Ils l’avaient annoncé, ils sont en train de le réaliser.

Le 6 mai, le ministre fasciste israélien Smotrich promettait que «Gaza serait totalement détruite» ou encore «nous occuperons Gaza pour y rester». Il affirmait que la population gazaouie, seraient déplacée.
Le 5 mai, Netanyahou annonçait une «opération musclée à Gaza» et que «les forces israéliennes n’interviendront pas pour ensuite se retirer. Nous ne sommes pas là pour ça. L’objectif est tout autre». Le porte-parole de l’armée israélienne allait dans le même sens : «L’opération inclut une attaque de grande envergure [et] le déplacement de la plupart de la population de la bande de Gaza». Ce projet génocidaire, énoncé avec clarté, était fixé pour la mi-mai.
Il restait alors une dizaine de jours pour empêcher la tragédie annoncée par des sanctions massives contre Israël. Les dirigeants occidentaux n’ont rien fait. Nous y sommes. Vendredi 16 mai, les bombardements ont redoublé d’intensité sur Gaza. La défense civile palestinienne a dénombrée plus de 100 morts hier. La nuit dernière, 58 autres victimes ont été comptabilisées. Plus de 300 habitants ont trouvé la mort depuis jeudi. Des chiffres provisoires et sous évalués.
L’armée israélienne a confirmé l’intensification de son offensive sur le territoire palestinien et son intention de prendre le contrôle de zones de l’enclave, dans le cadre des «étapes» annoncées par Netanyahou. Dès le début de la semaine, l’un des derniers hôpitaux restants de la bande de Gaza avait été bombardé.
Génocide
Dans le grand quotidien hollandais NRC, sept grands spécialistes du génocide, dont des experts renommés de l’Holocauste, décrivent les actions d’Israël à Gaza comme un génocide. Parmi eux, des spécialistes de la Shoah et les directeurs de centres de recherche sur le génocide, notamment des chercheurs d’Israël, des États-Unis, du Royaume-Uni, d’Australie et des Pays-Bas.
Tous disent la même chose : les actions d’Israël correspondent bien aux définitions historiques et juridiques d’un génocide. Ils soulignent que ce type de crime de masse est un processus, et donc que mettre en concurrence le nombre de victimes ou comparer des situations différentes n’est pas pertinent.
Un génocide renvoie à des politiques délibérées — comme la famine forcée, le déplacement et les massacres de masse — qui visent à détruire un groupe, en tout ou en partie. De plus, ces actes sont accompagnés de propos racistes et déshumanisants pour un peuple entier. C’est exactement ce qui se passe, sous nos yeux, à Gaza.
Famine organisée
96% de la population de Gaza est en haut niveau d’insécurité alimentaire. 500.000 gazaouis font face à la famine. Ces derniers jours, des photos d’enfants décharnés circulent sur internet, évoquant les pages les plus noires de l’histoire humaine.
En effet, Israël empêche toute nourriture et aide humanitaire d’entrer à gaza depuis plus de deux mois et demi, c’est-à-dire depuis le 2 mars. «Parfois on est obligé de manger des herbes parce qu’on ne trouve pas de légumes», témoigne Ziad Medour, directeur du département français de l’université de Gaza ville. Une femme interrogée explique : «Les enfants ne se sentent pas bien. Ils s’évanouissent dans la rue à cause de la faim». Les travailleurs humanitaires eux-mêmes manquent d’eau et de nourriture.
L’organisation Médecins Sans Frontières tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : «Nous assistons en direct à la création des conditions pour une éradication des Palestiniens à Gaza» et accuse Israël de tenter de lier l’aide dans la bande de Gaza à un déplacement forcé de ses habitants. L’ONG Human Rights Watch accuse Israël d’avoir fait du blocus un outil d’extermination de la population.
Journalistes qualifiés de terroristes
Le 13 mai, le journaliste Hassan Aslih était assassiné par une frappe israélienne, alors qu’il était soigné dans un hôpital après avoir été blessé le 7 avril. Il avait échappé une première fois à la mort alors qu’une bombe avait visé une tente utilisée par des journalistes. Deux de ses confrères avaient alors été tués : Hilmi al-Faqaawi, qui travaillait par une agence de presse, et Ahmad Mansour, employé de l’agence Palestine Today.
L’armée israélienne a assumé d’avoir frappé un lieu de soin pour tuer ce journaliste – ce qui est une combinaison de crimes de guerres immoraux et gravissimes. Elle a présenté Aslih comme «un terroriste […] agissant sous couverture de journaliste et de dirigeant une société de presse». Pour Israël, les journalistes sont terroristes, les hôpitaux sont des bases arrière du terrorisme, la nourriture sert à ravitailler les terroristes, ce qui justifie ainsi tous les pires crimes. La vie même des palestiniens sera bientôt qualifiée de terroriste.
Gaza est le plus grand cimetière de journalistes au monde, avec plus de 200 reporters tués en moins de deux ans, un chiffre qui dépasse ceux des conflits mondiaux du siècle dernier.
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