Des nouvelles de l’État de droit : quatre policiers municipaux accusés de viol placés en garde à vue à Perpignan, le maire RN Louis Aliot monte au créneau et en appelle à Retailleau et Darmanin pour les soustraire à la justice.
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Un jeune homme de 23 ans a été agressé sexuellement par quatre policiers municipaux pendant son interpellation à Perpignan. «Certains m’ont glissé un doigt dans l’anus soit-disant pour trouver de la cocaïne. J’ai hurlé au viol» explique-t-il au média Blast. La victime a porté plainte, une enquête a été ouverte pour agression sexuelle par une personne abusant de son autorité, et les quatre agents ont été placés en garde à vue le 13 février. Voilà les faits.
Dans un état de droit fonctionnel, les élus locaux et les responsables policiers devraient fermement condamner un tel acte et laisser la justice faire son travail en toute indépendance. Mais Bruno Retailleau, le premier flic de France en personne, a déclaré que l’État de droit n’était pas intangible, et les forces de l’ordre bénéficient d’une immunité totale. Les quatre mis en cause sont donc défendus bec et ongles par leurs collègues, mais aussi par le maire RN de la ville, Louis Aliot, toute l’équipe municipale ainsi que l’opposition.
Lors du conseil municipal du 13 février, Louis Aliot a publiquement pris position pour les policiers, bafouant totalement l’indépendance de la justice. Lors de cette séance, le maire RN a lu le communiqué du syndicat Force Ouvrière, monté au créneau pour défendre les violeurs présumés. Le syndicat appelle «à ne plus aller sur la voie publique tant que dossier n’est pas réglé». Le syndicat espère ainsi mettre la pression sur la justice pour exiger l’immunité pour les policiers.
Le narratif qu’ils essayent d’imposer est que la victime serait un “délinquant” proférant de fausses accusations – comme si cela justifiait les faits. Jusqu’à preuve du contraire, le viol n’est pas une sanction pénale. Le représentant FO local des agents municipaux, Stéphane Maroselli, a déclaré «On va plus croire les dealers que les policiers municipaux. Aujourd’hui un policier municipal qui fait son job peut se retrouver en garde à vue face à un délinquant qui diffuse des mensonges».
Les agents ont ainsi reçu l’ordre d’arrêter le travail de la part de Philippe Rouch, le directeur de la police municipale : «C’est difficile d’expliquer à des agents, sans cesse pointés du doigt, qu’ils peuvent se retrouver en garde à vue sur les dires d’un dealer». C’est la première fois qu’un patron appelle les hommes sous ses ordres à faire grève. Toute la machine est en branle pour défendre les agents et les soustraire à la justice. Pourtant, Darmanin appelait à la plus grande sévérité concernant les crimes sexuels encore récemment. Le RN qui hurle fréquemment au laxisme de la justice devrait appeler à la plus grande fermeté envers ces criminels.
Cette police perpignanaise n’en est pas à son coup d’essai. Au moment où l’on apprenait la garde à vue des policiers, le média Blast et son directeur Denis Robert étaient entendus par la justice après avoir été poursuivis par la Ville de Perpignan pour diffamation. Le média avait en effet publié en 2023 une enquête sur la violence de la police municipale de la ville, celle-là même qui se retrouve accusée aujourd’hui.
Cette police municipale est chouchoutée par Louis Aliot, qui veut en faire une police modèle. Elle outrepasse régulièrement ses prérogatives, agissant comme une brigade anti-stupéfiants et publiant régulièrement sur les réseaux ses “prises”. C’est un véritable outil de communication pour le maire d’extrême droite.
À la tête de cette police, Philippe Rouch, un policier cowboy au CV long comme le bras : ancien de la BRB – brigade de répression du banditisme –, ancien directeur du service judiciaire de la Défense, ancien chef de groupe de sûreté départementale à Nanterre… Dans l’obsession sécuritaire du maire, cette police est richement dotée : 192 agents, faisant de la ville la deuxième de France en ratio policier/habitant, derrière Cannes.
Avec ces effectifs démesurés, le maire de la ville souhaite que la police municipale soit en service 24h sur 24 et 7j/7. Cette police est une véritable milice selon les habitant-es de la ville, elle a même créé son propre insigne : une tête de mort, dans la plus pure tradition fasciste, qu’elle affiche fièrement sur les réseaux sociaux. Cette police omniprésente a pour seul objectif de harceler les populations jeunes et non blanches des quartiers populaires de Perpignan.
Blast avait publié des vidéos montrant les méthodes de la police municipale de Perpignan : gazage gratuit, violentes interpellations, coups de pieds, menaces… Sur l’une de ces vidéos, on entend clairement un policier menacer un jeune : «Le grand chef on le connaît, on va dire que tu es une balance et demain on te retrouve dans un ruisseau avec une balle dans la tête». Certaines victimes, si elles n’ont pas porté plainte, ont raconté à Blast : «Ils viennent et ils nous tapent», «je dormais et ils sont venus, ils m’ont réveillé et m’ont volé 400 euros». Ces policiers avaient arrêté un enfant de la communauté gitane de 8 ans, David, pour avoir joué avec un pistolet à billes. En 2023, d’autres agents de Perpignan étaient accusés de violences sur mineur après la diffusion d’une vidéo d’une interpellation ultra-violente.
C’est donc cette police municipale qui est aujourd’hui défendue par le maire de Perpignan. Il a même annoncé avoir fait appel à Bruno Retailleau et Gérald Darmanin pour traiter l’affaire. Un trio de fascistes pour défendre 4 violeurs.
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