Le 10 juillet dernier, un corps était repêché dans un canal de Dijon : celui de Check Camara, disparu trois jour plus tôt alors qu’il était poursuivi par la police
En ce début de mois de juillet, après l’exécution de Nahel par un motard à Nanterre, la France a connu un déchaînement de violences policières particulièrement racistes. C’est dans ce contexte que, après une altercation avec un automobiliste dont on ne connaît pas les détails, Check se retrouve poursuivi par la police. Une vidéo diffusée par Dijon Actualités montre le jeune homme de 18 ans marcher le long du canal alors que des policiers lui ordonnent de s’arrêter. Ce sont les dernières images connues de Check.
Depuis, sa famille et ses ami-es se mobilisent pour comprendre ce qu’il s’est passé. Si le rôle des policiers est incertain, il est sûr que la manifestation de la vérité ne passera pas par eux. Dijon Actualités a interrogé la compagne de Check : après la vidéo « la police aurait stoppé la poursuite, ayant été appelée sur une autre intervention place Darcy”. Elle poursuit : “Ils m’ont ensuite dit qu’il serait ressorti derrière la Cité de la Gastronomie et du Vin car ils ont vu des traces de pas. Ils m’ont indiqué qu’il aurait été vu par un agent de sécurité au jardin de l’Arquebuse, puis qu’il n’y avait plus aucune trace de Check”.
Problème : les agents de sécurité en question n’ont jamais vu Check, et les policiers ont ensuite déclaré s’être « trompé ». De plus une chaussure a été retrouvée par la police une dizaine de mètres avant le Pont du 1er Mai, or sur la vidéo Check a encore ses deux chaussures : est-il revenu en arrière vers les agents avant de tomber ? Les agents ont-ils déplacé la chaussure pour se couvrir de quelque chose ? Auquel cas : de quoi ? Le trouble autour de la situation et le départ de la police de la scène a poussé la famille à déposer plainte contre X pour « omission de porter secours à personne en danger », et lance un appel à témoins pour aider à la manifestation de la vérité.
Une mobilisation pour la vérité et la justice a eu lieu le 29 juillet où plus de 200 personnes se sont réunies pour défiler dans les rues de Dijon. Les artères de la ville résonnaient au son de « Justice pour Check », et l’oncle de la victime, Allassanne Doumbia, déclarait à la presse : «On veut savoir ce qu’il s’est passé. On veut des réponses».
De son côté le parquet semble jouer la montre : «En l’état, rien ne permettait de mettre en cause les services de police». Le procureur a confirmé le dépôt de plainte de la famille de Check Camara mais refuse de communiquer publiquement les conclusions de l’autopsie, à savoir si celle-ci «avait confirmé ou infirmé la thèse de la noyade et s’il y avait eu des coups et blessures».
Alors que les circonstances de la mort de Check sont troubles, pourquoi les autorités cachent-elles les résultat du rapport d’autopsie à la famille ? Alors que des éléments sérieux laissent imaginer un tout autre scénario que les premières déclarations des agents, quel est le véritable degré d’implication de la police dans la mort de Check Camara ?
En juillet 2012, un homme poursuivi par la police meurt noyé dans la Marne. En septembre 2020 un cousin d’Adama Traoré se noyait dans la Seine à Marly-le-Roi dans des circonstances similaires. En avril 2022, un jeune de 22 ans se serait jeté dans la Seine pour échapper à la police avant de se noyer dans le Val-d-Oise. Ce ne sont que quelques exemples de drames survenus après une course poursuite avec la police. À chaque fois les policiers sont protégés. Les agents n’ont jamais à répondre de leur implication ou de leur responsabilité auprès des familles des victimes. L’affaire Check Camara ne semble pas échapper à cette logique mortifère et à l’impunité policière organisée.
Si vous avez des informations qui pourraient aider à la manifestation de la vérité, vous pouvez aider la famille en écrivant à gauthiermanon21@gmail.com
Solidarité avec la famille de Check Camara !