Bolloré : parasite et assisté

Portrait de Vincent Bolloré, un milliardaire à la fois parasite et assisté.

Plus personne ne l’ignore : Vincent Bolloré, le milliardaire qui a fait fortune en pillant les richesses en Afrique, a mis son empire au service de l’extrême droite. À la tête d’un immense complexe médiatique, il est le chef d’orchestre de campagnes d’intoxication majeures, dans le but avoué de faire basculer la France dans le fascisme. Et pour l’instant, ça fonctionne plutôt bien.

Ce que l’on sait moins, c’est que Vincent Bolloré est protégé, soutenu et assisté par l’État français depuis 30 ans. Son empire et sa fortune, il les doit en grande partie à l’argent public. Oui, Bolloré est un parasite qui finance son agenda fasciste avec l’argent de vos impôts.

Une amende à 320 millions « effacée »

Le 26 mars, Le Canard Enchainé révélait que le Ministère de l’Économie avait «effacé 320 millions d’euros» de pénalités infligées au groupe Bolloré. En effet, le milliardaire était visé par un redressement fiscal de sa société Vivendi, à hauteur de 2,4 milliards d’euros. Une affaire qui remontait à 2004 : le milliardaire avait menti sur une énorme transaction pour esquiver les impôts.

On remarquera que pour les puissants, les sanctions sont à la fois très légères et infiniment lentes… quand elles existent. En effet, dans un premier temps, le fisc français a choisi de ne pas qualifier cette escroquerie de «fraude», ce qui aurait coûté à Bolloré 640 millions d’amende, mais a préféré qualifier ses actes «d’erreur délibérée», ce qui ne l’exposait plus qu’à une amende deux fois plus petite. Visiblement, ce passe-droit scandaleux n’était pas suffisant : l’amende a finalement été effacée, sans que le ministère des Comptes Publics ne fournisse d’explication. C’est un scandale d’État.

Non seulement Bolloré aurait dû être poursuivi et lourdement puni depuis 20 ans pour cette affaire de fraude fiscale XXL, mais en plus, le gouvernement est intervenu pour lui éviter de payer un centime. C’est ce même gouvernement qui répète qu’il n’y a pas d’argent pour les retraites, le chômage ou la santé, qui fait cadeau de plus 300 millions à un milliardaire fasciste. De la complicité pure et simple.

Aides publiques

Scandaleux ? Et pourtant c’est loin d’être une histoire isolée : Bolloré n’a jamais cessé d’être soutenu au sommet de l’État, et d’obtenir de juteux cadeaux sur fonds publics.

L’année dernière, en mai 2024, le Ministre de l’économie Bruno Le Maire s’est rendu personnellement dans le Finistère pour inaugurer une usine de batteries du groupe Bolloré. Il y avait annoncé un financement public de l’usine à hauteur de 300 millions d’euros, payé par l’État, les collectivités locales de l’Est de la France et de Bretagne. Comme si Bolloré manquait d’argent pour son business, alors qu’il est assis sur une fortune colossale. À nouveau, le gouvernement Macron a utilisé vos impôts pour aider le milliardaire qui veut s’emparer du pouvoir politique.

Pompe à pognon

Ce n’est pas tout. Le 19 janvier 2022, un immense cadeau de l’État à Vincent Bolloré figurait au Journal Officiel. Celui-ci était passé quasiment inaperçu, mais avait été repéré par Médiapart. Pour résumer : l’État a cédé un oléoduc hyper-rentable à Bolloré dans les années 1990, avant de lui racheter très cher, permettant au milliardaire de réaliser des dizaines de millions d’euros de profits sans investir un euro.

L’histoire commence en 1995. À l’époque, c’est le clan Balladur-Sarkozy qui cède au milliardaire une propriété publique : un oléoduc qui relie la ville industrielle de Donges, près de Nantes, à Metz, dans l’Est. Le pipeline s’étend sur 627 kilomètres, dispose de quatre gigantesques dépôts d’hydrocarbures sur son parcours et d’une connexion avec le port stratégique de Nantes-Saint-Nazaire. Un cadeau insensé. Mediapart explique que l’État a offert une «machine à cash» à Bolloré : en échange d’un droit forfaitaire «non révisable» dérisoire – 4.100.000 francs, soit 625.000 euros d’aujourd’hui – cet oléoduc a rapporté à Bolloré entre 7 et 10 millions d’euros par an. Zéro investissement, que du bénef !

