les palestiniens vivant à Huwara.
Au total, 20 maisons ont été incendiées et 15 voitures brûlées par des colons israéliens. 3 ambulances ont aussi été vandalisées. Des Palestiniens sans aucune protection ont été agressés, sortis de leurs maisons, humiliés. 100 personnes blessées sont déjà recensées, et un homme de 37 ans a été tué par balle. Les colons ont été filmés en train de faire une danse joyeuse devant le village incendié, pendant que leurs victimes étaient tétanisées ou blessées. L’armée a ordonné la fermeture du village pour trois jours.
L’armée israélienne parle d’une «perte de contrôle». Pourtant, ce pogrom s’inscrit dans la suite logique du «contrôle» israélien sur la population palestinienne. Les violences des colons et de l’armée sont régulières. En Cisjordanie occupée, 450.000 colons sont installés, souvent de façon illégale, expropriant les populations locales. Le gouvernement actuel entend «régulariser» ces vols de terres. L’extrême droite est au pouvoir et plusieurs ministres sont eux-mêmes des colons, tenant des discours ouvertement racistes.
Ces images impressionnent et choquent, mais la violence coloniale est quotidienne. En 2022, 144 palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie, sans compter Jérusalem-Est. C’est l’année la plus meurtrière depuis 20 ans. Dans la quasi-totalité des cas, les auteurs ne sont pas poursuivis : les violences sont commises en toute impunité.