Poitiers et Nantes : des fresques pour la Palestine effacées


Les soutiens d’Israël ont peur de simples peintures. Dans un pays qui aime scander «Je suis Charlie», certaines expressions artistiques ne sont pas les bienvenues dans l’espace public.


À Poitiers, une fresque dénonçant «75 ans de colonisation» en Palestine et réclamant «Stop génocide» sur un mur d’expression libre, le long d’une route, a été effacée par la mairie écologiste. Les élus de droite et des organisations pro-israéliennes avaient fait monter la pression et saisi le procureur de la République pour exiger l’effacement de cette peinture. La mairie, qui avait d’abord affirmé qu’elle ne toucherait pas au graffiti au nom de la liberté d’expression artistique, a donc cédé et a recouvert le mur.

Cette même mairie estime pourtant que la fresque «n’avait rien d’illégale, mais préfère l’enlever face aux inquiétudes de la communauté israélite» et déclare : «Pour la Ville de Poitiers, garantir un espace public sécurisant pour toutes et tous est aussi une priorité».

Quand, au mois d’octobre, toutes les mairies et bâtiments publics étaient éclairés aux couleurs de l’État israélien qui commettait un massacre et que toutes les manifestations de soutien à la Palestine étaient interdites et réprimées, il n’était pas question «d’espace public sécurisant».


À Nantes, même scénario. Le 19 février, une fresque avec les mots «Palestine vivra» était réalisée sur un mur de graffiti légal connu des nantais, avec un portrait de la militante communiste palestinienne Leïla Khaled. Une semaine plus tard, cette partie du mur, et elle seule, était couverte d’une couche de peinture grise posée par la mairie socialiste, alors que tous les graffitis autour étaient restés intacts.

Il n’a même pas fallu de plainte de la droite, les services municipaux s’étaient chargé de censurer cette œuvre en toute discrétion. La mairie, qui prétend soutenir le street art, avait déjà censuré avec la même peinture grise des fresques dénonçant les violences policières, notamment l’été dernier, en supprimant le mot “Justice” des murs après la mort de Nahel.


En France, la liberté d’expression d’accord, mais seulement si elle ne s’attaque ni à la police, ni au gouvernement, ni au colonialisme.


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