Bétharram : la sauvagerie tranquille de la bourgeoisie


François Bayrou a exposé ses propres enfants à des violences par idéologie


François Bayrou, notable de Pau, catholique réac et dont les enfants ont été scolarisés à Bétharram, fait un discours en tant que Premier Ministre devant un pupitre où s'affiche "La vérité permet d'agir".

François Bayrou, c’est l’incarnation du notable de province, de cette bourgeoisie de droite bien pensante, sûre d’elle même. Celle qui prône les «bonnes» valeurs morales et religieuses, qui s’oppose aux droits des personnes homosexuelles et à tout progrès pour les minorités, soi-disant pour «protéger les enfants» et «préserver les traditions». Cette bourgeoisie tranquille, sereine, père de famille et écoles privées, qui présente bien. Mais qui n’hésite pas à couvrir l’indicible et à faire régner l’omertà concernant des actes de torture et la barbarie pouvant frapper ses propres enfants par idéologie, pour préserver les apparences.

La fille de Bayrou a elle-même été tabassée

Nouvelle révélation dans l’affaire du pensionnat catholique Notre-Dame de Bétharram, repaire pédocriminel. La fille de François Bayrou vient de sortir du silence. Mardi 23 avril, après des mois de polémiques et de révélations, elle raconte avoir elle-même été victime, alors qu’elle avait 14 ans, d’agressions lors d’un camp d’été organisé par la congrégation à laquelle appartient l’établissement.

«Dans cette colo, on était une quarantaine, moniteurs inclus. Un soir, alors qu’on déballe nos sacs de couchage, [le père] Lartiguet me saisit tout d’un coup par les cheveux, il me traîne au sol sur plusieurs mètres et me roue de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps, surtout dans le ventre. Il pesait environ 120 kilos» raconte-t-elle.

«Pour parler crûment, je me suis urinée dessus et suis restée toute la nuit, comme ça, humide et prostrée dans mon duvet», ajoute la fille du Premier Ministre, qui est aujourd’hui âgée de 53 ans.

«Bétharram était organisé comme une secte ou un régime totalitaire exerçant une pression psychologique sur les élèves et les enseignants, pour qu’ils se taisent» dit-elle. C’est un système de violence industrielle sur les enfants qui apparaît de plus en plus nettement : élèves tabassés, terrorisés, violés, pendant plusieurs décennies. Signe de l’impunité totale du personnel de Notre-Dame de Bétharram, même la fille du maire de Pau, donc d’un personnage important localement, pouvait être frappée.

La fille de François Bayrou précise qu’elle n’a pas raconté cet épisode à son père. Mais comment des parents n’ont-ils pas remarqué les vêtements de leur fille adolescente couverts d’urine ? Comment ont-ils pu ignorer qu’elle était revenue traumatisée d’une colo ? Et comment ont-ils pu laisser leurs propres enfants aussi longtemps dans un établissement qui violente les enfants ?

Un réseau pédocriminel tentaculaire

Car le couple Bayrou connaissait parfaitement Notre-Dame de Bétharram. La preuve, l’épouse de l’actuel Premier Ministre y travaillait, en plus d’y scolariser ses enfants !

L’institut catholique est désormais visé par plus de 200 plaintes pour violences physiques, agressions sexuelles et pédocriminelles entre 1950 et 2010. 60 années pendant lesquelles un nombre incalculable d’enfants a subi l’innommable. Probablement plusieurs centaines, sachant que la majorité des victimes de tels actes ne portent jamais plainte. Des générations de traumatisés. Un collectif d’anciens pensionnaires a été crée en 2023 devant l’inaction des pouvoirs publics, malgré les multiples signalements.

Dès 1996, la première affaire éclatait au grand jour : un jeune garçon de 14 ans avait perdu une partie de son audition après avoir été frappé par un surveillant. Son père avait eu le courage de briser l’omertà : il s’était mobilisé, avait distribué des tracts pour que l’agression ne reste pas impunie. Le surveillant avait été condamné. Dès lors, même avec toute la mauvaise volonté du monde, le couple Bayrou ne pouvait pas ignorer ce qui se passait dans l’établissement.

