Masculinistes, fachos et scandale écologique : les coulisses du Hellfest


Le célèbre festival Hellfest ouvre ses portes ce jour à Clisson. Un immense festival qui reçoit la scène métal du monde entier… et peu importe les condamnations pour viol ou les liens de certains groupes avec l’extrême droite !


La Lettre à Lulu, historique canard irrégulomadaire de la région nantaise, sort son dernier numéro la veille de l’ouverture du festival. Le journal y révèle une enquête minutieuse sur ce festival de la honte… et les dossiers ne manquent pas !

Dans ce «festival de la tolérance envers les chanteurs accusés de viol» comme le qualifie Lulu, l’injonction à exhiber sa poitrine est monnaie courante, pour les festivalières comme pour le staff. Une ancienne stagiaire a ainsi fait condamner le festival au tribunal des Prud’hommes le 17 mai dernier, pour avoir été contrainte de montrer ses seins, puis avoir été prise en photo par un supérieur avant que celui-ci ne diffuse son cliché. Lors de l’audience aux Prud’hommes, l’avocat du festival «se moque de la stagiaire et de son féminisme très militant, voire un peu radical» qui dénonce le patriarcat. Les remarques sexistes et le harcèlement sexuel ne s’arrêtent pas là… Son supérieur la qualifiait de «sexy assistante», lui demandant de «faire bander les gens» tout en lui reprochant «d’aguicher trop les hommes». Soutien total du festival qui, comme seule sanction, lui retire le droit d’avoir une stagiaire féminine.

La culture du viol à son apogée en toute impunité

Le sexisme ne se borne pas aux comportements individuels, il est présent et encouragé partout au Hellfest : sur scène comme ailleurs. En 2022, Lulu révèlait déjà que que le groupe Steel Panther, un habitué du Hellfest, faisait monter une festivalière sur scène, l’encourageant à exhiber sa poitrine devant le public, tout en annonçant qu’elle le fera «en backstage quand elle sucera les membres du groupe».

Le festival ne semble ainsi aucunement gêné à présenter en tête d’affiches plusieurs artistes mis en cause pour des violences sexuelles et sexistes, des artistes encourageant la culture du viol, sur scène comme dans leurs textes. Le groupe Rammstein est par exemple mis en cause par plus d’une douzaine de femmes qui témoignent d’agressions sexuelles et de viols, notamment après qu’on leur ait fait ingérer du GHB à leur insu. Les textes de leur musique sont à ce propos tout à fait explicites. Un des poèmes du musicien appelé «Quand tu dors» se vante de «pouvoir endormir et violer une personne avec du Rohypnol», un puissant sédatif, comme le GHB, plus connu sous le nom de «drogue du viol».

La liste est longue. L’an dernier c’était le groupe Guérilla poubelle, visé par de multiples plaintes pour violences sexuelles, qui se produisait sur scène. «C’est quasiment de la réinsertion d’ex-taulards» s’exclame ironiquement Lulu, citant le batteur de Mötley Crüe condamné à six mois fermes en 1998, ou le chanteur d’As I Lay Dying à six ans ferme en 2014, pour avoir voulu faire assassiner son épouse». Sans oublier Johnny Deep, invité aux Hellfest après qu’on lui ait littéralement déroulé le tapis rouge à Cannes.

Le directeur du festival, Ben Barbaud, confiant, se justifie de cette bienveillance envers les auteurs de violences sexuelles et sexistes dans une déclaration affligeante : «Je n’ai pas vu, moi, personnellement, tel ou tel artiste frapper son épouse, donc je m’arrête à ça» déclare celui-ci à Ouest France, estimant que la seule raison qui l’amènerait à déprogrammer un artiste serait une décision de justice l’interdisant de se produire sur scène. Une peine jamais prononcée dans le cadre de condamnations pour violences sexuelles ! Hypocrisie et complicité assumée…

Mais s’inquiétant certainement de la réputation du festival, Ben Barbaud tente de se racheter une conscience en expliquant avoir embauché une association de prévention contre les violences sexuelles et sexistes. Du «Féministe washing» estime l’une des ces formatrices féministes, qui a mis fin à leur collaboration en janvier 2022, dénonçant le total désintérêt de l’équipe dirigeante pour la question de la lutte contre les violences sexistes. Rien d’étonnant, à en croire le palmarès du festival en matière de sexisme et de misogynie. Depuis lors, le festival a «enrôlé 30 bénévoles formé-es à la va-vite, une heure et demie en visio. Patrouillant par trois avec des T-shirts blancs ornés d’une valkyrie, guerrière de la mythologie nordique, baptisé-es «Hellwatch», ces vigiles de prévention n’avaient même pas d’espace dédié, n’intervenaient plus après 20h, donc pas la nuit dans le camping géant couchant 35.000 festivalier-ères».

