L’hôpital ne soigne plus, il maltraite. La CGT des urgences de Brest a dressé un mur recensant les violentes files d’attente auxquelles font face les personnes âgées.
Le profil des personnes de plus de 75 ans accueillies aux urgences de Brest entre le 10 juillet et le 7 août a été dévoilé hier par des soignant-es de la CGT. Sur chacune des 127 feuilles A4, le temps d’attente paraît délirant avec une moyenne de 23 heures passées sur un brancard et jusqu’à 31 heures pour une femme de 91 ans !
Un “mur de la honte”, pas pour les soignant-es mais pour la clique de managers et bureaucrates qui organise le désastre. Honte d’accueillir, dans l’ancien garage des ambulances rebaptisé “parking de la honte”, jusqu’à 22 lits en-dehors de toute intimité ou confort. Aménagé pour l’épidémie de Covid, le garage est toujours opérationnel et permet de stocker des malades dans des conditions inhumaines.
«Une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente la mortalité de près de 40% pour les patients de plus de 75 ans», indique Stéphane Vielmas, représentant syndical CGT, au journal Le Télégramme. Il était seul à être en grève hier, les autres personnels soignants n’ont pas voulu abandonner leur poste face à la pression et au manque d’effectifs qui dégraderaient d’autant les conditions de soin des patient-es.
Face aux questions du Télégramme, la direction botte en touche et élude le problème, affirmant qu’il y a des lits disponibles. Comment expliquer alors l’existence du parking ? L’inversion du réel est totale, ces gens ne sont pas seulement déconnectés : ils organisent la souffrance. Il en va de même pour le CHU de Nantes, où quatre personnes âgées sont décédées à l’accueil des urgences ces dernières semaines, après avoir attendu de dizaines d’heures sans soin. L’hôpital vient juste de débourser 185.000 euros pour refaire son “image de marque” !
La situation sanitaire que nous connaissons ne vient pas de nulle part. Depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, nous sommes entrés dans la phase finale de destruction des services publics. Une destruction qui avait commencé bien avant lui : cela fait 40 ans que les politiques libérales gangrènent tous les espaces de solidarité qui pouvaient exister depuis la seconde guerre mondiale. Du programme du CNR, le Conseil National de la Résistance, il ne reste quasiment plus rien. Macron est le fossoyeur libéral qui finit le travail.
Constatant la situation, le gouvernement invoque régulièrement le manque de médecins. Principal responsable de ce manque : le libéralisme, encore ! À travers le numerus clausus, c’est-à-dire la limitation du nombre de diplômes de médecine attribués chaque année, l’Ordre des médecins et le gouvernement ont délibérément organisé la pénurie. L’objectif ? Se préserver de la concurrence afin de bénéficier de tarifs élevés et d’un “prestige de la rareté”.
Autrement dit la bourgeoisie libérale sensée nous soigner est prête à sacrifier notre santé pour conserver ses privilèges. L’Ordre des médecins, dont l’adhésion est obligatoire, est une instance réactionnaire, fondée sous Vichy, que l’on pourrait facilement qualifier de criminelle lorsqu’on voit la situation des urgences de Brest ! Avec le numerus closus et la pénurie de médecins, l’évolution c’est que maintenant la plupart des actes médicaux sont sous-traités à des personnels infirmiers, voire à des “agents” recrutés à l’arrache et mal formés, ce qui tire les soins vers le bas, épuisant les personnels et mettant en danger les patient-es.
Heureusement, la résistance s’organise et des victoires sont possibles. Les personnels soignants sont trop souvent seuls face à leurs directions, et les grèves sont rarement efficaces car paralyser l’hôpital équivaut à saborder encore un peu plus la santé des personnes dont on s’occupe. Mais lorsque la population se mobilise avec les soignant-es, lorsque la solidarité se concrétise en actes, alors les directions ne pèsent plus grand chose. C’est ce qui est arrivé à Carhaix l’année dernière : face à une mobilisation offensive la préfecture avait dû faire des concessions et maintenir l’ouverture des urgences de Carhaix.
4 réflexions au sujet de « Aux urgences de Brest : le mur de la honte »
“Il était seul à être en grève hier, les autres personnels soignants n’ont pas voulu abandonner leur poste face à la pression et au manque d’effectifs qui dégraderaient d’autant les conditions de soin des patient-es.”
FAUX !!
Il était vraiment seul parce que les autres n’ont pas VOULU faire grève!!
Dans la fonction publique hospitalière, si on se déclare en grève on est dans 99% des cas réquisitionné sans appel !! Autrement dit, on est grèviste mais on bosse quand même (je connais bien après 40 ans en CHRU et de grève et j’ai toujours, toujours été réquisitionné!!).
La plupart du temps, on se signale comme grèviste près des patients pour leur soutien ou on “sabote” un peu ce qui n’a pas d’importance, l’administratif par exemple et la facturation, mais jamais, jamais on ne soigne pas les patients sous notre responsabilité. Et la plupart du temps, alors qu’on a le même objectif (les soins, la sécurité du patient) les medecins ne nous soutiennent pas ou nous font comprendre qu’on est des parasites, qu’on les empêche de travailler, qu’on fait mourrir des patients qu’ils ont du décommandé, etc… (mais pas eux bien sur, ils sont irréprochables, en réalité on a tout fait pour que medecin et soignants ne soient pas des collaborateurs mais dans une hierarchie sans complexe idiote et dictatoriale..Attention, pas tous les medecins, certains (rares) sont près à mener le combat mais l’Ordre les rappelle à …l’ordre (du genre Macron, l’ordre! l’ordre! l’ordre!… et femez là).
Human manager, Communication manager, Internal manager, PR manager, il faut aussi penser qu’à l’hôpital de Brest comme ailleurs ou dans d’autre secteurs il y a une classe dominante et sous bourgeoise qui souvent télétravail et qui depuis chez elle (plus que sur le terrain) collabore toute la saloperie qui vient tout droit de la classe possédante (bourgeoisie).