En Seine-Saint-Denis : punition collective pour les habitants


En Seine-Saint-Denis, 28,4% de la population a un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, soit plus d’un quart des habitants. Au Blanc-Mesnil, commune du département dirigée par un maire de droite, les autorités organisent une punition collective des habitants suite aux émeutes.


L'affiche pour Beach Mesnil indiquant que l'événement est annulé : "Les économies réalisées permettront de réparer les dégâts commis par les émeutiers"

«Annulation de Beach Mesnil et du feu d’artifice du 13 juillet» : c’est l’affiche posée ces derniers jours, dans la commune de 58 000 habitants. «Au regard de l’ampleur des dégâts causés lors des émeutes* [consécutives à la mort de Nahel], Beach Mesnil est annulé cette année. Les équipements municipaux seront réparés avec les économies réalisées», précise la mairie.

Le même message figure sur le site internet de la municipalité. Le maire, Jean-Philippe Ranquet, appartient au mouvement «Libres!» créé par Valérie Pécresse. Il a été nommé après que le maire élu, Thierry Meignan, ait dû quitter son poste car il avait obtenu un poste de sénateur. Mais c’est ce dernier qui continue de tenir la ville, et qui commente la décision d’annuler l’animation estivale : «J’espère que le quartier réagira parce qu’il est question aussi que les parents disent à leurs enfants ‘arrête un peu tes conneries».

Traduction : «Vous êtes en colère ? On vous prive de goûter.» Ou encore : «Détestez la jeunesse qui se révolte, car elle a gâché vos vacances». C’est une technique contre insurrectionnelle : diviser la population. Faire payer à tous les comportements de quelques uns qui se sont soulevés suite à un crime policier.

En plus, la mairie est dans le mensonge. Beach Mesnil est une «plage éphémère» durant l’été, et le sable a déjà été livré sur place. Les frais ont donc déjà été engagés, que ce soit pour cet événement ou même pour le feu d’artifice, qui ne sera pas remboursé pour cette annulation au dernier moment. Aucune économie ne sera réalisée. La mairie ment, l’argent ne servira pas à «réparer» les dégâts, c’est une sanction qui va pénaliser en priorité les familles, en particulier les enfants, qui n’ont pas les moyens de partir en vacances. Ce grand rassemblement accueillait plus de 2500 personnes par jour, en juillet et en août.

«C’est clairement dégueulasse et injuste. Il n’y a aucun lien entre les émeutes et “Beach Mesnil”. C’était la plus grosse occupation de l’été» s’agace une maman une maman sur France Inter.

Quand Paris était en feu pendant les Gilets Jaunes en décembre 2018, la mairie n’a pas annulé les événements de fin d’année pour financer les réparations. Cette humiliation au Blanc-Mesnil est un symptôme de plus de la gestion coloniale des quartiers, dont il faudrait «dresser» les habitant-es en les rendant responsables de faits qu’ils et elles n’ont pas commis. Cette décision concorde avec les discours sur les «parents des émeutiers» qu’il faudrait, eux aussi, sanctionner.


Source : https://www.radiofrance.fr/franceinter/le-blanc-mesnil-annule-des-animations-estivales-pour-payer-les-degats-des-emeutes-7519294

Faire un don à Contre Attaque pour financer nos articles en accès libre.

Pour ne rien manquer de nos publications, suivez-nous sur nos réseaux



Une réflexion au sujet de « En Seine-Saint-Denis : punition collective pour les habitants »

Les commentaires sont fermés.