Lyon : des personnes solidaires de la Palestine agressées et arrêtées devant le salon de l’Alyah


Banalité du mal et des mensonges médiatiques


Le mardi 19 décembre 2023 se tenait à Lyon le salon de l’Alyah, organisé par L’Agence Juive pour Israël. Cet événement, qui se produit à l’abri des regards et sans diffuser son adresse, a pour objectif d’aiguiller les candidat-es à la colonisation de la Palestine dans leurs démarches pour s’installer là où vivent déjà d’autres gens, dans la perspective assumée de les y remplacer. En hébreu, l’Alyah signifie «ascension» ou «élévation spirituelle» et désigne, pour un juif, le fait d’aller vivre en Israël.

Pour accompagner ces candidat-es à la colonisation, les «Olim» en hébreu, le ministère israélien de l’Alyah fournit une quantité de cadeaux, d’avantages et d’aides financières dont les montants sont listés sur leur site internet. Le «panier d’intégration» à lui seul représente plus de 19.000 shekels (5.000€) pour une personne seule, et jusqu’à 37.000 shekels (9.000€) pour un couple.

Alors que près de 20.000 palestinien-nes, dont près d’une moitié d’enfants, sont exterminé-es dans le bombardement du ghetto de Gaza, la tenue d’un tel événement démontre l’insensibilité et l’immoralité sans limite de ses organisateur-ices.

Ce jour-là, une poignée de personnes sensibles au sort des palestinien-nes a donc décidé de se rendre à proximité du salon de l’Alyah pour dénoncer ces atrocités. Près du bâtiment, une vingtaine d’hommes aux visages dissimulés étaient chargés de sécuriser l’événement. À l’étude des articles publiés au lendemain de l’événement, il est permis de croire qu’il s’agit du groupement d’extrême-droite sioniste Ligue de Défense Juive (LDJ). Le petit groupe de sympathisant-es de la cause palestinienne choisit donc de ne pas manifester avec bruit et de se contenter de tenir des pancartes et des drapeaux palestiniens sur le trottoir en face de l’événement.

Les messages des pancartes ont été choisis pour ne pas permettre d’amalgame sur la clarté politique des motivations du piquet de protestation : «Stop au génocide», «Liberté pour la Palestine», «Stop à la colonisation», etc. Les miliciens du salon ont immédiatement agressé leurs détracteurs, en arrachant leurs pancartes, en lançant des coups de pieds et de poings dans leur direction.

Un membre de la milice sioniste a aspergé de gaz lacrymogène l’un des manifestant-es au visage, aveuglant au passage l’un des ses collègues, qui est tombé au sol dans la foulée. Le reste des manifestant-es s’est alors enfui pour se débarrasser de ses agresseurs. Ils se retrouvent nez à nez avec une trentaine d’agents des forces de l’ordre (BST, CDI…) qui arrêtent six d’entre eux et elles.

Lors du contrôle, une demi-douzaine de membres de la milice sioniste filment, insultent et menacent les six personnes contrôlées, sans que les policiers ne les fasse partir, ni ne les contrôlent. Au contraire, ils recueilleront par la suite les plaintes mensongères de deux des agresseurs, qui viendront nourrir la procédure judiciaire ouverte contre les personnes interpellées, alors même qu’aucun élément ne permettent de caractériser les faits de violences qui leur sont imputés à tort.

Rappelons que le 11 décembre 2023, toujours à Lyon, une conférence pour la Palestine avait été violemment attaquée par un groupe armé fasciste à l’aide de barres de fer, de mortiers d’artifices et de bouteilles en verre, blessant sept personnes dont trois ont dû être hospitalisées, sans que la police ne soit aussi prompte à intervenir pour arrêter les agresseurs avérés. À la place, ce sont les participant-es à la conférence qui ont été injurié-es par la police et menotté-es pendant 45 minutes alors qu’ils et elles se trouvaient à l’intérieur du local associatif.

Et au tour de la presse, notamment le Figaro et Progrès, de donner crédit aux mensonges éhontés des agresseurs, en parlant d’une «attaque» du salon de l’Alyah par une «cinquantaine» de membres de la «mouvance d’ultra-gauche» qui auraient tenté de «s’introduire dans le bâtiment de l’événement» avant qu’une «bagarre n’éclate avec les forces de l’ordre et les membres de la sécurité privée». Les forces de l’ordre auraient ensuite «mis fin à cette bagarre». Tout est faux.

L’enquête de police quant à elle révèle que les agresseurs sionistes ont eu l’indécence de déposer plainte et de déclarer avoir été attaqués à l’aide de 4 «matraques télescopiques» et de «gaz lacrymogène», tout en ayant subi les insultes «sales juifs» et «mort aux juifs». Il est sidérant de voir comment les déclarations mensongères d’un groupe ultra-nationaliste assumé fait office de vérité juridique et médiatique, alors même que plusieurs informations sont objectivées par les faits.

En attendant, six personnes se sont vues priver de liberté, prélever leurs empreintes digitales et génétique et saisir leurs téléphones. Relâchées sans explication après 24 heures de garde-à-vue, leurs téléphones restent entre les mains d’enquêteurs non identifiés. L’une des personnes interpellées est une ressortissante syrienne, conjointe d’un français, qui vit depuis le mois d’octobre avec la douleur permanente de voir son peuple (au sens large) exterminé par Israël.

Au fond de son sac à dos, les policiers ont trouvé un petit spray de gaz poivre (OC) de 9 cm, neuve et non utilisée, comme en portent avec elles des milliers de femmes constamment harcelées et violentées dans une société profondément sexiste et misogyne. La jeune femme, encore choquée par ces mesures prises à son encontre, demande aux communautés féministes et intersectionnelles de bien vouloir lui montrer du soutien, en affirmant haut et fort qu’un spray lacrymogène constitue un moyen minimal de se protéger en tant que femme.

Il faut que les poursuites contre les 6 soient abandonnées et que leurs téléphones leurs soient rendus sans tarder !


Sources :

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