Au tribunal de Limoges : un procureur mis en cause pour des propos sexistes


Le Procureur de la République de Limoges, Baptiste Porcher, mis en cause pour des faits pouvant être qualifiés d’outrages sexistes et de harcèlement sexuel


Six collaboratrices au parquet de Limoges ont témoigné de «propos graveleux, sexistes et de regards déplacés sur leurs poitrines». Une auditrice de justice rapporte ainsi les propos du procureur à son égard déclarant qu’«elle serait capable de passer sous le bureau pour obtenir un stage». Ces comportements ayant mené à la dépression et la demande de mutation en urgence d’une jeune magistrate. Une enquête administrative de la part de l’inspection générale de la Justice (IGJ), pour d’éventuels manquements d’ordre déontologique a été ouverte. Le procureur a été entendu début février 2024 lors d’une audience disciplinaire devant le Conseil Supérieur de la Magistrature.

Le magistrat reconnaît faire des «blagues» mais nie toute misogynie dans ses propos, se cachant derrière un soit disant «second degré» et «humour noir», déclarant que «quand on est à la permanence [d’un parquet], on a l’horreur tous les jours. C’est une façon de prendre de la distance»…

Prendre de la distance en imposant donc à ses collègues sexisées les mêmes violences sexistes dont les témoignages pleuvent chaque jour au sein de la permanence du Parquet ! Dès lors, il est facile de comprendre pourquoi l’immense majorité des affaires de violences sexistes n’ont pas de suite. Comment s’étonner du chiffre aussi ahurissant de 80% de classement sans suite en matière de violences sexuelles et sexistes ?

Le sexisme est tout aussi répandu dans la magistrature que dans toutes les autres sphères de la société. La différence, c’est que ces fonctionnaires se disent formés sur les questions de discriminations et ont une responsabilité énorme dans le traitement judiciaire de ces affaires, sur la crédibilité accordée aux victimes et sur l’impunité dont bénéficient les auteurs. Ils ont le pouvoir de classer et de faire taire les victimes.

En poste depuis début septembre 2020 à Limoges, le magistrat exerce ses fonctions depuis près de 20 ans aujourd’hui. Il déclarait, dans un article du Populaire, au moment de sa nomination : «Un parquet, ce n’est pas une démocratie. C’est au pire une dictature, au mieux, une monarchie éclairée». Ce charmant monsieur aurait aussi déclaré : «Les femmes doivent rester a la maison».

Le procureur faisait déjà l’objet d’une enquête administrative depuis août 2022, suite à deux plaintes d’une magistrate et d’une jeune auxiliaire de Justice. Selon les informations recueillies par France 3, la «Procureure Générale, supérieure hiérarchique des trois procureurs de la République en Limousin, informée de ces propos inappropriés, lui renouvelait sa confiance professionnelle mais lui avait tout de même adressé un avertissement disciplinaire». Selon les informations de France 3, le magistrat Baptiste Porcher aurait également été mis en cause dans des affaires similaires «lors de ses précédentes fonctions à Laons (28) sur le malaise que pouvait créer son humour grivois et autres blagues salaces». Une carrière entière, donc, à faire subir des outrages sexiste à ses collègues, au sein même du ministère public, en toute impunité.

Une décision devra être rendue le 12 mars. La sanction demandée est la mutation dans une autre juridiction et le retrait de sa fonction de procureur, mais celui-ci pourrait continuer d’exercer comme magistrat à d’autres postes, notamment au siège, comme juge. Une sanction disproportionnée selon l’avocat du procureur qui rétorque que si son client se voit sanctionner «il faut aussi poursuivre le Garde des sceaux, Eric Dupont-Moretti !» Chiche !

Le ministre de la justice a en effet déjà été l’auteur de déclarations «inappropriées» et «sexistes» publiquement. La société des journalistes (SDJ) de plusieurs médias, «dont BFM-TV et TF1» (c’est pour dire), avaient ainsi «condamné» les déclarations du ministre le mardi 29 août 2023 à la suite d’une manifestation féministe à Aurillac.

Des faits qui sont loin d’être anecdotiques selon le média Madmoizelle, qui fait état de «nombreuses sorties sexistes» tout au long des dernières années et d’une «misogynie décomplexée». Lors du mouvement #metoo, il avait ainsi qualifié certaines victimes de «follasses». L’actuel Ministre avait également défendu le droit au harcèlement de rue en estimant que certaines femmes «regrettent de ne plus être sifflées». Et les exemples sont encore nombreux.


Cette nouvelle affaire aura bien du mal à encore croire en l’Institution judiciaire et à la fin de l’impunité des hommes auteurs de violences sexuelles et sexistes, il ne faudra rien attendre de la Justice elle-même !


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Une réflexion au sujet de « Au tribunal de Limoges : un procureur mis en cause pour des propos sexistes »

  1. Il me semble qu’il y a une erreur au sujet de Baptiste Porcher, procureur graveleux. Je pense qu’il était au tribunal de Laon (préfecture de l’Aisne 02) et non de Laons 28, charmant village d’Eure-et-Loir. Mais je vous aime bien, continuez !

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