Insolite : la police a-t-elle rejoint la lutte écologiste et anticapitaliste ?


Le siège d’Axa repeint, 28 interpellations : récit


Une photographie prise ce mercredi 14 mai à Nantes, où l'on voit des policiers en uniforme brandir une grande banderole verte contre la firme pétrolière Total et son assurance, la compagnie Axa.

Sur cette photographie prise ce mercredi 14 mai à Nantes, on voit des policiers en uniforme brandir une grande banderole verte contre la firme pétrolière Total et son assurance, la compagnie Axa. Au premier abord, on peut se demander si les agents ont rejoint le combat contre les entreprises écocidaires et partenaires du génocide.

Mais non ! L’image est belle, mais trompeuse. Ce sont bien une trentaine de militants et militantes d’Extinction Rébellion qui étaient présents ce matin au siège de la direction d’Axa et qui ont subi la répression. Le collectif écologiste avait prévenu : le mois de mai verra fleurir les initiatives contre Total et ses soutiens.

Après les agences Caisses d’Épargne et Banque Populaire à Nantes, ils se sont donc donnés rendez-vous ce mercredi au matin pour bloquer l’entrée du siège d’Axa. Une grande banderole sur laquelle on peut lire « Total détruit, Axa s’en assure » est déployée, du faux pétrole est déversé sur les marches et la façade vitrée est repeinte. Leur but est d’empêcher les salarié·es d’Axa de pénétrer dans le bâtiment.

C’est compter sans la police, toujours aux ordres du capital. Après seulement quelques minutes, des dizaines de policiers débarquent et procèdent à l’interpellation de presque toutes les personnes présentes, qui continuent de chanter dans la bonne humeur. Pourtant, les interpellations ne se font pas sans violence : clés de bras et étranglements se succèdent pour l’interpellation de 28 personnes, pour une simple banderole et de la peinture à l’eau.

Au commissariat, le cirque continue. L’une des personnes interpellées raconte : «Même si on connaît la musique, c’est toujours assez incroyable de voir un tel dispositif déployé pour une action non violente… On entend des « action de pd », « ça pue le bicot » de la part des policiers.» Racisme et homophobie, le combo préféré de la police. Malgré leurs tentatives d’intimidations et menaces, par exemple : «On va prendre tes empreintes de force, on s’y mettra à 4 sur toi s’il le faut», les militantes et militantes sont presque tous relâché·es.

La tactique est bien rodée : il s’agit de faire peur aux militant-es afin de les dissuader de participer à toute opération de désobéissance civile et de procéder au fichage massif des activistes. Les deux seules personnes placées en garde à vue étaient relâchées au bout de quelques heures… Pour rappel, lors du blocage de l’AG d’Amundi – un actionnaire de Total – en mai dernier ce sont plus de 200 personnes qui avaient été interpellées puis relâchées sans aucune poursuite.

Le communiqué de presse d’Extinction Rébellion rappelle qu’Axa «est une multinationale française, leader mondial des assureurs qui a réalisé plus de 110 milliards de chiffre d’affaires et a reversé trois quarts de ses bénéfices à ses actionnaires. Comment fait-elle ? En assurant les projets écocides de Total. En effet, Axa assure l’expansion des projets de gaz naturel liquéfiés (GNL), expansion largement menée par Total, qui souhaite augmenter de 50% sa production de GNL d’ici 2030.

En particulier, Axa soutient Cameron LNG, un des plus grands terminaux du Golfe du Mexique, détenu à plus de 16% par TotalEnergies. L’assureur français couvre également Freeport LNG, un terminal de gaz de schiste au Texas qui émet 75 Millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent d’un quart des émissions domestiques françaises, ainsi que Calcasieu Pass, un des plus gros terminaux GNL en Louisiane. Par ailleurs, Axa est investi dans 4 des 9 obligations perpétuelles de Total, autrement dit des prêts sans échéance à Total qui indiquent donc un soutien sur des dizaines d’années.»

La complicité avec le génocide commis par Israël est également pointée du doigt, ainsi que l’argent que se fait l’entreprise dans la guerre en Ukraine : «Axa finance diverses entreprises d’armements impliquées dans le génocide en Palestine. Par ailleurs, Axa soutient la guerre en Ukraine en assurant le terminal Zeebruge, principal importateur de gaz russe en Europe. Axa semble donc se spécialiser dans les entreprises de mort.»

Les revendications du collectif sont claires : «L’exclusion d’assurance complète du pétrole et du gaz, dont le gaz naturel liquéfié ; le retrait financier des entreprises impliquées dans de nouveaux projets fossiles ; le retrait financier des entreprises impliquées dans le génocide en Palestine ; la dénonciation publique des fournisseurs d’armes à Israël.»


Des choses qu’il semble impossible de revendiquer dans notre État fascisant qui veut faire taire toute voix dissonante.


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