Puisque tous les repères politiques sont dynamités, autant y aller à fond. Macron s’est présenté comme un centriste démocrate et modéré, mais il applique une politique d’extrême droite. Fabien Roussel se prétend communiste mais il enchaîne les propositions radicalement capitalistes, que même le grand patronat français n’ose pas formuler. Deux exemples ces derniers jours.

Le patron du Parti Communiste Français a eu une idée de génie le 11 février lors d’un entretien sur BFM TV : prêter aux patrons de l’argent à des taux d’intérêt négatifs. Alors que les grandes entreprises réalisent des profits records mais licencient à tour de bras, le chef des communistes aurait pu vivement protester, dénoncer le capitalisme parasite, annoncer des manifestations… Rien de tout ça. Selon lui, «on ne pourra jamais tout nationaliser et ce n’est pas la solution pour toutes les entreprises». La solution dit-il, c’est «le prêt à taux zéro, voir à taux négatifs» pour les entreprises. Une idée du MEDEF.
Pour les gens qui ne comprennent pas bien l’économie, cela signifie littéralement donner de l’argent public aux industriels. Quand vous empruntez en tant que particulier, vous devez payer des intérêts à la banque, à un certain pourcentage. Un taux d’intérêt négatif c’est l’inverse : cela veut dire que l’emprunteur rembourse moins que ce qu’il a emprunté. Plus il emprunte, plus il gagne des sous ! Et qui paie ? Le contribuable évidemment.
Savez-vous que, pendant le Covid, les grandes entreprises ont pu emprunter aux Banques Centrales de l’argent à taux négatif ? Le milliardaire Bernard Arnault s’étonnait même, après la crise, lors d’une conférence à l’école polytechnique sur cet «argent qui se déverse de manière incroyable, donné par les banques centrales. Nous, le groupe LVMH, on emprunte à des taux négatifs. C’est la première fois dans les affaires qu’on nous dit ‘monsieur on va vous prêter de l’argent et en plus on va vous payer. C’est formidable’». Fabien Roussel veut donc accomplir le rêve humide de Bernard Arnault. Pendant que les gueux s’endettent et se font sucrer des AGIOs dès qu’ils sont à découvert.
Le 18 février, Fabien Roussel sort une autre proposition digne de Javier Milei : «Je veux supprimer le RSA. Oui, je condamne cette France qui a assommé des générations entières à coups de RSA. Cela a permis à la droite de séparer les gens entre des travailleurs et des cassos». Le RSA ayant été créé en 2009, Fabien Roussel a une drôle de conception des «générations». Sur le fond, Macron est trop modéré pour Roussel : il a conditionné le RSA à 15 heures de travail forcé et payé sous les minimas salariaux. Le «communiste» veut aller beaucoup plus loin, et purement et simplement supprimer cette allocation alors qu’elle n’est même pas suffisante pour vivre dignement !
Fabien Roussel a même enchaîne : «Des gens se disent : ‘Pourquoi je me crève la paillasse à bosser pendant que mon voisin qui touche le RSA vit aussi bien que moi ?’». Une intox éhontée qu’on pensait réservée aux plateaux de Cnews. Le RSA, c’est 635,71 euros, une somme qui permet à peine de survivre. C’est moins de deux fois moins qu’un SMIC. Comment un «communiste» peut-il oser dire qu’une personne touchant le RSA vit «aussi bien» qu’un salarié ? Et si le RSA est si désirable, pourquoi tout le monde n’arrête pas de travailler ?
Cela fait longtemps que Fabien Roussel est bien plus proche du monde du CAC40 que de celui du prolétariat. En octobre dernier, il participait à la campagne «J’aime ma boîte», une «fête des entreprises» organisée par le patronat, pour valoriser «l’aventure humaine» de l’entrepreneuriat.
En septembre, il était carrément invité d’honneur à l’université d’été du MEDEF, où il posait tout sourire avec Geoffroy Roux de Beyzieux, ancien chef du lobby patronal, et Bernard Thibault, ancien dirigeant de la CGT. Le grand patron, le syndicaliste et le communiste, ensemble, rigolant comme de vieux copains. Dans un discours devant le MEDEF, Roussel déclarait «Nous avons une ambition commune, […] celui de remettre le travail au cœur de la société». Remettre la France au travail, c’est quasiment mot pour mot ce que répète, par exemple, Christelle Morançais, la dirigeante ultra-libérale des Pays-de-la-Loire, proche de Retailleau, qui a supprimé quasiment tout le budget de la culture et des association dans la région.
