Sexisme et mépris de classe : la grève des travailleuses de l’entreprise Vertbaudet

Photo de groupe des grévistes de Vertbaudet

Les salariées de l’usine ne lâchent rien. Depuis plus de deux mois, soixante-douze salarié-es de l’entreprise Vertbaudet dans le Nord, principalement des femmes, font grève pour la reconnaissance de leur travail et revendiquent de meilleures conditions de travail ainsi que des augmentations de salaire. Des préparatrices de commandes sont encore payées au SMIC malgré parfois plus de 20 ans d’ancienneté, s’épuisant à travailler à la chaîne, debout, en faisant en moyenne 22 kilomètres par jour. Elles ne demandent pourtant qu’une augmentation minime de 150 euros nets mensuels. Pour une entreprise qui déclare un chiffre d’affaires de 315.859.889 € pour l’année 2021, la revendication paraît dérisoire.

Les créateurs de l’entreprise sont les héritiers d’une grande famille de l’industrie textile qui s’est lâchement enrichie sur le dos de travailleur-ses pendant des générations. Des grands patrons qui exploitent les corps et les vies de leurs ouvrier-es pour leur seul profit, et qui leur refusent, après des décennies de travail, une simple augmentation de 150 euros par mois. Une honte.

Verbaudet a été rachetée en 2021 par un fonds d’investissement nommé «Equistone Partners Europe», une entreprise dirigé par Édouard Fillon, le fils de François Fillon. Vous savez, le même qui faisait profiter son épouse d’un emploi fictif grassement payé au frais de l’État et qui est toujours sous le coup d’enquêtes pour des soupçons d’emplois fictifs.

Diplomé de l’Essec, grande école de commerce pour gosse de riche à environ 15.000 euros l’année, le fils à papa est aujourd’hui «consultant senior», un métier qui ne sert à rien si ce n’est d’imposer ses règles managériales à des travailleur-ses sous-payé-es. Un attrait pour les emplois fictifs qui semblent donc se transmettre dans l’héritage familial !

Après deux mois de lutte, les travailleuses de Vertbaudet, déterminées, font face à la répression judiciaire, aux violences policières mais également à des pressions «anonymes». Le piquet de grève s’est vue démantelé par des CRS le 16 mai 2023. Une des grévistes a été gravement blessée par un policier : «Le policier m’a attrapée au cou et m’a soulevée du sol. Je me suis sentie partir. Je manquais de souffle». Elle a dû être conduite aux urgences. La veille, deux soutiens à la grève ont été violemment interpellés et placés en garde à vue. Le même jour, la CGT Vertbaudet annonce sur Facebook que l’un de ses délégués syndicaux a été victime d’une «expédition punitive» d’individus en civil «prétendument policiers» qui l’ont embarqué dans un véhicule banalisé devant son fils pour le frapper et le menacer. Quelques jours plus tard, les ouvrières débarquaient à Paris, dans le 16ème arrondissement où se trouve le siège de leur entreprise, pour faire entendre leurs voix.

Une tribune publiée dans le Monde dénonce ainsi les violences de l’État et du patronat que les travailleuses subissent et appellent aux soutiens à leur lutte. Une lutte essentielle qui met en lumière la précarité de millions de travailleuses, en France et ailleurs, lorsqu’au mépris de classe s’ajoute les discriminations sexistes constantes.

Face au mépris du patronat, à la violence de l’État et du patriarcat, soutien à toutes les travailleuses en grève !


Ajout : Trois jours après cet article, la grève a été levée après le recul de la direction sur de nombreuses revendications, notamment sur des augmentations de salaires. Une victoire populaire et féministe qui enfonce une porte dans laquelle le mouvement social devra s’engouffrer.

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