Nous savons tous que l’Amazonie, «poumon» forestier de la planète, est menacée. On sait moins qu’au cœur de ce trésor vert, des compagnies pétrolières font transiter des hydrocarbures et saccagent l’environnement.

Au Pérou, la compagnie pétrolière Petroperú est responsable de l’empoisonnement récurrent de terres indigènes situées dans la forêt amazonienne. Ses oléoducs, qui traversent les terres des communautés autochtones, sont mal entretenus et provoquent régulièrement des fuites d’hydrocarbure dans la forêt et les cours d’eau, sans que les autorités nationales ne réagissent. La dernière pollution en date remonte au 19 mars et a frappé 3.800 familles dont l’eau et les lieux de vie ont été touchés par une marée noire.
Le 21 avril, 500 membres de la communauté Awajún, un peuple indigène du Pérou, ont donc pris d’assaut un oléoduc, et en particulier une station pétrolière située sur son parcours. Ils réclament une aide urgente du gouvernement suite aux marées noires à répétition qui frappent leur territoire, car aucune indemnisation n’a été versée.
Le porte-parole du peuple Awajún du district de Manseriche, qui se trouve le long de la rivière Marañón, un affluent de l’Amazone touché par la pollution, a annoncé une grève et une prise de contrôle territoriale de l’oléoduc : «Ni le gouvernement national ni le gouvernement régional n’ont voulu intervenir auprès de la population concernant les déversements. Pas une seule goutte d’eau ni de nourriture n’a été fournie, malgré la contamination des cours d’eau». «Tout le district est paralysé. Aucune activité publique ou privée à proximité de la station ainsi que de tous les transport sont à l’arrêt» ont déclaré les manifestants, qui ont aussi bloqué une autoroute.
En décembre dernier, une énième catastrophe environnementale frappait la côte nord du Pérou. Selon Petroperú, des fuites d’hydrocarbures ont eu lieu lors d’un chargement de pétrole au niveau d’un terminal sous-marin au large de la côte. Quatre plages ont été touchées par la pollution. Cette marée noire ne touche pas que l’écosystème marin, mais aussi les communautés locales qui dépendent de la pêche et du tourisme.
En février 2022 un oléoduc avait fui au beau milieu d’une autre réserve naturelle d’Amazonie, déversant plus de 6.000 barils de pétrole et provoquant des dégâts considérables pour l’écosystème et les habitant-es. En janvier de la même année, une marée noire avait également eu lieu sur les côtes du Pérou : 11.900 barils de pétrole répandus en mer à cause d’une fuite lors du déchargement d’un pétrolier. Et ce ne sont pas les seules catastrophes provoquées ces dernières années par les firmes pétrolières dans le pays.
En riposte, les communautés indigènes se mobilisent régulièrement. Avant l’assaut contre l’oléoduc survenu il y a quelques jours, d’autres actions de piraterie ont eu lieu. En juin 2023, le peuple Kukama avait intercepté, à l’aide de canoës, des barges transportant du pétrole sur l’un des fleuves de l’immense forêt, avant de capturer ces navires. Un abordage «à l’aide de cocktails Molotov», expliquait la compagnie pétrolière canadienne Petrotal, à qui appartiennent les bateaux. L’une des barges était chargée de 40.000 barils de pétrole.
En mars 2023, une plateforme pétrolière en Amazonie péruvienne avait été occupée, et des indigènes avaient aussi bloqué le passage des pétroliers sur une rivière. En octobre 2023, plusieurs représentants du peuple Wampis avaient occupé une plateforme de la compagnie Petroperú pour exiger le nettoyage de leur terre, et promettaient que «plus aucune goutte de pétrole ne passera dans leur territoire» tant qu’ils n’étaient pas entendu.
En Amazonie, on trouve aussi une firme française, le pétrolier Perenco, l’une des entreprises pétrolières les plus polluantes et les moins respectueuses des communautés locales. L’ancien dirigeant du groupe se nomme Jean-Michel Runacher, père d’Agnès du même nom, actuelle Ministre de la transition écologique et du climat…
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