«Gabriel dans la Bible c’est la force de dieu, le bras armé de dieu pour protéger dieu contre les anges rebelles. Il est missionné pour protéger dieu c’est-à-dire Macron».
Ce sont les mots de Christophe Barbier le 10 janvier 2024 sur le plateau de BFM TV, en direct. Si un chroniqueur au service de Poutine comparait les dirigeants russes à dieu sur une chaîne d’État, le monde entier en rirait tellement ce serait délirant. En France, c’est la normalité médiatique quotidienne. Gabriel Attal n’est pas un parvenu, devenu ministre par cooptation, c’est un envoyé divin. Ce propos s’inscrit dans un matraquage absolu pour faire rentrer dans les esprits que le chouchou du couple Macron serait brillant, génial, et présidentiable en 2027.
Mais qui peut bien déifier nos gouvernants sans exploser de rire ? Christophe Barbier. Voilà comment cet homme décrivait son métier, dans les colonnes du Journal du Dimanche en 2017 : «Se confronter au terrain pollue l’esprit de l’éditorialiste. Son rôle est de donner son opinion, d’affirmer ses certitudes, par essence improuvables». «L’éditorialiste est comme un tuteur sur lequel le peuple, comme du lierre rampant, peut s’élever». Le peuple est stupide, il a besoin de Christophe Barbier et de ses amis pour comprendre, pour qu’on lui enseigne leur vérité, LA vérité !
Christophe Barbier pollue depuis 20 ans le paysage médiatique français. Expert en tout, ne maîtrisant aucun sujet, il est payé pour faire reluire le gouvernement sur tous les plateaux télé. En France, des centaines de milliers de personnes sont plus compétentes que lui, ont de meilleures connaissances politiques, ont mené des travaux d’enquête pour commenter les sujets d’actualité. Mais non, c’est Christophe Barbier qu’on invite et qu’on rémunère. Pendant que de vrais journalistes restent dans la précarité.
«Moi j’ai le privilège de donner mon opinion, mes convictions tous les soirs dans une chaîne d’info très regardée. Mais on n’a pas le droit de se plaindre !» explique aussi Christophe Barbier.
Un temps directeur de L’Express, hebdomadaire subventionné par l’argent public, Christophe Barbier publie dès 2012 une couverture avec le titre : «Le vrai coût de l’immigration», illustrée par une femme voilée devant une Caisse d’allocations familiales. Littéralement l’imaginaire d’un tract du Front National.
En 2013, il appelle à déréguler le travail le dimanche et dénonce le «respect stupide du droit». Il veut aussi supprimer une semaine de congés payés aux français, estimant qu’ils travaillent trop peu, et s’oppose à l’égalité salariale homme femme «tout d’un coup».
En janvier 2018, il déclame sur BFM TV une chanson de rap glorifiant Emmanuel Macron, puis fait le poirier. C’est l’apogée de sa carrière de troubadour. En 2019, il affirme ne pas être macroniste mais que ce serait au contraire Emmanuel Macron qui serait «Barbieriste». C’est vrai, l’alliance du néolibéralisme, du racisme, du mépris de classe et de l’incompétence était déjà promue par Barbier avant l’élection de Macron.
En 2020, alors que des grèves et des manifestations monstres réchauffent les rues contre la première réforme des retraites de Macron, rejetée par l’écrasante majorité de la population, il crie sur BFM, comme possédé : «les français sont profondément convaincus qu’il faut passer à la retraite par points !»
En mars 2022, après le déclenchement de la guerre en Ukraine, il appelle carrément à annuler les élections pour reconduire Macron sans vote : «Est-ce qu’on change de président dans un moment de telle tension ? Est-ce que cette élection, ce reste de campagne, ne vont pas être escamotées et remplacées par une forme de reconduction du président actuel au nom d’une stabilité nécessaire ? Est-ce qu’on doit faire l’impasse sur cette échéance 2022 en reportant à plus tard nos affrontements politiques démocratiques et en faisant preuve d’une sorte d’union nationale qui annulerait cette élection ?» Le macronisme est le camp de la modération et de la République…
En 2023, lors du procès de Sarkozy, il vole évidemment au secours de l’ancien président mafieux, dénonçant «un réquisitoire excessif».
À présent, il est rédacteur en chef du journal Franc tireur, une feuille réactionnaire dont le combat est de «dénoncer» les «ennemis des valeurs républicaines», et publiant les billets d’humeurs d’idéologues macronistes et d’extrême droite.
Voilà le pedigree des «faiseurs d’opinion» en France. Ne nous étonnons pas d’avoir un gouvernement aussi infecte et d’une montée continue du fascisme : ce sont eux les responsables.
La monarchie n’a jamais été abolie, et la cour du Roi se trouve désormais sur les plateaux télé. Elle est encore plus soumise, rampante et flatteuse à l’égard du pouvoir que le dernier des bouffons de Versailles.
Une réflexion au sujet de « Attal envoyé de Dieu ? »