La « liberté » vue par les fascistes


Un «vent» qui a une drôle d’odeur


Donald Trump et Jordan Bardella : deux fascistes dont la conception de la liberté pue la merde.

Un nouveau discours agressif et inquiétant de Donald Trump a été donné vendredi 14 mars au Ministère de la Justice. Cette fois-ci, le président des USA a piétiné sans aucun complexe la séparation des pouvoirs, qui est en théorie la base de tout «État de droit», ce qui permet de le différencier d’une dictature.

D’abord il a nommé ses fidèles aux postes les plus stratégiques du département de la Justice, avant de leur rendre hommage, notamment aux avocats qui l’avaient assisté lors de ses derniers démêlés judiciaires. Il a aussi placé une de ses plus proches soutiens, Pam Bondi, ancienne procureure de Floride, comme procureure générale des États-Unis. C’est elle qui dirige à présent toute l’institution judiciaire des USA et qui y organise actuellement une grande purge. Pam Bondi a déclaré vouloir «protéger» Trump dans une interview.

Trump a surtout lancé une charge très violente contre toutes les personnes qui ne lui sont pas assujetties. Il a qualifié ses adversaires dans les tribunaux de «racailles», les juges de «corrompus» et les procureurs qui ont enquêté sur lui de «dérangés». Des propos lunaires, prononcés devant le logo du ministère de la justice.

Dans un long discours décousu, Trump a réclamé que ceux qui l’avaient poursuivis par le passé soient envoyés en prison : «Ce sont des gens qui sont mauvais, vraiment mauvais». Surtout, il s’est qualifié de «principal responsable de l’application de la loi dans notre pays». Un phrase très grave qui signifie que l’exécutif s’octroie les pleins pouvoirs, avant d’ajouter : «Malheureusement, ces dernières années, un groupe corrompu de pirates et de radicaux dans les rangs du gouvernement américain a anéanti la confiance et la bonne volonté accumulées au fil des générations. Ils ont utilisé les vastes pouvoirs de nos services de renseignement et de nos forces de l’ordre pour tenter de contrecarrer la volonté du peuple américain».

J. D. Vance, le vice-président qui a pourtant suivi des études de droit, disait la même chose sur les réseaux sociaux le 9 février : «Si un juge essayait de dire à un général comment mener une opération militaire, ce serait illégal. Les juges ne sont pas autorisés à contrôler le pouvoir légitime de l’exécutif». Un pouvoir total et sans contrôle donc.

Elon Musk avait lui aussi estimé que les juges qui «sapent de manière flagrante la volonté démocratique du peuple […] doivent être virés». Par le passé, les juges avaient déjà été qualifiés de «corrompus», «d’extrémistes», considérés comme «diaboliques», ou symboles d’une «tyrannie» par Trump.

Dès les primaires républicaines, Trump avait annoncé qu’en cas de victoire, il sera «dictateur le premier jour». Il avait promis de «supprimer» des pans entiers de la Constitution américaine, de mener la guerre aux «ennemis de l’intérieur», en particulier les militants de gauche, en envoyant «la garde nationale ou l’armée» si nécessaire, ou encore expliqué son projet de «déporter entre 15 et 20 millions» d’exilés sans-papiers. John Kelly, l’ancien chef de cabinet de Trump, son collaborateur le plus proche, avait révélé la fascination de Trump pour Hitler dans le New York Times.

Trump applique ses promesses : il a déjà purgé des dizaines de milliers de fonctionnaires, annoncé son intention de raser Gaza, interdit de nombreux sites internet, banni des dizaines de mots des sites gouvernementaux comme «femme» ou «justice climatique», démantelé une agence chargée d’étudier le changement climatique, il a lancé une immense chasse aux étrangers, il gouverne par décret. Rien ne l’arrête.

De notre côté de l’Atlantique, certains trouvent ça super. Le 23 février Jordan Bardella déclarait que Donald Trump «incarne un vent de liberté qui souffle sur toutes les démocraties occidentales». Il a pu s’en rendre compte lui-même lors d’un voyage le 20 février à Washington, pour le rendez-vous annuel de la Conservative Political Action Conference, un puissant courant au sein de la droite américaine. La star de l’événement était Steve Bannon, idéologue d’extrême droite, ancien conseiller de Trump et grand ami du Rassemblement National depuis des années. Ce dernier a fait un bon gros salut nazi en présence de Bardella.

Pendant son séjour aux USA, le président du RN était intervenu sur la chaine News Max et avait répété la même phrase : «Un vent de liberté et de patriotisme souffle sur toutes les démocraties occidentales».

Comme les fascistes n’ont aucune originalité, Sarah Knafo, du parti Reconquête, avait déjà déroulé le même élément de langage en janvier : «Un grand vent de liberté se lève dans l’Occident. Nos peuples veulent la liberté économique, la liberté d’expression, la liberté de rester qui ils sont Trump et Musk en sont les symboles américains».

L’extrême droite et les totalitarismes en général adorent inverser le réel. «La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force». C’est en tout cas ce que les américain-es pourraient lire dans 1984, de George Orwell, si ce livre n’était pas désormais interdit.


Quoiqu’il en soit, si Trump incarne un «vent», alors il a une drôle d’odeur.


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3 réflexions au sujet de « La « liberté » vue par les fascistes »

  1. Pendant ce discours, il a annoncé clairement qu’il veut la peau de CNN et de MSNBC qui, d’après lui, écrivent 97,6% de mal de lui…
    Soit les médias sont avec lui, soit il aura leur peau.
    Au Washington Post, où Bezos a interdit la moindre critique à l’égard du pouvoir en place, la rédac-cheffe adjointe de la page éditoriale, Ruth Marcus, a été contrainte à la démission cette semaine (il y a un mois, c’était le rédac-chef de la page éditoriale, David Shipley, qui avait démissionné)

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