Pendant qu’en France, les convocations pour «apologie du terrorisme» se multiplient contre les soutiens de la Palestine et que les conférences et manifestations sont interdites, une sorte de chasse aux sorcières colonialiste s’empare de tout l’Occident. Tour d’horizon en Allemagne et aux USA.
Berlin : vendredi 12 avril,
la capitale allemande a été le théâtre de méthodes dignes d’une dictature dans le cadre d’un congrès de soutien à la Palestine. Dans le pays qui a organisé le génocide de la population juive européenne au siècle dernier, le soutien à Israël est aujourd’hui une «raison d’État», comme le rappellent les chanceliers successifs.
C’est donc une répression implacable qui s’abat contre quiconque questionne le génocide en cours et soutien la cause palestinienne. Dans le délire collectif qui règne chez nos voisins, même des juifs allemands s’exprimant pour la paix en Palestine ont été traités d’antisémites et censurés.
Le 12 avril donc, plus de 900 policiers ont lancé une descente dans une conférence anti-guerre à Berlin, avant de la disperser de force, de l’interdire, et d’arrêter des participant.e.s.
L’évènement nommé Congrès pour la Palestine était organisé par l’organisation «Voix juive pour une paix juste au Moyen-Orient» et annoncé de longue date. Il devait durer tout le week-end avec des invité.e.s important.e.s : l’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, le député irlandais Richard Boyd Barrett, le médecin anglo-palestinien et recteur de l’université de Glasgow Ghassan Abu-Sitteh, l’expert de la Palestine Salman Abu Sitta, 86 ans, ancien membre du Conseil national palestinien, le cinéaste juif Dror Dayan, le journaliste palestinien Hebh Jamal…
Mais ce congrès a été la cible d’une intense campagne de diffamations. Les médias allemands ont désigné l’événement comme un rendez-vous «de ceux qui ont la haine d’Israël», le grand journal Bild titrait le matin même «les supporters du terrorisme se rassemblent aujourd’hui à Berlin.»
Le médecin Ghassan Abu-Sitteh a été arrêté et expulsé dès son arrivée à l’aéroport de Berlin. Il était pourtant présent à l’hôpital Al-Shifa de Gaza ces derniers mois, et venait témoigner de l’horreur de l’offensive israélienne depuis son point de vue de soignant. Il n’a même pas pu fouler le sol allemand.
Dès que le lieu du congrès a été annoncé, 900 policiers sont donc entrés, alors que 2 500 agents avaient été déployés pendant tout le week-end. Les forces de l’ordre ont encerclé le bâtiment, placé des barrières et empêché les entrées. La police a aussi arrêté des personnes qui venaient assister au congrès, dont un membre de « Voix juive » qui brandissait une banderole disant: «Juifs contre le génocide» et portait une kippa.
Dans ce contexte, la conférence n’a pu démarrer qu’après un long retard. Et a été interrompue dès le début, lors de la diffusion d’une vidéo. 30 à 40 policiers ont pris d’assaut la tribune pour bloquer la transmission et ont coupé l’électricité et les lumières dans la salle.
Moins d’une heure plus tard, la police a ordonné aux participants de quitter les lieux. Une représentante de la Voix juive pour la paix et coorganisatrice du Congrès a été arrêtée dans la foulée.
Toute la classe politique a justifié cette intervention scandaleuse. Le maire de Berlin, de droite, a remercié la police «pour son intervention résolue dans cet événement de la haine […] Nous avons clairement montré que la haine d’Israël n’a pas sa place à Berlin». Le Ministre de l’Intérieur, socialiste, a écrit : «il est bien que la police berlinoise ait annoncé une répression sévère contre le soi-disant Congrès palestinien à Berlin. Nous surveillons de très près le milieu islamiste.» Et les organisations de jeunesse du Parti Socialiste et des Verts ont également soutenu l’opération de police. L’ordre règne à Berlin.
New York : depuis le 17 avril,
des étudiant.e.s pro-Palestine campent et manifestent sur le site de l’université Columbia au cœur la ville, pour exiger l’arrêt d’un partenariat entre leur université et celle de Tel Aviv, dans le cadre d’une campagne de boycott.
En représailles, 15 étudiants ont été suspendus par l’administration, et plusieurs professeurs sont visés par des procédures disciplinaires. La direction de l’Université a même envoyé la police sur le campus, qui a organisé une véritable rafle : 108 personnes arrêtées et emmenées dans des bus. Comme en Allemagne et en France, les médias ont accompagné la répression en diffamant les personnes visées, les accusant d’antisémitisme et de complicité de terrorisme.
Le président sénile Joe Biden a même déclaré : «Cet antisémitisme flagrant est répréhensible et dangereux, et il n’a absolument pas sa place sur les campus universitaires, ni nulle part dans notre pays», juste après avoir voté un crédit militaire de 13 milliards de dollars à Israël.
Une notre positive : cette répression sur un campus universitaire a choqué une partie des États-uniens, et les étudiant.e.s de l’université de Columbia. Depuis ces arrestations, le mouvement ne fait que se renforcer. Depuis hier soir, des dizaines de nouvelles tentes ont poussé sur le campus, et le mouvement ne cesse de prendre de l’ampleur.
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