Ce contrat aurait dû prendre fin en 2020, mais le gouvernement d’Édouard Philippe est à nouveau intervenu, avec un décret pour prolonger la concession de deux ans. Celle-ci a pris fin en 2022. Entre 1999 et 2022, Mediapart estime que la société qui gère l’oléoduc a généré 175,2 millions d’euros de dividendes ! Autant d’argent qui auraient pu rester dans les poches de l’État et financer les services publics, mais qui ont fini sur le compte du milliardaire d’extrême droite.

Choquant ? Ce n’est pas fini ! En 2022, l’État français a proposé à Bolloré de lui racheter l’oléoduc pour 31 millions d’euros. Un nouveau cadeau, puisque le décret de 1995 expliquait que «le titulaire sera tenu de remettre à l’État immédiatement et gratuitement en bon état d’entretien et de fonctionnement, la totalité des ouvrages et installations». Après avoir pompé les profits de l’oléoduc, Bolloré était au moins tenue de le rendre gratuitement à l’État, mais celui-ci lui a proposé encore plus de sous. Pourquoi se gêner ? C’est du détournement de fonds à grande échelle. «L’État a offert gratuitement une concession de vingt-sept ans au groupe Bolloré, lequel a distribué au moins 175,2 millions d’euros en dividendes» déplore Médiapart.

Comment Hollande a sauvé Canal +

Vous avez déjà la nausée ? Voici le dessert. François Hollande aussi a volé au secours de Vincent Bolloré. Avant son élection, sa compagne Valérie Trierweiler travaillait chez Direct 8, média possédé par le milliardaire. Ainsi, le futur président va nouer des liens avec le richissime fasciste.

Le média Off investigation explique qu’une fois au pouvoir, «le président socialiste se montre particulièrement bienveillant à l’égard de Vincent Bolloré, lors de sa conquête du groupe Canal. Hollande fera notamment en sorte d’éviter l’arrivée de l’Allemand Thomas Rabe à la tête de Vivendi. Il s’efforcera en outre d’empêcher le retrait de la « Caisse des dépôts » du capital du même groupe, qui s’en serait vu affaibli».

Dans le livre «Un président ne devrait pas dire ça», paru en 2016, François Hollande lui-même explique qu’il a sauvé Bolloré de la faillite deux ans plus tôt. Le milliardaire à la tête de Vivendi avait peur que la chaîne BeIn Sport ne rafle les droits sur la Ligue 1 de football, ce qui aurait probablement causé d’énormes pertes au groupe Canal. Dans le livre, les auteurs expliquent : «Canal + est en danger de mort. En avril 2014, Hollande reçoit, en secret les patrons de Canal+, venus exposer leurs craintes. Le président va se démener. «On a sauvé Canal, nous confie alors Hollande. J’ai appelé l’émir du Qatar et lui ai dit : ‘Vous allez venir en France en juin, on vous a défendus par rapport aux Saoudiens, on est à vos côtés, mais là, qu’allez-vous faire sur les Rafale ? Il y a aussi l’histoire du foot… Je souhaite qu’il y ait un partage’».

Vous avez bien lu : Hollande a personnellement fait pression sur une pétromonarchie avec des arguments géopolitiques… pour permettre au groupe médiatique de Bolloré de continuer à faire des profits. Comme ça, par solidarité de classe. On connaît la suite : après Canal + que Bolloré a purgé, il y a eu l’émergence de Cnews, C8, et autres médias de propagande qui intoxiquent la France. On remercie le Parti Socialiste.


Lorsque l’on parle des ultra-riches, on recycle souvent le mythe de l’entrepreneur courageux, qui s’est fait tout seul sans l’aide de personne. C’est toujours faux. Vincent Bolloré n’est pas seulement un fasciste. C’est aussi un parasite et un assisté, dont le pouvoir de nuisance n’a été possible que grâce au soutien des gouvernements successifs, et à des cadeaux colossaux d’argent public.

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