Révolte anti-coloniale en Kanaky


Bâtiments en flammes, affrontements, mutinerie dans une prison, aéroport fermé… La Nouvelle-Calédonie, Kanaky de son vrai nom, est le théâtre depuis deux jours d’une insurrection anti-colonialiste.


Un peu d’histoire d’abord. La Kanaky est un archipel au cœur de l’Océan Pacifique, conquise par l’armée française au 19ème siècle. La France y fonde une colonie pénitentiaire et en fait un bagne qui enferme par exemple, après la Commune de Paris, des milliers de révolutionnaires, loin des barricades de la capitale.

Au 20ème siècle, le peuple Kanak continue de tenir tête au colonialisme, alors que la France exploite les richesses minières de ses terres, notamment le nickel, dont les profits ne seront jamais redistribués aux peuples locaux.

En parallèle, l’archipel devient une colonie de peuplement, avec l’installation de colons européens sur plusieurs générations, les «caldoches», qui peu à peu mettent en minorité les peuples autochtones.

Les tensions montent dans les années 1980, avec l’essor du mouvement anticolonialiste Kanak. L’État français riposte avec une grande violence. Certaines manifestations sont réprimées dans le sang. Le territoire est militarisé. En avril 1988, en pleine élection présidentielle, une prise d’otages dans la grotte d’Ouvéa, menée par un groupe d’indépendantistes, se solde par une intervention militaire faisant vingt et un morts. Pour beaucoup, il s’agit d’une exécution sommaire pour terroriser durablement les Kanaks. L’archipel est aussi le théâtre de luttes anti-militaristes et anti-nucléaires dans les années 1980 et 1990.

Actuellement, le gouvernement Macron souhaite un «dégel» du corps électoral calédonien avant les prochaines élections. Les indépendantistes se soulèvent contre cette mesure : ils estiment qu’inclure de nouveaux électeurs diluera le vote kanak et réduira leur influence sur la politique locale. Il s’agit, pour le coup, réellement d’une forme de «grand remplacement» : les autochtones seraient minoritaires sur leurs terres par rapport aux colons venus d’Europe, et n’auraient plus de pouvoir de décision.

Ainsi, depuis deux nuits, 200 départs de feu ont été signalés, 36 gendarmes ont été blessés et un couvre-feu est instauré. Les familles de gendarmes sont en cours d’évacuation, selon Darmanin, suite à des tirs d’armes à feu. Plusieurs quartiers de Nouméa sont coupés du reste de la ville par les militaires. Des milices de colons armés commencent à s’organiser.


Alors que des blindés sont déjà déployés, le gouvernement annonce l’envoie en urgence du RAID, du GIGN et de la CRS 8. C’est une répression militarisée qui s’annonce, contre les droits légitimes du peuple Kanak.


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