Le PS viré de la manifestation parisienne : les médias fabriquent une polémique


Quelques rappels à destination des médias dominants


Jérôme Guedj, entouré de micros, se fait virer de la manifestation parisienne du 1er Mai car le PS est un parti de traîtres.

C’est la polémique fabriquée par les médias des milliardaires pour le 1er mai. Jérôme Guedj, membre de l’aile droite du Parti Socialiste, qui passe l’essentiel de son temps sur les plateaux de Cnews et de BFM pour défendre Israël et taper sur la France Insoumise, a été «chassé» de la manifestation à Paris.

En réalité, l’opération semblait bien organisée. Le PS avait posé son stand aux abords du cortège, avec un service d’ordre musclé, et invité de nombreux médias. Inévitablement, des manifestants sont venus chahuter le stand en scandant «tout le monde déteste le PS». Hop, les images étaient dans la boite, le sujet du soir était prêt. D’ailleurs, l’intégralité des médias n’a parlé que de ça. Les revendications de la manifestation ? Passées à la trappe. Le plan d’austérité XXL ? Oublié. La Palestine ? Pas un mot. Non, l’actu à retenir du 1er mai, c’est Jérôme Guedj chassé du cortège.

Ce dernier, visiblement très fier de son coup, a pu se répandre en insultes sur les chaînes de télé. Il s’en est pris aux «crétins décérébrés, pseudo-antifas et cagoulés de noir» et il a remercié les «forces de l’ordre pour leur efficace et tonique intervention». Car en effet, ce chahut a provoqué une charge policière violente contre la manifestation. Entre une manifestation sociale et la police de Retailleau, Guedj a choisi. Les éditorialistes ont embrayé en cognant comme à leur habitude sur la France Insoumise et les «black blocs».

Cette affaire est un copier-coller de l’année dernière : le 1er mai 2024, le candidat du Parti Socialiste et de Place Publique Raphaël Glusckmann était hué à la manifestation de Saint-Étienne et avait dû quitter le cortège. Cela avait déjà provoqué un psychodrame médiatique.

Cette année, la polémique, déjà grotesque, est devenue obscène lorsqu’un autre socialiste, Nicolas Mayer-Rossignol a osé déclarer que son camarade aurait été «viré parce qu’il est juif». Mensonge odieux et instrumentalisation maximale.

Enfin, Jérôme Guedj, devant les caméras, a eu le culot de désigner ses opposants comme des «ennemis des travailleurs». Lui, dont le parti a laminé la vie des travailleurs. Ainsi, il est temps de répondre à cette question que les médias n’ont toujours pas intégrée : que peuvent bien reprocher des manifestants de gauche au Parti Socialiste ?

Pour aider nos confrères journalistes à répondre à cette lancinante question, nous avons quelques débuts d’explications sur cette légère animosité. Quand il était au pouvoir avec François Hollande, le Parti Socialiste a :

  • Imposé la Loi travail par 49.3, qui dérégulait les droits des travailleurs, malgré un puissant mouvement social.
  • Généralisé l’usage du Lanceur de Balles de Défense, qui mutile massivement.
  • Tué Rémi Fraisse pour imposer un projet de barrage, puis réprimé les manifestations qui lui rendaient hommage.
  • Tenté d’expulser la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, mutilant et blessant des centaines de personnes.
  • Instauré l’état d’urgence et assigné à résidence des musulmans et des écologistes.
  • Voté la déchéance de nationalité.
  • Offert 100 milliards d’euros aux patrons avec le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), sans aucune contrepartie. Les patrons n’ont évidemment pas utilisé cet argent pour embaucher. Si une telle somme avait été directement redistribuée à des travailleurs, cela aurait représenté des centaines de milliers d’emplois.
  • Placé Manuel Valls comme Premier Ministre, alors qu’il incarnait la droite du parti, et était ultra-minoritaire au sein même du PS. Après avoir élevé l’islamophobie au rang d’idéologie d’État et soutenu Macron, il répand ouvertement ses idées d’extrême droite sur CNews.
  • Voté la loi «permis de tuer», qui a «assoupli» la possibilité de tirer pour les policiers. Depuis, le nombre de tués par la police a explosé. La mort de Nahel est le résultat direct de cette loi.
  • Créé le délit «d’apologie de terrorisme», qui sert aujourd’hui à réprimer les opposants politiques.
  • Propulsé Macron, obscur banquier, sur le devant de la scène politique, avant de le porter au pouvoir, avec toutes les conséquences horribles que nous connaissons.

Depuis sa quasi disparition, le PS a :

  • Passé plus de temps à diffamer la France Insoumise qu’à s’opposer à Macron.
  • Réclamé l’interdiction de toutes les manifestations pour la Palestine (Carole Delga, octobre 2023).
  • Raphaël Gluckmann a déclaré l’an dernier que «la direction de Science Po a le droit de décider d’évacuer» les étudiant-es pro-palestiniens, plutôt que de dénoncer la répression gouvernementale.
  • Obtenu un grand nombre de sièges de députés dans le cadre du Front Populaire, bien supérieur au poids réel du PS, profitant de la menace d’une victoire du RN et des appels à «l’unité», avant de trahir l’accord dès le lendemain de l’élection.
  • Refusé de voter la censure du gouvernement Bayrou, ce qui a permis l’adoption d’un plan d’austérité massif, et le maintien d’un Ministre raciste comme Bruno Retailleau, avec des conséquences catastrophiques.
  • Manuel Valls a intégré le gouvernement de droite extrême de Bayrou.
  • Le parti n’a pas dit un mot sur les dissolutions et l’autoritarisme de Macron.

Le PS porte une écrasante responsabilité dans l’effondrement de la gauche, la militarisation de la police, l’hégémonie de l’extrême droite dans le débat politique, la casse des conquêtes sociales, le recul du droit de manifester, le soutien «inconditionnel» à Israël… Le mandat Hollande n’a été qu’une longue descente aux enfers sur tous les plans, dont Macron n’est qu’un enfant dégénéré.

Voilà, peut-être, pourquoi le représentant de ce parti qui a fait tant de mal n’est pas accueilli avec des fleurs et des acclamations en manifestation, qui plus est dans une ville ouvrière durement touchée par les politiques néolibérales. Et ce sont ces responsables socialistes, ceux qui ont littéralement tiré sur les manifestations quand ils étaient au pouvoir, qui appellent à «l’unité» et s’offusquent pour quelques huées de ceux qu’ils ont méprisé et brisés ?

Pour finir, contrairement à ce que font croire les médias, l’éviction de Jérôme Guedj n’a rien d’extraordinaire : Glucksmann l’an dernier ou la secrétaire de la CFDT Nicole Notat qui avait trahi les travailleurs en grève, avait été virée des cortèges en 1995 pour bien moins que les innombrables méfaits listés ci-dessus. La vraie provocation a été d’installer un stand du PS dans une manifestation.

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