Températures d’enfer et tourisme du désastre


«L’humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre»
Walter Benjamin


Photos de touristes américains se prenant en photo, tout sourire, devant la température de la Vallée de la Mort qui atteint jusqu'à 56°C

«Il y a de fortes chances pour que nous connaissions au mois de juillet les températures mondiales les plus élevées depuis 120.000 ans» vient de déclarer le professeur Bill Mc Guire, climatologue et vulcanologue. Pourtant, nous vivons sans doute l’été le plus frais du reste de notre vie.

En Grèce, des incendies de forêt causés par la canicule et des vents violents ravagent la région d’Athènes. Plusieurs stations balnéaires ont déjà été évacuées ce mardi 18 juillet.

L’aéroport international du golfe Persique en Iran a signalé un indice de chaleur de 66,7°C à 12h30 le 17 juillet. La combinaison d’une température de l’air à plus de 40°C et d’une humidité élevée, à proximité de la mer la plus chaude de la planète, a créé une température ressentie au-delà des limites possibles de survie du monde animal.

Au Kosovo, les températures avoisinent les 40°C. Les gardiens d’un sanctuaire forestier pour les ours ont placé des fruits et légumes congelés dans les arbres pour leur permettre de se rafraîchir.

À Sanbao, en Chine, le pays a enregistré sa température la plus élevée jamais enregistrée, culminant à 52,2°C.

L’Espagne est en alerte «extrême» de canicule, avec des chaleurs jusqu’à 44°C. Le sud du pays se transforme peut à peu en désert, et pourrait devenir inhabitable dans les prochaines décennies.

En Corse comme dans le sud de la France, il fait plus de 40°C. L’eau de la Méditerranée pourrait atteindre 30°C par endroits, bouleversant les équilibres du vivant, dans cette mer qui concentre une très grande biodiversité marine.

Dans la Vallée de la mort en Californie, la température a dépassé les 56°C. Des dizaines de touristes ont fait le déplacement pour se photographier devant le thermomètre qui s’affole, en rigolant. Une expérience «exciting» et «nice» disent ces touristes du désastre à la presse. Dans le pays le plus pollueur au monde, dont le mode de vie insoutenable a contaminé la planète, des habitants s’amusent du chaos climatique.

Les vols en avions devraient doubler d’ici 10 ans, des navires de croisière toujours plus gigantesques sortent des chantiers, les jets privés et les yachts continuent de voir leurs ventes exploser, et le ministre de l’agriculture français trouve les températures normales.

Walter Benjamin avait raison. L’humanité est désormais suffisamment aliénée pour ne plus s’alarmer de l’effondrement de son propre environnement, du bouleversement du monde qui l’entoure. Comme dans «Don’t Look Up», elle s’en amuse même. Comme fascinée par le spectacle de sa propre destruction.

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