Désintox de la propagande de guerre
L’image a massivement circulé sur les réseaux sociaux : un soldat de l’armée israélienne pose avec un drapeau arc-en-ciel, symbole de la paix mais aussi de la communauté LGBTQ+, sur les ruines de Gaza. Il est écrit dessus «Au nom de l’amour» alors qu’au second plan, on aperçoit des maisons palestiniennes dévastées. Une autre photo, encore plus explicite, montre un soldat avec un drapeau mêlant l’étoile de David de l’État hébreu et l’arc-en-ciel devant un tank.
Ce mardi 14 novembre, la chaîne de propagande pro-israélienne BFM parle d’une «image très symbolique qui fait le tour du monde» et «envoie un message direct au Hamas concernant la cause de la communauté LGBT». La présentatrice souligne que «les personnes LGBT sont persécutées» à Gaza, puis un israélien témoigne à l’antenne : «on a réussi pour la première fois dans l’histoire à arborer le drapeau LGBT à Gaza. Moi je suis gay et je vis librement au Moyen Orient, ce n’est pas possible tant que le Hamas existe». Cette opération vise à justifier les massacres en cours dans les opinions «progressistes» occidentales. Voici trois arguments pour y répondre :
Premier mensonge
Comment peut-on prôner la «tolérance» et «l’amour» sur le cadavres de milliers de civils dont 5000 enfants ? En réalité, cette communication recycle un vieux mythe colonial : celui d’une armée occidentale qui massacre les indigènes, mais au nom de «valeurs libératrices». La France a fait ça pendant très longtemps.
Souvenez-vous : la République française a envahi et colonisé de nombreux pays au nom des «valeurs universelles des Lumières». Les belles idées des droits de l’Homme servaient de prétextes pour tuer et opprimer des populations entières, pour les «civiliser» au nom d’idées supérieures. Plus récemment, les USA ont attaqué l’Irak pour y exporter la «démocratie». Sauf qu’on n’installe jamais ni la tolérance, ni les droits de l’Homme, ni la démocratie avec des obus et des canons.
Deuxième mensonge
Israël tue actuellement des milliers de Gazaouis, et parmi eux des personnes LGBT. Les quantités colossales de bombes larguées par avions ou par drones, les frappes massives et indiscriminées ne «libèrent» évidemment par les éventuelles minorités vivant dans l’enclave palestinienne. Elles les tuent. Comme le reste de la population. Elles rajoutent de la souffrance à la souffrance.
Troisième mensonge
Cette opposition entre les «obscurantistes religieux du Hamas» et la «démocratie éclairée et progressiste» d’Israël n’existe plus depuis longtemps. Ceux qui sont actuellement au pouvoir en Israël font partie de l’extrême droite raciste, militariste… et violemment homophobe.
La coalition de Netanyahou arrivée au pouvoir l’an dernier comptait des partis religieux ultraorthodoxes, notamment Shas et Yahadout Hatorah, l’extrême droite suprémaciste Otzma Yehoudit qui signifie «Pouvoir juif» ou encore des courants ouvertement homophobes.
Par exemple le parti Noam du député Avi Maoz. Cet homme, intégriste religieux, est ouvertement anti-LGBT et veut interdire les marches des fiertés en Israël et rétablir les thérapies de conversion pour personnes homosexuelles.
Bezalel Smotrich, du parti «Sionisme religieux», actuellement ministre des finances, est un suprémaciste messianique. Il a déclaré : «Nous [les juifs orthodoxes] voudrions tous que l’État d’Israël soit dirigé selon la Torah et la loi juive». Il rêve donc d’un État théocratique, comme Daesh. Il se décrit également comme un «fier homophobe». Voilà qui dirige ce pays… Entre autres ministres fascistes.
Ces gens appartiennent à un courant politique : le Kahanisme, qui rêve de créer Eretz Israël, le «grand Israël» tel que décrit dans la Bible, ce qui implique l’implantation juive en Cisjordanie, dans la Bande de Gaza et bien au-delà, car selon eux c’est la terre que Dieu leur a promise… La colonisation est pour eux un commandement divin. Comme la haine des minorités sexuelles d’ailleurs. Une idéologie qui ne peut que reposer sur la guerre et la discrimination.
Pinkwashing et propagande
«Pro-LGBT» pour le public occidental, homophobe et ultra-religieux en Israël : ce gouvernement manie la propagande et le double discours.
Netanyahou déclarait déjà en 2011 devant le Congrès américain que le Moyen Orient est «une région où les femmes sont lapidées, les homosexuels pendus, les chrétiens persécutés»… sauf en Israël. Ainsi, les «civilisés» aux valeurs occidentales devraient être soutenus au milieu des «barbares».
Depuis 15 ans, Israël investi des sommes colossales pour se donner une image «LGBTQ+ friendly». En 2011, le ministère du Tourisme débloquait 11 millions de sheckel pour «promouvoir le tourisme gay en Israël», et des campagnes destinées à montrer «l’ouverture» du pays aux minorités sexuelles bénéficient d’importantes subventions. L’homosexualité n’y est pourtant légale que depuis 1988. Et le mariage pour les personnes de même sexe n’y est toujours pas autorisé…
Le 5 novembre dernier, les comptes officiels de l’État israélien sur les réseaux sociaux ont même diffusé un sketch présentant des caricatures LGBT-phobes et islamophobes. On y voyait des étudiants LGBTQ+ de la «Columbia Untisemity», présentés comme des jeunes décérébrés à piercings et cheveux colorés, «trop fans du Hamas, c’est grave la mode en ce moment», diplômés en «astrologie queer décoloniale», incapables de comprendre que les palestiniens seraient homophobes par essence. Bref, une caricature identique aux fantasmes «anti-wokes» de l’extrême droite européenne et américaine.
Heureusement la communauté LGBTQ+ est loin d’être dupe de ce pinkwashing, en témoignent l’action de hackers londoniens fin octobre, qui avaient remplacé les publicités du réseau de bus par des messages de Palestiniens queers, ou la réaction du “Coin des LGBT”, une page Instagram très suivie qui dénonce la présence d’un drapeau queer à Gaza et préfère relayer la parole des queers de Gaza.
Mais évidemment, si les médias français expliquaient au public que c’est une extrême droite violemment raciste, homophobe et religieuse qui mène actuellement la guerre contre les palestiniens, cela briserait le narratif opposant «civilisés» et «sauvages terroristes» qui ne méritent que d’être exterminés…
2 réflexions au sujet de « Un génocide LGBTQ+ friendly ? »
Israél fait comme les États Unis, sur un champ de ruines et de massacres ils marquent “in the name of love” sur un drapeau LGBT, comme l’ont fait les États Unis en marquant leurs hélicoptères de guerre et leurs voitures de sports au noms de certains peuples amérindiens qu’ils ont tous tristement décimé :Cherokee, Sioux Cheyenne, Chinook, Navaro.
C’est l’horreur du colonialisme.