Les déclarations génocidaires ne sont pas hors sol dans la société israélienne : elles reflètent l’idéologie d’une majorité de la population.

On ne compte plus les déclarations génocidaires dans les cercles de pouvoir israéliens. Le vice-président de la Knesset, Nissim Vaturi, un proche de Netanyahou, incite à l’exécution massive du peuple de Gaza, à «effacer la bande de Gaza de la surface de la terre», et affirme qu’il n’y a «pas d’innocent» sur ce territoire. Il a également qualifié les Palestiniens de «sales ordures et sous-humains» et menace la ville de Jénine, en Cisjordanie, de destruction totale, en déclarant : «Nous allons bientôt transformer Jénine en Gaza».
Des parlementaires défendent publiquement l’idée de massacrer des enfants, de «raser» ou de «détruire» le territoire, et de bombarder les derniers stocks de nourriture dans l’enclave palestinienne. Le ministre Smotrich assume : «Nous détruisons tout ce qui reste à Gaza car le monde ne fait rien pour nous arrêter».
Ces déclarations ne sont pas hors sol dans la société israélienne : elles reflètent l’idéologie de la majorité de la population. Nous n’assistons pas seulement à un génocide en direct sous nos yeux, nous pouvons aussi observer une société entière, décrite comme «moderne» et «démocratique», bâtie sur la colonisation, devenir presque totalement fasciste et désirer collectivement l’extermination d’un peuple.
En effet, un nouveau sondage estime que que 82% des israéliens juifs soutiennent le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza. En d’autres termes, 8 israéliens sur 10 approuvent le projet de nettoyage ethnique de Netanyahou. Ce sondage a été réalisé par l’Université d’État de Pennsylvanie au mois de mars, et vient d’être rendu public par le journal israélien Haaretz.
Cette soif de sang ne se limite pas à Gaza : 56% des personnes interrogées souhaitent l’expulsion des Palestiniens de la Cisjordanie occupée. C’est-à-dire un État israélien ethniquement «pur», dont les palestiniens auraient totalement disparus.
Ce sondage donne un aperçu de l’univers mental d’une grande partie de la population : 47% des sondés ont répondu «oui» à la question : «Soutenez-vous l’affirmation selon laquelle [l’armée israélienne], en conquérant une ville ennemie, devrait agir d’une manière similaire à celle des Israélites lorsqu’ils ont conquis Jéricho sous la direction de Josué, c’est-à-dire tuer tous ses habitants ?» Il s’agit d’une référence au récit biblique de la conquête de la ville Jéricho, l’une des plus vieilles villes du monde.
Les colons messianiques, qui conçoivent l’élimination des palestiniens comme une mission divine, ont gagné la bataille des idées en Israël. Ces suprémacistes estiment que la colonisation est un devoir religieux pour faire advenir la fin des temps. Rien ne les différencie de fanatiques terroristes d’autres religions.
Les références bibliques sont d’ailleurs omniprésentes dans l’opération criminelle en cours. L’assaut actuel sur Gaza se nomme «Chariot de Gédéon», une autre référence à l’Ancien Testament : un épisode dans lequel Gédéon mène les hébreux sur ordre de Dieu et massacre l’armée d’un peuple ennemi par la ruse.
Pour autant, selon le sondage de l’université Penn State, 70% des juifs «laïcs», qui sont en principe considérés comme plus progressistes, soutiennent aussi l’expulsion massive des palestiniens de l’enclave. Et seulement 9% des hommes juifs israéliens de moins de 40 ans, c’est-à-dire la classe d’âge qui sert dans l’armée de réserve, est totalement opposé aux idées d’expulsion et de transfert.
Un autre sondage réalisé par la chaîne israélienne 13 le 20 mai a mesuré que 53% des israéliens estiment qu’il ne faut pas autoriser l’entrée d’aide humanitaire à Gaza, seulement 34% pense qu’il faut la laisser entrer, et 13% ne se prononcent pas. Et ce sondage comprend tous les citoyens israéliens, donc aussi la minorité palestinienne ayant la citoyenneté.
Ces chiffres terrifiants confirment de précédentes enquêtes. En août 2024, un sondage mesurait que 47% des Israéliens de confession juive pensaient que leur armée ne devait pas tenir compte du droit international ni des valeurs morales dans le cadre de l’offensive à Gaza.
En octobre, un sondage révélait que 80% des Israéliens «soutenaient» l’offensive au Liban, et 90% des israéliens juifs. Il n’y a pourtant ni otages, ni Hamas au Liban. En juin, 40% des Israéliens se disaient favorables à ce que leur armée prenne le pouvoir à Gaza après la guerre. En février, l’Institut israélien de la démocratie montrait que 68% des Israéliens juifs s’opposaient au «transfert de l’aide humanitaire à Gaza».
Les chansons les plus écoutées en Israël appellent à exterminer les palestiniens. Les soldats, qui sont des jeunes issus de la société civile, se filment fièrement sur les réseaux sociaux en train de commettre des crimes de guerre, sans la moindre réprobation.
On aimerait croire à un sursaut intérieur qui mettrait fin au cycle d’horreurs coloniales, mais la réalité est que Netanyahou n’est pas isolé dans sa fuite en avant exterminatrice. S’il se permet d’aller aussi loin, c’est parce que la majorité de la population le suit, il n’a même jamais été aussi populaire. La société israélienne communie désormais dans une même pulsion fasciste, raciste et messianique.
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