Et comme si tout cela ne suffisait pas, le Hellfest protège également ses amis fachos et reprend les code du nazisme… Ainsi, «l’affiche officielle de 2012 montre un assaut de soldats aux casques proches de ceux de la Wehrmacht, avec un brassard rouge comme les nazis, une croix celtique stylisée y remplaçant la svastika».

Ben Barbaud avait également apporté son soutien à Phil Anselmo, chanteur de Down, qui avait fait des saluts nazis sur scène, à Los Angeles, tout en proférant «White Power!». Le directeur du Hellfest avait alors tout naturellement déclaré : «Ce n’est ni un raciste, ni un antisémite. Et il ne faut pas oublier tout ce qu’il a apporté à la musique», avant de le réinviter pour la huitième fois à Clisson. Séparer le nazi de l’artiste…

Face à cette situation, les groupes qui renoncent à jouer au Hellfest sont encore trop peu nombreux pour faire pression sur la direction. On peut toutefois saluer Birds In Row pour le courage de leur position : le groupe a annulé sa venue, s’excusant auprès de ses fans et soutenant les victimes sans condition.

Écologie

Le festival, qui s’étend sur 111 hectares au total et se vante d’avoir le plus grand parking de France, 39 Ha construit évidemment sur des terres agricoles du vignoble, n’est pas non plus un fervent défenseur de l’environnement. Le coût environnemental est énorme : «90% de l’énergie du festival provient du fioul pour faire fonctionner les groupes électrogènes» assume pleinement le directeur du festival à Ouest France, fier d’avoir «le chantier électrique éphémère le plus important de France, cramant 300.000 litres de fioul l’an dernier pour alimenter 97 groupes électrogènes dans des blocs gros comme des containers maritimes (…) des groupes électrogènes surdimensionnés qui ne tournent jamais à plus de la moitié de leur capacité, rechargés en fioul en permanence» révèle la Lettre à Lulu.

C’est sans compter, aussi, la consommation d’eau ahurissantes de «brumisateurs géants en pleine période de restriction», les tonnes de déchets non recyclables produits, la vente de goodies en plastique ou de T-shirt en coton hors de prix, la destruction d’hectares de vignes et de terres agricoles… Toilettes sèches et éco-cups (qui ne servent que pour une seule édition du festival) ne suffiront pas à racheter une conscience écolo au festival !

Et encore, on ne vous a même pas parlé de la collaboration avec le gouvernement, qui voit d’un bon œil cette industrialisation de la musique, de la surveillance du site par les drones de la police (oui oui) ou même de la présence de groupes religieux (notamment chrétiens) venus tenir une aumônerie.

Bref, pour la modique somme de 329 euros pour 4 jours, le Hellfest propose une immersion chez les fachos et les violeurs, tout en salopant l’environnement ! Bienvenue en enfer !


Retrouvez l’enquête complète de la lettre à Lulu dans son numéro 124 : à commander sur son site https://lalettrealulu.fr ou à retrouver dans les différents points de vente, à Clisson, bien sûr, et ailleurs !


Pour aller plus loin :

https://www.mediapart.fr/journal/international/080623/metoo-de-rammstein-au-hellfest-le-metal-dans-la-tourmente

https://www.ouest-france.fr/festivals/hellfest/prix-des-pass-groupes-contestes-ben-barbaud-patron-du-hellfest-repond-aux-sujets-qui-fachent-a6d964b0-0124-11ee-9972-6675a04ac106

https://www.lesechos.fr/industrie-services/services-conseils/hellfest-les-chiffres-dantesques-du-celebre-festival-de-metal-1413781

https://www.mediapart.fr/journal/france/220521/violences-sexuelles-les-musiques-extremes-face-leurs-demons?page_article=1


Pour plus de détails, on peut aussi aller voir ces deux thread sur Twitter :


https://twitter.com/AlexSamTG/status/1669303642921246721

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Une réflexion au sujet de « Masculinistes, fachos et scandale écologique : les coulisses du Hellfest »

  1. On est sûr de bien parler de la même affiche pour l’édition 2012 ? Aucuns brassards rouge et la croix celtique n’en est pas une, c’est simplement le logo du festival. Quant aux casque allemands, ce sont tout bonnement des casques MICH utilisés par l’US army dans les années 2000-2010. Rien à voir avec la Wehrmatch.
    Votre article est très bon mais gaffe à pas raconter n’importe quoi pour vous donner du crédit. Cela vous dessert.

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