Le terme «partenaires sociaux» a été inventé par les néolibéraux pour désigner pêle-mêle les organisations ouvrières et patronales. Comme si, finalement, il n’y avait pas d’opposition entre les travailleurs et les chefs d’entreprises, les exploiteurs et les exploités. Comme s’il n’y avait pas de lutte des classes et que tout ce petit monde était un ensemble joyeux de «partenaires» qui «dialoguent». Le terme de «partenaires sociaux» a rarement aussi bien porté son nom.
Au centre : Geoffroy Roux de Bézieux
Le cliché diffusé par l’ancien patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, en est la démonstration la plus agaçante. C’est lui qu’on voit au centre : l’aristocrate qui a été président du MEDEF rigole en levant le poing, comme pour se moquer de ce geste qui symbolise les luttes sociales. La photo a été prise lors de l’ouverture des jeux paralympiques et partagée sur le compte Linkedin du patron.
Entre 2018 et 2023, Geoffroy Roux de Bézieux a été le visage du capitalisme français. Il a été de tous les combats pour libéraliser l’économie, privatiser ce qui pouvait l’être et réduire les droits des travailleurs. Lors du confinement en 2020, il appelle à supprimer des jours fériés et augmenter le temps de travail pour «accompagner la reprise» post-COVID, depuis son château situé près de La Baule.
À l’occasion de la pandémie, il déclare aussi : «Un système autocratique semble pour le moment mieux armé pour bloquer une pandémie que ne le sont nos démocraties». Il a aussi réclamé l’arrêt de mesures environnementales à Macron, pour «aider» les entreprises. Ce qu’il a obtenu. Roux de Bézieux a formé un duo avec le président des riches, accompagnant son calendrier, ses mesures, et appelant à voter pour lui.
Durant la campagne de 2022, il fait l’éloge de Macron, estimant que celui-ci «parle le langage du business, et sans accent, c’est assez bluffant». Il faut dire que la collaboration des deux hommes est efficace : les patrons ne se sont jamais aussi bien portés que depuis l’élection de Macron, les riches n’ont jamais été aussi riches. La même année, il dénonce les grèves et estime que la réquisition, c’est-à-dire l’envoi de policiers chez des grévistes – notamment ceux des raffineries – pour les obliger à travailler, «est normale».
Plus incongru en apparence, Roux de Bézieux a été le premier président du MEDEF à participer à la Fête de l’Humanité, pour discuter avec le secrétaire général de la CGT. Enfin, il est l’auteur de plusieurs livres, notamment «Pour sortir de la crise : le capitalisme» paru en 2011.
À gauche : Bernard Thibault
À côté du grand patron au nom à particule et responsable de la souffrance de millions de salariés, un type avec une coupe au bol et une chemise rose : Bernard Thibault. Son visage est connu des manifestants : pendant plus de 10 ans, il a été à la tête de la CGT, le premier syndicat ouvrier de France. Entre 1999 et 2013, c’est lui qui dirige la centrale syndicale, notamment sous la présidence de Sarkozy, marquée par de violentes attaques anti-sociales et des défaites successives pour les luttes. Après son départ de la CGT, le Figaro félicite son sens du dialogue dans un article en 2014, rappelant que «Bernard Thibault a négocié la réforme des régimes spéciaux de 2008, travaillé avec la CFDT à la refonte de la représentativité syndicale et signé un accord en 2009 avec le patronat».
La plus grande crise sociale à la tête de la CGT, c’est le mouvement social pour défendre les retraites, en 2010. Eh oui, déjà. Des millions de personnes avaient alors manifesté contre Sarkozy, dans une colère immense. Et les syndicats avaient organisé la défaite en adoptant exactement la même stratégie qu’en 2024 : des «journées» de grève espacées pendant des mois, qui n’avaient servi qu’à faire perdre des journées de salaire aux grévistes sans jamais bloquer le pays ni menacer le gouvernement. Rien n’a changé.
Suite à ce mouvement perdu, Alain Minc, proche conseiller de Nicolas Sarkozy, saluait l’esprit «de responsabilité» des syndicats sur la réforme des retraites, déclarait que les dirigeants syndicaux ont été «admirablement responsables». Alain Minc osait même : «On ne dira jamais assez le rôle qu’ils ont eu pendant le pire de la crise». C’est-à-dire organiser l’échec du rapport de force. Depuis cette claque de 2010, c’est la descente aux enfers ininterrompue pour les droits sociaux.
Après une grosse décennie de bons et loyaux services, Bernard Thibault a été élu à la tête du Bureau International du Travail, une agence de l’ONU basée en Suisse. Un boulot peinard. Le successeur de Bernard Thibault, Thierry Le Paon, a dû démissionner au bout de quelques mois de la tête de la CGT car il avait réalisé 130.000 euros de travaux dans son appartement de fonction, situé à proximité du bois de Vincennes, aux frais du syndicat.
