Brest était l’une des dernières grandes villes françaises sans caméras de surveillance. À la demande du préfet, la mairie PS a décidé de copier les autres métropoles, en installant à son tour ces dispositifs liberticides.
Le maire de la ville bretonne a même mis les grands moyens, puisque son bataillon de 15 caméras est équipé d’un «logiciel de pointe» israélien, pour un coût total de 900.000 euros. Il s’agit de caméras sphériques qui captent les images à 360° et qui les traitent avec de puissants algorithmes qui permettent d’analyser un grand nombre de données : ce logiciel est nommé Briefcam.
En Isère, la ville de Moirans avait été l’une des premières à tester la vidéosurveillance automatisée. L’association La Quadrature du Net dénonçait à l’époque une surveillance illégale. Le programme d’analyse israélien Briefcam équipe désormais d’autres communes en France et permet de visionner des heures d’images en quelques minutes, de compter le nombre de personnes, de véhicules ou d’animaux présents sur une vidéo.
Il est aussi doté d’un système de reconnaissance faciale, dont l’usage était illégal encore récemment. Briefcam dispose de «filtres», que les agents peuvent utiliser pour identifier des véhicules, des «personnes d’apparence similaire», et pour repérer en quelques secondes les vêtements, le genre ou le «comportement» des personnes filmées.
Ces technologies inquiétantes étaient expérimentées hors de tout cadre légal, mais la «Loi sur les Jeux Olympiques» votée en décembre dernier vient de les autoriser. Brest a sauté sur l’occasion.
«Au lieu de visionner des heures et des heures de bandes en continu, on peut ainsi rentrer des critères particuliers et cela sort rapidement les images demandées» et opérer «une sélection de critères, comme un tee-shirt blanc, qui vont permettre d’identifier plus rapidement les images dont on a besoin» explique le sous-préfet.
Comble de la provocation, les autorités ont implanté une de ces caméras au cœur d’un quartier militant de la ville, celui de la Place Guérin, que Le Parisien présente comme «place forte de l’extrême gauche brestoise». En réalité, avec cette caméra, la mairie et la préfecture tentent de soumettre un quartier qui dérange : en juillet dernier, la police était massivement intervenue sur cette place pour expulser un lieu nommé L’Avenir.
Il s’agissait d’«un espace commun et non marchand, qui se construit par les habitant·e·s, pour les habitant·e·s», né des luttes d’associations et d’individus qui ont investi et rénové cet espace situé en plein centre-ville de Brest depuis 2010.
Menacé par des projets immobiliers, l’Avenir résistait depuis des années aux autorités pour faire vivre un endroit de solidarités et de rencontres. Des constructions ont été réalisées en autogestion, en 2018 et 2019, l’endroit faisait le lien entre des mouvements et des personnes d’horizons divers. Mais pour le régime en place, tous les lieux qui échappent aux griffes du profit et du pouvoir sont voués à la disparition.
À présent, cette surveillance de la place est un pas de plus dans le contrôle de la ville. Un riverain explique au Parisien : «Ils ont adossé cette aberration juste à côté de la boîte à dons (partage de livres etc). Toute la symbolique de cette politique de merde est là».
Enfin, ces caméras sont présentées dans plusieurs journaux comme étant impossibles à vandaliser. Elles sont installées en haut de mats métalliques à 6 mètres du sol et équipées d’un dispositif censé les protéger. Mais impossible n’est pas breton.
«La camera qui trônait depuis le 11 mars sur la place Guérin a été recouverte de peinture dans la nuit du 23 mars» explique Ouest-France. Deux des six caméras scrutant la Place ont été rendues inopérantes. «Des agents de police sont venus constater les dégâts et faire des photos. Les images issues de ce dispositif sont transférées et visionnées au commissariat central. Reste à savoir comment les auteurs s’y sont pris pour atteindre la caméra, perchée à six mètres de hauteur…» s’interroge le journal.
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