La COP 28 sur le climat démarre à Dubaï, sous la direction d’un roi du pétrole


La 28ème conférence des nations unies sur le climat vient de s’ouvrir à Dubaï ce jeudi 30 novembre. L’indécence écocidaire est poussée à un niveau paroxystique.


D’abord parce que la COP 28 se déroule dans la pétro-monarchie de Dubaï aux Émirats-Arabe-Unis. Ce régime théocratique du golfe est le septième producteur mondial de pétrole. La conférence est donc organisée dans un pays largement responsable du changement climatique.

Autre élément ubuesque, le président de la COP 28 est le Sultan Ahmed Al-Jaber. Un dignitaire émirati, lobbyiste et patron d’une compagnie pétrolière nationale, mais pas seulement. Il est aussi le ministre de l’industrie de son pays. Pense-t-on sérieusement qu’un Magnat du pétrole, de surcroît ministre d’un État dont le modèle économique dépend quasi-exclusivement de l’exploitation et de la vente d’hydrocarbures, a quelque intérêt à freiner les émissions de gaz à effets de serre et les changements qu’il engendre sur le climat ?

Le Sultan Al-Jaber est à la tête d’un énorme groupe : l’ADNOC, «Abu Dhabi National Oil Company». Depuis qu’il dirige l’entreprise d’énergies fossiles, la production de pétrole brut devrait atteindre 5 millions de barils par jour d’ici 2030. Ce chiffre équivaut à augmenter de 1,6 fois la production quotidienne de l’État du golfe qui est de l’ordre de 3 millions de barils/jours aujourd’hui.

Al-Jaber proposait en 2021 d’investir «600 milliards de dollars tous les ans dans le pétrole jusqu’en 2030, pour satisfaire la demande énergétique mondiale». Le Sultan est aussi un proche du patron du grand groupe énergétique français Total, Patrick Pouyanné. Un patron vorace, qui s’était augmenté son salaire de plus de 50% en pleine crise des énergies. En 2022, les deux hommes se rencontraient, sous l’égide de Macron qui, rappelons-le, annonçait lors de la campagne 2022 : « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas ». Lors de cette rencontre, un accord historique était signé entre Total et le groupe Abu Dhabi National Oil Company. Un contrat visant à développer l’exploitation de gaz et de pétrole aux Émirats-Arabe-Unis en garantissant l’augmentation des livraisons de diesel vers la France. Le climat les en remercie.

Libération écrit ce 30 novembre : «La 28e Conférence des Nations Unies sur le climat s’est ouverte ce jeudi 30 novembre à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. Pour la première fois, les pays feront le bilan de leurs engagements depuis la signature de l’accord de Paris en 2015, pour tenter de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C, voire 2 °C». On va faire simple, aucun accord n’a été respecté, les ventes d’hydrocarbures n’ont jamais été aussi élevées dans le monde et les événements météorologiques violents s’enchaînent à plus haute fréquence et intensité. Nous habitons le désastre parce que les dirigeants n’ont pas levé le petit doigt pour le climat. Pire, les autorités françaises interdisaient et réprimaient les mobilisations lors de la COP 21 à Paris et assignaient des militants écologistes à résidence.

Les engagements pris lors de la COP 21 représentaient un accord historique. À la sortie du 6ème rapport du GIEC en mars 2023, les 1.5°C de réchauffement sont déjà presque atteint. Pour respecter cette limite de 1.5°C, les 20 plus grandes puissances mondiales s’engageaient en 2015 à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 43% d’ici à 2030. En 2023 le résultat est limpide : le G20 a réduit ses émissions de 2%. Pas besoin d’une COP pour comprendre que les pyromanes n’ont pas l’intention d’éteindre l’incendie.

Le journal poursuit : « Accusé de conflits d’intérêts, le président de la COP28 – et PDG de la compagnie pétrolière nationale émiratie – Sultan Ahmed al-Jaber sera scruté de près par les ONG, qui dénoncent l’influence des lobbys des énergies fossiles lors de ces conférences pour le climat ». Sans blague… Pourquoi les organisations qui défendent l’environnement devraient-elle s’inquiéter ? Un dirigeant d’une industrie fossile, préside la 28ème conférence des nations unies sur le climat, conférence organisée dans un État qui est le septième producteur mondial de pétrole. Qu’est-ce qui pourrait pousser les ONG à cette défiance généralisée ? On se le demande.

La COP 28 est aussi le théâtre d’une foire au lobbying. En effet, le cabinet McKinsey, qui conseille les pires groupes pétroliers du monde, fournit aux Émirats les études sur lesquelles se basera la COP 28. Problème : ces documents viennent contredire les objectifs des COP précédentes. Le même cabinet de conseil impliqué dans la casse notre système de retraites a joué un rôle déterminant dans l’ébauche de la réforme du gouvernement.

Les puissances mondiales nous font une nouvelle fois la démonstration d’être les spécialistes de la supercherie. La mise en scène a un côté tragi-comique. Cette gigantesque farce pourrait prêter à faire rire, si la situation n’était pas aussi catastrophique pour tous les écosystèmes. Vite : la révolution avant qu’il ne soit trop tard.

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