En France, plus d’un tiers de l’eau potable contaminée aux pesticides

Un tracteur en train d'épandre des pesticides sur un champ : avec ce système d'agro-industrie, l'eau du robinet est contaminée.

Une récente étude de l’Anses – l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, organisme public chargé de contrôler la sécurité des aliments des français – réalisée sur la qualité de l’eau, alerte sur la présence de multiples pesticides dans plus d’un tiers de l’eau potable en France.

L’analyse révèle la contamination de l’eau à grande échelle par les métabolites du chlorothalonil (R471811), un pesticide utilisé depuis 1970 et dont l’utilisation s’est vue interdite en 2019 en Europe. Ce pesticide considéré comme cancérogène n’avait jamais fait l’objet de recherche dans les analyses sur l’eau jusqu’ici par les organismes de contrôle français. On ignorait donc la mesure de cette catastrophe à la fois écologique et sanitaire.

Plus inquiétant encore, les techniques actuelles de traitement de l’eau courante ne sont pas en mesure d’éliminer ce pesticide de l’eau du robinet. L’Anses estime aujourd’hui à 34% l’eau contaminée. Une estimation largement en deçà de la réalité selon «un responsable technique d’un gros opérateur public» interrogé par Le Monde, qui se dit «convaincu que plus de la moitié de la population française est concernée».

En Loire-Atlantique, c’est même jusqu’à «90 % de la population desservie, qui reçoit une eau dont la teneur en R471811 est deux à six fois au-dessus de la norme de qualité». Reconnu comme cancérogène et interdit en Europe depuis 2019, on ne dispose cependant que de très peu d’élément sur la toxicité et les effets sanitaires de ce pesticide pour lequel aucune étude à long terme n’a été réalisée jusqu’ici.

Le produit est commercialisé depuis plus de 50 ans par la firme de pesticides Syngenta, mais ce n’est qu’à la lueur de ces révélations que l’entreprise s’empresse de déclarer avoir procédé à une étude de 3 mois sur le rat, et ce à la demande de l’Anses. Les résultats devraient être révélés en fin d’année. Autant dire qu’on n’attend peu d’une étude réalisée par l’entreprise même qui pollue et intoxique impunément l’eau et tous les êtres vivants depuis plus de 50 ans sans jamais s’en être inquiétée…

Rien d’étonnant de la part d’une entreprise dont le patron, Erik Fyrwald, appelait en 2022 à «abandonner l’agriculture biologique», responsable selon lui que «des gens meurent de faim en Afrique» !

Le journal Le Monde révèle que la première ministre a été informée des résultats de cette étude le 26 mars, quatre jours avant la présentation du «plan eau» par le Monarque Macron. Un plan qui devait aborder les questions de gestion de l’eau dans un contexte de changement climatique et de sécheresse. Étonnamment, il n’a été nullement question de cette problématique particulièrement inquiétante de la contamination de l’eau par ces pesticides et des moyens de «lutter contre les pollutions». Après tout… qui aurait pu prédire ?!

Au même moment, l’État est prêt à tirer avec des armes de guerre sur des civils qui mettent leur vie en jeu pour défendre l’eau, et à dépenser des millions dans la répression pour garantir la continuité de l’agriculture intensive. Un modèle mortifère qui prône l’utilisation de pesticides pour le seul profit des multinationales et de quelques agro-industriels. Le capitalisme nous empoisonne, littéralement.

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