Sur les murs, la Mairie de Nantes censure le mot “Justice”


Absurdistan autoritaire


Depuis deux semaines, les artistes du collectif Black Lines ont réalisé deux fresques contre les violences policières à Nantes, en lien avec la mort de Nahel.

L’une d’elle, peinte le 5 juillet, a tout simplement été interrompue par les autorités locales. Les peintres, qui venaient de commencer leur œuvre représentant des scènes de répression photographiées ces derniers jours en banlieue, ont été encerclés par des policiers. Les agents ont téléphoné au Procureur de Nantes en personne, qui a ordonné l’arrêt de la fresque sous peine d’interpellation pour «outrage». Puis des équipes de la mairie sont venues repeindre le jour même toutes les parties qui avaient été réalisées. Une collaboration police-justice-mairie pour qu’aucune expression visible de l’actualité n’existe.

Une semaine plus tôt, une première fresque avait été réalisée sur l’île de Nantes. Une longue scène surmontée du slogan «Pas de justice pas de paix» et plusieurs phrases pour les victimes de la police.

Cette œuvre avait pu être terminée sans intervention policière. Ce vendredi, la fresque a été censurée par la mairie. De larges bandes de peinture grisâtre recouvrent plusieurs endroits. Par exemple le mot «justice» en hauteur, est devenu un cube couleur béton. Rendons-nous compte de la folie ambiante : la mairie PS envoie une équipe avec de la peinture et des échelles pour effacer la justice !

Les scènes de révolte et toutes les phrases ont aussi été censurées, barrée de gris, par exemple «justice pour Aboubacar» ou «la vérité dérange».

Un artiste de BlackLines commente, estomaqué : «On dirait la façon dont on censure Facebook ou Snapchat : on n’enlève pas toutes les publications, on ne censure pas tout internet, mais on retire certains mots clefs. C’est une censure 2.0, on n’enlève pas toute la fresque mais juste les mots qui rendent la fresque subversive».

Le même procédé avait déjà été utilisé sur la préfecture. Des tags militants apparus lors d’une manifestation avaient été recouverts à la hâte avec de la peinture blanche, uniquement sur certains mots, comme «Darmanin» ou «répression». Drôle d’époque.

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