Sur France Inter : une page de pub pour le Salon du Bourget, vitrine mondiale de la guerre

Des avions de chasse au Salon du Bourget avec, au premier plan, le publi-reportage de France Inter.

C’est un véritable publi-reportage pour le Salon du Bourget qui a été diffusé sur France Inter mardi 10 juin. Son auteur se nomme Emmanuel Duteil, et il ressemble davantage à un lobbyiste qu’à un journaliste, puisqu’il officie au sein de la revue économique «L’Usine nouvelle», éditée par le Groupe Industrie Services Info et destinée au monde de l’entreprise.

Sur les ondes du service public, une page de propagande en faveur du Salon du Bourget, «le plus grand événement mondial dédié à l’aéronautique et à l’espace», et dont l’édition 2025 «s’annonce comme l’une des plus scrutées de la décennie». Pour cette année, «on est au maximum de ce que l’on peut installer» déclare l’organisateur, qui explique que 2.400 exposants issus de 48 pays vont se serrer sur les 70 hectares prévus pour l’événement. Ce n’est pas la crise pour tout le monde. Raison de plus pour se mobiliser contre cette édition.

Emmanuel Duteil rappelle qu’il s’agit d’abord d’un salon de l’aviation, qui va permettre à l’industrie aérienne de «montrer qu’elle redécolle pour de bon». Depuis quelques années, le Bourget est en effet une vitrine du greenwashing, où les industriels promettent une aviation «décarbonée» et des vols «propres». On oublierait presque que ce secteur est en grande partie responsable du chaos climatique.

Mais la grande spécificité mise en avant cette année est le militarisme. «Le salon va être très marqué par le bruit des canons» dit Emmanuel Duteil qui poursuit : «Le terme économie de guerre sera sur toutes les lèvres». En effet, le salon du Bourget sert à exposer les innovations militaires : «rafale, drones longue portée, satellites militaires, reconstitution de stocks de munitions». «Les chaînes de production tournent à plein régime» explique même l’intervenant avec gourmandise.

«Un tiers des exposants sont issus du secteur militaire, et le salon devient un immense théâtre diplomatique à ciel ouvert» précise le reportage, qui souligne que «les véritables tractations, elles, se font souvent à huis clos, dans les salons privés». Le Bourget est un lieu d’exposition ouvert au public, mais aussi un moment de rencontres discrètes entre dirigeants et fabricants d’armes, où l’on négocie de gros contrats.

«Depuis des mois, tous les grands industriels se battent pour pouvoir annoncer au Bourget le contrat le plus important par rapport à son concurrent». En revanche, ces industriels ne se «battent» pas lors des guerres : ils en tirent profit. Ce sont des sommes colossales qui sont négociées lors de tels salons, mais aussi des réseaux qui se tissent. En 2023, lors de la dernière édition, 150 milliards de dollars de contrats avaient été signés au Bourget.

Le service public a donc offert une tribune à la propagande capitaliste et militariste, tout en ignorant volontairement les conséquences réelles des guerres sur les vies, et en ne valorisant que la dimension économique des ventes d’armes.


À nous de faire entendre un autre son que celui des canons et des liasses de billets.


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