C’est une nouvelle opération de manipulation de grande ampleur qui est organisée depuis 3 jours pour salir le combat en faveur de la cause palestinienne.
Le 12 mars, une journée de mobilisation était organisée dans diverses universités pour soutenir Gaza. Dans l’élitiste établissement de Science po Paris, un amphithéâtre était occupé pendant quelques heures, et paré aux couleurs de la Palestine.
Intolérable pour le pouvoir et les relais de l’État israélien en France, qui ont lancé des accusations d’antisémitisme. France Info a écrit que «des propos à caractère antisémite ont été proférés lors d’un rassemblement pro-palestinien au sein de Sciences Po Paris», puis Le Parisien, «qu’une étudiante juive a été empêchée d’accéder à une conférence pro-Palestine», le Premier Ministre a saisi la justice, la chaîne d’extrême droite Cnews s’est exclamée : «y a trop d’étrangers à science po». Un emballement écœurant.
En 48 heures, la baudruche s’était déjà dégonflée. L’étudiante juive prétendument exclue a elle-même reconnu qu’elle n’a pas entendu quelqu’un dire qu’elle était juive, ni même sioniste : «Je ne l’ai pas entendu moi-même. Mais quelqu’un m’a dit qu’un participant avait lancé…», qu’elle a finalement pu rentrer dans la salle mais qu’elle en est sortie d’elle-même. Selon des témoins, elle avait en fait été mal accueillie car elle prenait en photo les participant-es, les mettant ainsi en danger.
Cette opération rappelle le prétendu tag “antisémite” aperçu devant une fac de médecine en novembre, et dénoncé jusqu’au sommet de l’État. Il était en réalité écrit «Fuck antisémitisme, free Palestine». La députée macroniste Caroline Yadan avait estimé que «”Fuck antisemitisme” veut dire ici ”J’emmerde ceux qui lutte [sic] contre l’antisémitisme parce que je revendique l’être”». De même, les étoiles de David de couleur bleues inscrites en octobre sur les murs de Paris par un homme d’affaire moldave disant soutenir Israël. Une affaire manipulée par les médias et Gérald Darmanin pour dénoncer “l’ultra-gauche et les islamistes” !
Dans ce contexte d’inversion systématique, de destruction des repères et de démolition de la vérité, des étudiant-es juifs et juives de Science-Po ont rédigé une tribune, se disant «effaré-es de la tournure récente des événements et de l’emballement médiatique et politique qui a suivi».
La voici :
«Nous refusons d’être instrumentalisé-e-s pour servir la répression des voix palestiniennes, et avons écrit une tribune dans ce sens.
Mardi 12 mars au matin a eu lieu une mobilisation d’étudiant-e-s engagé-e-s contre les massacres de masse systématiques en cours sur la bande de Gaza et l’occupation par Israël des terres palestiniennes. Sur la base de récits approximatifs, un emballement médiatique et politique démesuré a suivi pour accuser ces mobilisations d’antisémitisme. Sciences Po a elle-même saisi le procureur de la République pour des “faits à caractère antisémite”, tandis que l’école voyait la visite du premier ministre et de la ministre de l’enseignement supérieur. En tant qu’étudiant-e-s juif-ves, nous dénonçons cette manipulation politique qui invisibilise notre expérience d’étudiant-e-s juif-ves horrifié-e-s par les horreurs commises contre la population gazaouie. La direction de Sciences Po et les responsables politiques font de nous des cautions pour leur permettre de réprimer la liberté d’expression et les mobilisations pour la justice en Palestine. Nous refusons fermement d’être instrumentalisé-e-s de la sorte. Impliqué-e-s dans les mobilisations étudiantes pro-palestiniennes, nous réfutons les accusations d’antisémitisme menées à leur encontre et nous unissons à leurs côtés.
