La tentative de briser le blocus de Gaza se poursuit, la mobilisation internationale aussi, de Paris au Caire, non sans difficultés.

Paris célèbre l’équipage du «Madleen»
Liesse populaire jeudi 13 mai au soir dans la capitale. Sur la Place de la République, des tentes ont été disposées depuis lundi pour soutenir l’équipage du Madleen, le voilier humanitaire attaqué par l’armée israélienne, et plus largement pour dénoncer le blocus.
Après plusieurs jours de détention, dont une partie à l’isolement total, l’eurodéputée Rima Hassan a été expulsée de force vers la France après avoir subi des privations de sommeil, comme le reste de l’équipage arrêté. À peine descendue d’avion, elle s’est rendue sans attendre Place de la République, avec sa tenue de prisonnière, où des milliers de personnes l’attendaient, y compris des élus Insoumis.
Aux côtés de deux autres membres de l’équipage, elle a rappelé que leur arrestation avait eu lieu dans les eaux internationales, à environ 185 km de la côte de Gaza : «Nous avons été kidnappés et ramenés de force». Israël a tenté de les forcer à reconnaître qu’ils sont entrés illégalement en Israël, ce qui est l’inverse de la réalité : le navire devait accoster à Gaza pour distribuer des denrées, et a été attaqué et emmené de force vers l’État colonial. L’élue franco-palestinienne a aussi raconté qu’elle avait pu rapporter un rameau d’olivier de son pays d’origine, où elle n’a jamais pu se rendre. Enfin, elle a annoncé qu’un autre bateau était déjà prêt à prendre le relais : «J’ai un mot à dire à Israël. Le prochain bateau est bientôt prêt à partir».
Cette libération ne doit pas faire oublier qu’Israël garde plusieurs membres de l’équipage dans ses geôles. Il manque le journaliste de Blast Yanis Mhamdi, l’ingénieur français Pascal Maurieras, ainsi que Mark Van Rennes, un militant néerlandais. Ils sont enfermés en toute illégalité depuis 5 jours.
La dictature égyptienne réprime le convoi pour Gaza
L’Égypte est une dictature dirigée par un autocrate mégalomane, le maréchal Al-Sissi, ami de Macron et des puissances occidentales. Ce militaire a confisqué le processus révolutionnaire et a instauré un régime encore plus autoritaire qu’avant.
Après la tentative du «Madleen», deux initiatives conjointes tentent de briser le blocus de Gaza par la route : le convoi «Soumoud» – «résistance» en arabe – parti de Tunisie, réunissant des milliers de personnes marocaines, algériennes, mauritaniennes et tunisiennes. Il devait rejoindre Le Caire avant d’organiser une grande marche vers la frontière avec Gaza. Ce convoi a été bloqué vendredi matin à l’entrée de la ville libyenne de Syrte, qui est contrôlée par le maréchal Khalifa Haftar. «Soumoud» est resté à l’arrêt à la demande du Caire.
En parallèle, des milliers de personnes venues de dizaines de pays devaient se retrouver au Caire pour une «Global March», une initiative conjointe qui devait partir en direction de Gaza avec le convoi. Mais le gouvernement d’Al-Sissi organise dans son pays la traque des pro-palestiniens.
«Nous vivons une situation catastrophique à l’aéroport du Caire. Des dizaines de personnes sont arrêtées sans justification, leur passeport confisqué, leur téléphone fouillé, parfois brisé, et certaines sont renvoyées de force. Ils sont privés de tout contact extérieur, harcelés par les autorités, intimidés, questionnés, menacés» explique un ressortissant français sur place. La police égyptienne organise un harcèlement systématique des personnes étrangères suspectées de se joindre au mouvement.
Les forces du régime ont aussi bloqué une quarantaine de participants à environ 45 km à l’est du Caire, «retenus en pleine chaleur avec interdiction de bouger» et passeports confisqués. D’autres ont été retenus dans leurs hôtels au Caire, battus, ou mis dans des bus vers des Centres de rétention. Une tentative de rassemblement a eu lieu sur la place Talaat Al-Harb, dans le centre de la capitale égyptienne, mais la police a bouclé la zone et empêché tout rassemblement.
Israël avait exigé mercredi que les autorités égyptiennes interdisent tout «acte de provocation» pour la Palestine sur leur territoire et toute «tentative d’entrée à Gaza». Le maréchal Al-Sissi, qui assiste sans réagir à un génocide depuis 20 mois à ses frontières, obéit.
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