Fatima Hassouna : photojournaliste de Gaza, assassinée par Israël avec sa famille


Un film réalisé à partir de ses images venait d’être sélectionné au festival de Cannes


Fatima Hassouna, son appareil photo en main, contemplant les ruines de Gaza.

«’Fatem’ était un soleil», explique au journal Le Monde la cinéaste Sepideh Farsi, qui a réalisé un documentaire intitulé «Put Your Soul on Your Hand and Walk» – Mets ton âme entre tes mains et marche – avec la photojournaliste défunte.

« Fatem », c’est Fatima Hassouna, 25 ans, qui a été assassinée avec toute fa famille le 16 avril par Israël. Une bombe a frappé le domicile familial situé dans le nord de Gaza, l’emportant avec 10 de ses proches. Fatima Hassouna devait se marier dans quelques jours.

La jeune femme était diplômée en multimédia et documentait, par ses photos et ses vidéos, le génocide à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Elle y montrait la réalité brute sur le terrain, la survie des habitants, les bombes, les ruines, la souffrance, alors qu’Israël a interdit l’accès de Gaza aux journalistes étrangers, et a tué 209 journalistes palestiniens depuis un an et demi.

Sepideh Farsi est la cinéaste franco-iranienne qui travaillait avec Fatima Hassouna. La réalisatrice a recueilli ses images de Gaza afin de réaliser un film dont Fatima Hasouna est l’héroïne, un film à travers son regard. La réalisatrice était en contact presque quotidien avec la photojournaliste de Gaza : «Elle partageait avec moi ses peurs, les ravages, les restrictions. J’ai vu en direct des frappes autour de ‘Fatem’, j’entendais son cri. Je me demandais si elle allait reprendre le téléphone portable qui venait de tomber de sa main après les bombardements» raconte la réalisatrice au Monde.

Le film «Put your soul on your hand and walk» est terminé, et il vient d’être sélectionné au festival de Cannes 2025. Fatima Hassouna ne profitera pas de cette nomination.

En dehors de son travail de photojournaliste, elle s’engageait pour aider les enfants de Gaza traumatisés, dans une école transformée en refuge pour les déplacés. «Elle organisait des ateliers d’écriture pour les enfants».

Elle avait publié, quelques heures avant de mourir, des photos du coucher de soleil sur le territoire palestinien, prises de chez elle, accompagnées de ces mots : «C’est le premier coucher de soleil depuis longtemps.»

Elle avait aussi laissé un texte en guise de testament, sentant la mort omniprésente rôder autour d’elle : «Si je meurs, je veux une mort retentissante. Je ne veux pas être une simple brève dans un flash info, ni un chiffre parmi d’autres. Je veux une mort dont le monde entier entendra parler, une empreinte qui restera à jamais, et des images immortelles que ni le temps ni l’espace ne pourront enterrer.»

Si Fatima Hassouna n’était pas une personnalité reconnue pour son film documentaire sélectionné à Cannes, Israël, dans ses mensonges systématiques, aurait probablement affirmé qu’elle était une «terroriste». Les centaines de milliers de victimes palestiniennes ne sont pas des statistiques abstraites, elles ont des histoires, des combats, des talents, des gens qui les aimaient. Ne les oublions jamais.

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