Les étudiant-e-s juif-ve-s ont fait partie intégrante de la mobilisation en faveur du peuple palestinien, tant sur le campus qu’en dehors, et ce depuis des mois. Le matin de ce mardi 12 mars, plusieurs étudiant-e-s juif-ve-s sont entré-e-s dans l’amphithéâtre Emile Boutmy et ont été présent-e-s pendant toute la durée de la mobilisation. Contrairement aux allégations, nous avons pu entrer dans l’amphithéâtre sans aucune entrave. L’une d’entre nous l’a fait librement, tout en portant autour de son cou l’étoile de David qu’elle porte depuis sa Bat Mitzvah. Elle a porté son collier à l’extérieur de son pull dans l’intention qu’il soit visible, afin que sa présence en tant que femme juive dans l’amphithéâtre soit connue. Une autre d’entre nous a fait une présentation dans le cadre de la mobilisation sur le judaïsme et l’antisionisme. Ironiquement, le cœur de sa présentation était de montrer comment le sionisme instrumentalise l’antisémitisme pour servir ses propres ambitions matérielles. L’altercation à la porte de l’amphithéâtre qui a été si lourdement défigurée par la presse s’est produite au moment où elle donnait sa présentation. À aucun moment de l’événement, nous ne nous sommes senti-e-s intimidé-e-s ou en danger du fait d’une action des organisateur-rice-s ou des autres participant-e-s à quelque titre que ce soit. Au contraire, nous avons été touché-e-s par le fait que nous nous sommes senti-e-s bien accueilli-e-s et inclu-e-s en tant que juif-ve-s pendant toute la durée de l’événement.
Les accusations d’antisémitisme contre les mobilisations pro-palestiniennes à Sciences Po ont été menées en grande partie par l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF), et ce depuis octobre. L’UEJF dit représenter les étudiant-e-s juif-ve-s, nous affirmons que cette organisation ne nous représente pas, ni politiquement, ni religieusement. Sous couvert de lutte contre l’antisémitisme, l’UEJF développe un discours ouvertement hostile à toute revendication pro-palestinienne, et brille par son refus de critiquer la politique criminelle d’Israël. Les étudiant-e-s juif-ves de Sciences Po sont divers, n’uniformisons pas leurs voix. En voulant faire de tou-te-s les juif-ves des soutiens d’Israël, c’est l’UEJF qui porte un discours réducteur, refusant aux juif-ve-s la capacité de se battre pour la justice et mettant en danger tou-te-s les étudiant-e-s qui se battent pour la Palestine. Vider le mot antisémitisme de son sens, comme le fait l’UEJF, met les juif-ve-s en danger et nuit à la lutte réelle contre l’antisémitisme.
Malgré les menaces et les pressions nous continuerons de porter la voix d’une solidarité entre juif-ves et palestinien-ne-s. La lutte contre l’antisémitisme ne pourra jamais se faire au détriment des vies palestiniennes. Vive la Palestine libre ! Tahia Falasteen ! Tri falastin hahouvit ! Lang lebn di freye falestine !»
4 réflexions au sujet de « Intox médiatique à Science Po Paris : des étudiant-es juifs et juives répondent »
J’aimerais savoir ce que pense Alexander Hurst – écrivain/journaliste (pour France 24) et maître de conférences d’origine américaine à Sciences-Po à Paris (où il a été étudiant) – de ce qui s’est passé le 12 mars.
Il est (un) correspondant en europe du journal Le Guardian ou il s’occupe du SAV outre-manche du gouvernement Macron, tout en militant (en même temps) pour une « gauche » plus compatible avec la doctrine économique de l’école de Chicago – la gauche de Manuel Valls et de Raphaël Glucksmann!
Et de Sylvain Tesson, qu’il cite dans son article sur le mouvement contre la réforme des retraites de l’année dernière – ici traduit en français (les commentaires valent le détour): https://www.pauljorion.com/blog/2023/05/04/the-guardian-la-france-a-t-elle-vraiment-sombre-en-enfer-par-alexander-hurst/
Nicolas Dufourcq Director Général de la BPI France et un fan de Hurst « Nous lutons contre ce discours narratif avec Bpifrance! #ChooseFrance » a dit-il sur sa page LinkedIn (en anglais):
https://www.linkedin.com/posts/nicolasdufourcq_has-france-really-gone-to-hell-its-catastrophist-activity-7061981460668276737-2VWV
Hurst écrit souvent dans Le Guardian et ailleurs au sujet de l’antisémitisme – des gilets jaunes, de l’ « extrême » gauche (voir son site – en anglais) http://www.alexander-hurst.com/writing et, surtout, du grand méchant Jean-Luc (Mélenchon).
avez vous transmis ce texte à la rédaction de France Culture qui a répercuté l’intox ici décriée, le 12 ou 13 mars au journal de 18h, avec témoignage larmoyant de feujs se disant “n’être plus en sécurité en France” et “allant à l’école la boule au ventre”?