La guerre est une divine surprise pour les néolibéraux qui nous gouvernent.

Alors que les politiques anti-sociales et les cadeaux aux riches de Macron ont toujours été très impopulaires dans le pays, la guerre, ou en tout cas le discours guerrier ambiant et les dépenses de militaires qui l’accompagnent sont une aubaine : nos dirigeants veulent profiter de la peur et de la sidération pour accroître leurs attaques.
Coup sur coup, ces derniers jours, les dignitaires macronistes ont fait des déclarations sans ambiguïté : «Pour défendre notre liberté, il faudra travailler plus» a asséné Édouard Philippe, ancien Premier Ministre qui se rêve déjà en futur président.
Dans le même parti, l’eurodéputée Nathalie Loiseau, ancienne militante du GUD – un groupe néo-nazi – aujourd’hui reconvertie dans le macronisme, a déclaré sur France Info : « On a un modèle social auquel nous sommes tous attachés, mais qui va devoir d’adapter à une réalité que l’on connaît […] arrêter de raser gratis, de vivre au dessus de nos moyens. Ça ne peut pas être les canons, le beurre, l’argent du beurre et la crémière ». Très classe. En d’autres termes, le beurre ce sont les conquêtes sociales, les retraites ou les services publics, qu’il va falloir sacrifier pour acheter des canons.
Amélie de Montchalin, ministre ultra-libérale chargée des Comptes publics, assure que «travailler plus est un progrès». Après avoir échoué lors des législatives de 2022, elle avait été recasée dans un confortable poste à l’OCDE, rémunéré 10.000€ net par mois, avant d’être rappelée au gouvernement.
En parallèle, François Bayrou a sonné la fin de la récréation sur la question des retraites. Souvenez-vous : en janvier, il promettait un grand débat sur la réforme des retraites qui avait été imposée par 49.3 en 2023, et qui avait provoqué le plus grand mouvement social depuis Mai 68. Cette réforme est à l’origine de la crise de régime que nous connaissons actuellement. Pour éviter une motion de censure, Bayrou avait donc annoncé un «conclave» sur le sujet, ce qui lui avait permis d’avoir le soutien du Parti Socialiste, et d’éviter la démission.
Deux mois plus tard, il referme brutalement la porte sur le retour de l’âge de la retraite 62 ans, au nom du «contexte international». Les syndicats FO et la CGT ont quitté la table des négociations. Mais qui se faisait la moindre illusion sur ce jeu de dupe, qui n’a été créé par le gouvernement que pour gagner du temps ? Les responsables du PS passent encore pour des cons, mais ils ont l’habitude.
De son côté, le patronat veut pousser son avantage. Le patron des patrons, Patrick Martin, déclarait 4 mars sur la chaîne RMC : «Le Danemark a décidé de reporter à 70 ans l’âge légal de départ à la retraite pour que l’économie sache financer un effort de guerre». Encore une fois, la guerre pour justifier les reculs sociaux.
Évidemment, Macron est sur la même longueur d’onde, puisque dans son discours du 5 mars il martelait lui aussi «nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires […] sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes». Une salve d’austérité au nom de la Nation en danger.
Les médias jouent également leur partition, comme en témoigne une émission diffusée sur France Inter le 17 mars, intitulée : «Le nouvel ordre politique avec Brice Teinturier». Ce dernier est directeur de l’institut de sondage Ipsos, un faiseur d’opinion régulièrement invité dans les studios et sur les plateaux télé. L’objet de l’émission est d’expliquer aux auditeurs que le contexte militaire doit faire accepter des reculs sociaux.
Évoquant les tensions géopolitiques, le débat bascule immédiatement sur la question du recul de l’âge de la retraite. Brice Teinturier s’exclame que «près de 40%» des français seraient prêts à rogner les retraites pour financer la guerre, et s’emporte «c’est pas si mal que ça !» Nous avons là un sondeur militant, qui ne cache même pas son opinion. Il faudrait lui rappeler que ce chiffre veut dire que la majorité des français ne sont pas prêts à un tel recul.
Teinturier souligne un peu plus tard : «On est à 40% d’adhésion, c’est plutôt quelque chose d’assez bon par rapport à ce qu’on observe d’habitude !» Méthode Coué. Ensuite, l’émission bascule dans la courtisanerie la plus totale. Brice Teinturier explique : «Macron reprend de la popularité» puis «le chef de l’État retrouve du crédit». Sa cote de popularité : 27%, moins d’un français sur trois, mais le sondeur trouve ça fantastique.
Il explique également : «L’international c’est le domaine du président» et souligne : «sa capacité à faire face à des crises grave lui est reconnue». Ah oui ? Par qui ? Brice Teinturier prend ses propres désirs pour l’opinion générale.
Rappelons que depuis l’élection de Macron en 2017, les aides publiques aux entreprises sont passées de 5% du PIB à 10% du PIB pour atteindre 260 milliards d’euros par an. Le déficit des retraites représente 0,4% du PIB à l’horizon 2030. Autant dire rien, comparé aux cadeaux aux patrons. Tout cela est donc un faux débat instrumentalisé de bout en bout.
Après avoir transféré des sommes colossales de l’État social vers les poches des riches, nos dirigeants veulent mettre en place un holp-up encore plus massif au nom de l’économie de guerre. Sauf si le mouvement social fait barrage à leur projet mortifère.
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