Bayrou soutient pourtant qu’il ne savait rien. Dans la même classe que le garçon mutilé à l’oreille se trouvait un dénommé Calixte Bayrou. Le fils du Premier Ministre.

Sur France 2, un ancien élève a trouvé le courage de témoigner il y a quelques semaines : il dit avoir été utilisé comme «sextoy» humain pendant des années par le directeur de l’établissement, le prêtre Carricart, qui avait été couvert par François Bayrou et qui s’est suicidé lorsque des enfants ont porté plainte contre lui.

Une ancienne professeure de l’établissement, Françoise Gullung indique elle aussi «avoir écrit au rectorat, au conseil général – présidé par un certain François Bayrou – et en avoir parlé directement à l’élu lors d’une remise de médailles, après avoir également tenté de sensibiliser sa femme, qui enseignait le catéchisme sur place» écrit Médiapart. C’était dans les années 1990, et il ne s’est rien passé.

Des familles avaient même écrit à Bayrou lorsqu’il était Ministre de l’Éducation. Et pourtant, la femme de Bayrou s’était rendue aux obsèques du prêtre pédocriminel. Pire, François Bayrou est personnellement intervenu auprès du juge Christian Mirande, alors même que le secret de l’instruction avait toujours court, pour demander des informations confidentielles sur l’affaire. Ce qu’il dément aujourd’hui. Bayrou a même osé affirmer : «Je ne connaissais pas le père Carricart… Jamais je n’ai été au courant de cette histoire à ce moment-là, jamais je n’ai entendu parler des accusations de viol». Avant de changer de version, et de reconnaître un «bref échange» avec le juge pendant l’enquête, mais sans «interférer avec l’instruction». Bien sûr.

Sur la chaine TMC, Ange Mur, ancien surveillant de l’établissement, a reconnu au mois de février dernier qu’il frappait les enfants. Ce surveillant, qui est aujourd’hui maire d’une commune proche de Bétharram, a même justifié dans cet entretien les actes pédocriminels. Selon ses mots, les enfants violés par le prêtre Carricart étaient facilement repérables, car ils étaient «maniérés» et donc, selon lui, se «posaient des questions sur la sexualité». Non seulement Ange Mur reconnaissait que ce prêtre était un prédateur qui sélectionnait ses victimes, mais il rendait responsable les enfants violés de l’avoir bien cherché, en étant «maniérés». Sous-entendu : efféminés. Une touche d’homophobie pour justifier des crimes. Cet homme devrait être poursuivi pour complicité.

Trumpisme à la française : tout le monde se trompe, sauf François Bayrou

Début avril, un ancien gendarme et un ex-juge qui ont enquêté sur des viols pédocriminels ont tous les deux assuré que François Bayrou était personnellement intervenu dans cette affaire. Ils ont maintenu ces informations devant une commission d’enquête parlementaire.

Pourtant, le 11 avril, François Bayrou affirmait toujours qu’il n’était «absolument pas» intervenu dans l’affaire. Le Premier Ministre avait riposté par cette phrase incroyable : «Les juges et les gendarmes, vous savez, ça se trompe comme les autres».

Selon Bayrou, un gendarme se trompe, un juge se trompe, une enseignante se trompe… sans doute que sa propre fille aussi se trompe ? Tout le monde fait erreur, sauf lui. Ce n’est pas Bayrou qui ment, c’est le monde entier qui a tort. Cette stratégie, choquante et grotesque, est un copier-coller de celle utilisée par Donald Trump : réécrire le réel, ne jamais reconnaître une erreur, inverser les faits, envers et contre tout.


François Bayrou n’a pas hésité à exposer ses propres enfants à l’enfer de Bétharram pour préserver les apparences de bon père de famille catholique. Il dirige aujourd’hui la France.


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