Chaque fin d’été, c’est l’effervescence dans le vignoble qui produit le Champagne. Ce vin symbole du luxe dans le monde entier et incarnant le «patrimoine français» est le produit de la souffrance de travailleur-ses agricoles. Et parfois, de leur mort. Alors que la première semaine de septembre a été marquée par des températures caniculaires, au moins quatre ouvriers travaillant dans les vignes de Champagne sont décédés. Le 6 septembre, par plus de 32°C, un quarantenaire est tombé, victime d’un arrêt cardiaque. Puis trois autres vendangeurs les jours suivants. Pas un mot du gouvernement sur cette série de décès, terriblement symboliques.
Avec un ratio de 3,5 accidents mortels pour 100.000 salariés, notre pays est en tête du nombre de morts au travail dans l’Union Européenne qui s’élève en moyenne à 1,7 pour 100.000. Déjà trop. C’est aussi le seul pays où le nombre d’accidents du travail mortels continue d’augmenter. Ce nombre est passé de 537 en 2010 à 803 en 2019. Mais les autorités, qui communiquent massivement sur le moindre petit bobo subi par un policier se gardent bien de parler des centaines d’ouvriers agricoles, maçons ou éboueurs qui meurent prématurément à cause de leur labeur.
Pire, une députée a le bon goût, en pleine hécatombe en Champagne, de réclamer le travail forcé dans les vignes : Valérie Bazin-Malgras, élue Les Républicains de l’Aube, le territoire où est produit ce vin pétillant. Avant, elle était dirigeante de magasins à Troye puis directrice de la firme Villeroy & Boch. Elle est aussi vice-présidente de «Génération entreprises et entrepreneurs», un lobby qui veut un «rapprochement » entre les parlementaires et les patrons. La HATVP, l’autorité chargée de veiller à la transparence sur le patrimoine des élus, a dénoncé la «sous-évaluation» de ses revenus. Valérie Bazin-Malgras est aussi réserviste de gendarmerie. La caricature d’une macroniste libérale et autoritaire.
Cette élue riche et répressive veut donc obliger les allocataire du RSA à aller trimer dans les vignes. Les gueux au travail forcé pour produire du Champagne pour le plaisir de sa classe. Et tout cela alors que des vendangeurs meurent à la tâche. Difficile de faire plus indécent et plus symbolique de l’époque.
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