Ce vendredi 8 septembre prochain, se tiendra à Niort un procès fleuve contre le mouvement d’opposition aux méga-bassines. Alors que sept porte-paroles de la CGT, Solidaires, Bassines Non Merci, Confédération Paysanne, des Soulèvements de la Terre et deux militant.es seront jugés, se tiendra un rassemblement d’ampleur pour la liberté de manifester et pour la poursuite des mobilisations contre les méga Bassines.
Ce vendredi, un tribunal dont le parti-pris décomplexé est désormais établi sera appelé par le parquet à continuer d’étouffer le mouvement populaire pour la défense de l’eau, à condamner lourdement entre autre pour le fait d’avoir organiser des manifestations, et à dédouaner l’État de la répression physique inouïe qu’il a exercé à l’encontre des manifestant.es le 25 mars dernier. Au dehors, ce sont les violences policières, les processus d’accaparement de l’eau et le passage en force irresponsable de l’État et de la coop de l’eau avec le démarrage d’un nouveau chantier de mega-bassines à Priaires qui seront dénoncés et mis à nu.
Ce procès n’est pas le premier. Ces derniers mois, le tribunal de Niort a déjà condamné de nombreux camarades à de lourdes peines de sursis assorties d’interdictions de territoire parfois pour de simples présences lors de manifestation. Cet été – le 27 juillet – le dernier procès en date avait des airs de mascarade parodique. Il y avait notamment trois accusés : le présumé «moine de lutz», un «lapin rose» et un militaire. Trois manifestants costumés accusés d’avoir ramassé, le 25 mars dernier, des képis et autres gilets de gendarmes négligemment abandonnés par ces derniers. Le supposé «moine» avait alors fait de la prison préventive dans l’attente du jugement. Il a été condamné à une peine de bracelet électronique. Tout ça pour un graffiti et une vague histoire de récupération de fripes ! Les autres camarades ont écopé de peines de sursis.
Depuis 2021, la multiplication des manifs-actions et des gestes de désarmement a fait monter en puissance une lutte devenue aujourd’hui nationale et internationale. La répression policière et judiciaire s’est accrue mais n’entame nullement notre détermination. Nous continuons de nous défendre : sur le terrain contre les travaux, comme à la barre contre les procureurs et les fantasmagories accusatoires de la machine policière.
Nous commençons à bien connaître le tribunal de Niort. En ce qui concerne les bassines, la cour suit systématiquement les réquisitions du procureur. Les audiences sont bâclées. Très courtes, elles amalgament de nombreux inculpés pour des dossiers disjoints ; si bien qu’à la fin, les derniers sont jugés à minuit à la va-vite. Dans l’histoire des procès bassines, jamais la cour n’a jugé bon de se donner un délai pour délibérer. Elle expédie ses jugements le jour même. Ces automatismes conduisent à s’interroger sur l’exercice plein et entier du doute par des magistrats locaux dans un territoire mis sous tension par les conflits d’usage autour de l’eau.
Le procès du 8 septembre ne déroge pas aux drôles d’habitudes du tribunal de Niort. 9 accusés dans 7 affaires différentes seront jugés en une après-midi ! Vol de canalisation d’irrigant lors printemps maraîchin en mars 2022, participation à des groupements «en vue de commettre», refus de fichage, organisation des manifestations de Sainte-Soline le 29 octobre 2022 et le 25 mars 2023, etc. Le seul point commun entre ses affaires ? La criminalisation de la lutte contre les méga-bassines.
Ce qui est historique dans ce procès, c’est que les portes paroles des syndicats CGT, Solidaires, Confédération Paysanne, ainsi que des mouvements Bassines Non Merci et Soulèvements de la Terre soient poursuivis pour organisation de manifestation interdite. Avec la politique préfectorale d’interdiction systématique et les poursuites contre les organisateurs présumés, l’objectif de la préfecture et du parquet est d’étouffer purement et la contestation anti-bassines en abolissant les manifs par arrêtés et décision de justice.
Depuis des années, les opposant-e-s réclament une suspension des travaux afin d’ouvrir un véritable débat sur l’usage et le partage de l’eau le temps que les recours administratifs et européens soient instruits et qu’un nouveau diagnostic scientifique soit établi. Mais l’État préfère le fracas des grenades et le bruit des pelleteuses. Il préfère ériger des fortins pour «empêcher l’accès au chantier quel qu’en soit le coût humain» comme l’ont démontré les observateurs de la LDH dans leur rapport sur Sainte Soline. Il préfère mutiler et tirer à vue pour le seul intérêt de la FNSEA et de 6 % des exploitants agricoles des Deux Sèvres, plutôt qu’œuvrer à la sauvegarde vitale de l’eau comme commun. Il l’a encore démontré il y a quelques jours à l’agence de l’eau. Son mépris envers BNM, la Confédération Paysanne, et les associations environnementales est la cause de cette tension. Nos manifestations n’en sont que la conséquence. Les mêmes causes continueront de produire les mêmes effets.
À l’heure où débutent à Priaires les travaux pour la construction d’une troisième méga-bassine, nous appelons à un rassemblement massif à Niort, place de la Brèche à 10h30 en soutien aux inculpés. Nous y ferons le procès à ciel ouvert des méga-bassines et de la violence policière. Nous y ré-affirmerons notre détermination à enterrer ce projet. Les interdictions de manifester et la condamnation de quelques porte-paroles n’y changeront rien. Ce mouvement populaire va s’amplifier et continuer de lutter de manière inventive et offensive jusqu’à l’abandon définitif des projets de méga-bassines.
Quoi qu’il advienne le 8 septembre, nous nous retrouverons bientôt sur le terrain, contre l’accaparement de l’eau par le complexe agro-industriel et pour la défense de l’agriculture paysanne. Ensemble, nous ferons justice pour la terre et l’eau.
Le déroulé de la journée :
➡️ Début du rassemblement : 10h30 place de la brèche à Niort et prise de parole des prévenus
➡️ 11h : conférence de presse
➡️ 13h30 : entrée dans le tribunal
➡️ Dehors : débats, prises de paroles en présence de soutiens politiques et syndicaux nationaux
➡️ 19h : concerts
Toutes les infos sur le site des Soulèvements de la Terre : https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/niort-8-septembre-mega-bassines-et-maxi-proces
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