À droite : Fabien Roussel
À droite de la photo, enfin, on trouve Fabien Roussel, le communiste préféré de la droite, en train de se marrer. C’est le premier leader «communiste» qui va manifester avec un syndicat policier d’extrême droite, Alliance, pour réclamer l’impunité pour les forces de l’ordre et qui revendique être ami avec Gérald Darmanin. Son combat à lui, c’est de dénoncer «l’assistanat» et la «France du RSA», tout en déclarant que les «les grandes fortunes : ils sont très intelligents, ils ont créé, inventé». Partisan d’une fausse ligne «populaire», il glorifie la consommation de viande et défend la corrida, en se moquant de ceux qui mangent «du tofu et du soja».
Après l’exécution de Nahel, non seulement il n’a pas dénoncé les violences policières sanguinaires, mais il réclamait de «couper» les réseaux sociaux. Prétendant, avec cette stratégie, incarner la «France populaire», il a pourtant bénéficié d’un emploi fictif d’assistant parlementaire pendant des années pour se mettre au service de la fédération PCF du Nord, ce qui lui a permis de monter dans le parti.
Fabien Roussel fait du mépris de classe dissimulé : comme si, pour «séduire les classes populaires», il fallait parler de barbaque, soutenir la police et tenir des propos réacs. Les classes populaires sont plus intelligentes que ne le pensent Fabien Roussel et ses amis, puisque le candidat du PCF a perdu son siège de député en juillet malgré la dynamique du Nouveau Front Populaire.
La lutte des classes dans un fauteuil
Que font ces trois hommes, le patron, le syndicaliste et le communiste, ensemble, rigolant comme de vieux copains ? L’ancien patron du MEDEF et celui de la CGT sont membres du Comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 et participent à ce titre à la cérémonie. D’ailleurs, Bernard Thibault avait défilé au début de l’été avec la flamme olympique, et la CGT avait appelé à «ne pas gâcher la fête» en faisant grève, alors que les JO étaient le moment idéal de mettre un coup de pression au gouvernement. Et surtout de tenir la promesse faite l’an dernier : «pas de retraites, pas de JO».
Que peuvent se raconter ces trois larrons, qui semblent se moquer du point levé. Ils se rappellent de vieux souvenirs ? Se racontent-ils comment les mouvements pour les retraites des travailleurs ont perdu ? Roux de Bézieux les taquine-t-il en leur disant «ahah, même avec vos manifs, c’est toujours nous qui gagnons» ?
7 réflexions au sujet de « La lutte des classes version 2024 »
Merci Contre Attaque, l’opération « balance ton porc capitaliste » fonctionne et on peut même prolonger cette opération avec les bureaucrates syndicaux et cette bourgeoisie qui se fourvoie derrière n’importe quelle étiquette politique.
A vomir, hélas… Les 3 font la paire… Punaise le Thi-Thi il a profité, dites donc… 30 kilos il a pris ? 40 ? Avant 2010 il y eut 2003, ne pas l’oublier, situation insurrectionnelle dans tout le pays et Thi-Thi s’échinant à éteindre l’incendie, toujours à coups de journées saute-mouton pour aller jusqu’aux vacances et là hop vive le Tour, qu’il a suivi dans la voiture de l’organisateur…
Quelle engeance. mais quelle engeance !… A dégueuler la quadrature…
Il me semble bien, d’autre part, que dans le joli CV du noeud de béziers, pardon, du roues de mes deux, ah zut, du roué de mes yeux, et merde, roux de bézieux, j’y arriverai, il y eut un petit passage par… la direction de Pôle emploi !! non ? ou confonds-je ? Ou fonds-je les khöns ?
rhaaaaa lovely !!!!
Et le petit copain de Sébastien, le grand, l’immense dirlo du PCF (Patrick Cbastien Fanclub) avec son nouveau look brushing de frais il est pas mignon ? il rigole en pensant encore à son coup désopilant des présidentielles 2022 avec son maintien dans la course imbécile juste pour empêcher un 2nd tour JLM /Macron trop risqué alors qu’avec la le pen c’était du tout cuit pour son cher macron…
Salut contre-attaque,
Dans la même veine, j’ai une photo de Mélenchon prenant Marcel Dassault par l’épaule. La sympathie qu’affichait mélenchon pour Le milliardaire guerrier est bien connue. Si vous voulez je vous envoie la photo. Ou sinon une simple recherche sur le web vous en donnera le coeur net.
Bonne continuation à vous
Misère, mais vers ou va-t-on ?
Le syndicat se moque de toi […]
Le patronat je t’en parle même pas
Il n’est bon que pour les coups bas […]
Ce syndicat qui défend ton fric
Tu verras tout n’est que politique.
TRUST, préfabriqués
La bourgeoisie ça ose tout, c’est même à ça qu’on la reconnaît. Ces trois raclures seraient capables de vous dire que que c’est dommage que Coluche et l’Abbé Pierre soient morts, parce que, en tant que partenaires sociaux ils auraient pu être « également » sur la photo.
Syndicats, Patronat, Politiques, cette photo représente une véritable brochette de fouts la merde et de contents d’eux
Il y a un paradoxe inhérent à la notion de « patron de syndicat » , c’est pour ça que le titre officiel est « délégué général » , mais changer l’intitulé du poste ne résoud pas le paradoxe initial pour autant :).