Avant cela, Roussel opposait la «gauche du travail» face à la «gauche des allocs», et parlait de «valeur travail». Il fut un temps où les«allocations et minimas sociaux» s’appelaient «solidarité nationale». Ce sont des droits, durement conquis.
Un petit cours de Marxisme accéléré pour les politiciens du fond de la classe : Marx prônait littéralement l’abolition du travail salarié, qu’il décrivait comme «funeste» et aliénant. Toute l’histoire des luttes sociales, du syndicalisme et du communisme, se résume à une grande bataille pour faire reculer le travail salarié de nos vies : des journées moins longues, des congés payés, des retraites, la possibilité d’études et de formations longues… Roussel réclame le contraire, dans la droite lignée du patronat depuis la révolution industrielle !
Et il fut un temps où, à gauche, le «travail» n’était pas considéré comme une «valeur morale». La «valeur travail», c’est un slogan de Nicolas Sarkozy. En 2007, le thème des «assistés» était l’angle choisi par le candidat Nicolas Sarkozy pour la campagne présidentielle. Avec lui c’est le triomphe d’une droite autoritaire et ultra-libérale, qui cogne sur les pauvres.
15 ans plus tard, le discours sur les «gens qui vivent des allocs» est celui du gouvernement Macron, qui impose des heures de boulot gratuit aux bénéficiaires du RSA et réduire les droits des chômeurs pour les forcer à «retrouver du travail».
Fabien Roussel est aussi le premier leader «communiste» qui est allé manifester avec un syndicat policier d’extrême droite, Alliance, pour réclamer l’impunité pour les forces de l’ordre et qui revendique être ami avec Gérald Darmanin. Il estime aussi que les «les grandes fortunes : ils sont très intelligents, ils ont créé, inventé». Après l’exécution de Nahel, non seulement il n’a pas dénoncé les violences policières sanguinaires, mais il réclamait de «couper» les réseaux sociaux.
Fabien Roussel maquille son ultra-libéralisme et son autoritarisme derrière une fausse ligne populaire, basée sur la consommation de viande et la défense de la corrida. Il fait du mépris de classe dissimulé : comme si, pour «séduire les classes populaires», il fallait parler de barbaque, soutenir la police et tenir des propos réacs. Les classes populaires sont plus intelligentes que ne le pensent Fabien Roussel et ses amis, puisque le candidat du PCF a perdu son siège de député en juillet dernier malgré la dynamique du Nouveau Front Populaire.
Et le comble pour conclure : Fabien Roussel est justement le symbole de l’assisté et du profiteur qui n’a jamais bossé. Issu d’une famille à bons capitaux culturels, avec une maman employée de banque et un papa journaliste et cadre du Parti Communiste, il a fait carrière au sein du Parti avant de bénéficier d’un emploi fictif d’assistant parlementaire pendant des années. Une enquête le vise actuellement pour avoir perçu 180.000€ indûment.
Si la France se droitise, ce n’est pas à cause de la droite, qui joue le rôle qu’elle a toujours eu : celle d’une force pétainiste. C’est à cause de la gauche, qui reprend ses mots et ses idées, contribuant à une fuite en avant de l’échiquier politique vers le fascisme.
AIDEZ CONTRE ATTAQUE
Depuis 2012, nous vous offrons une information de qualité, libre et gratuite. Pour continuer ce travail essentiel nous avons besoin de votre aide.
Faites un don à Contre Attaque, chaque euro compte.
3 réflexions au sujet de « Fabien Roussel plus libéral que Bernard Arnault ? »
Insolite : Fabien Roussel, le premier communiste contre l’antifascisme.
Bonjour Contre Attaque, c’est le titre d’un article datant du mois de juin 2024, montrant comment ce parasite de la bourgeoisie qu’est Fabien Roussel est venu balayer 100 ans d’histoire du communisme sur le plateau de BFM (vulgaire média des milliardaires).
Roussel, ce n’est pas un camarade, c’est un opportuniste et parasite bourgeois
Pire, c’est un crétin de la pire espèce qui se fout de notre gueule, nous les petits, les humbles.
Camarades communistes, virez le, s’il vous plaît ! Ce ne sera que justice…