Dans un contexte caniculaire, les banques décident de distribuer des milliards au secteur des énergies fossiles.

Nous ne sommes pas encore officiellement en été mais il fait chaud, très chaud en France. Une canicule précoce, avec des températures allant jusqu’à 38°C est en cours, avec un pic prévu samedi. Les nuits aussi seront qualifiées de «tropicales» par les météorologistes, avec un thermomètre qui ne descend pas au-dessous de 20°C, empêchant le repos réparateur des organismes. Météo France a lancé une alerte sur un tiers des départements. Le reste de l’Europe de l’ouest est également touché, notamment l’Espagne et le Royaume-Uni.
Cette canicule dès le mois de juin est liée au dérèglement climatique qui «accroît la fréquence et l’intensité des épisodes de chaleur, qui se produisent plus tôt et aussi plus tard dans l’année» explique Le Monde. Météo France estime que notre pays s’est déjà réchauffé de 1,9°C et qu’il a connu deux fois plus de vagues de chaleur après l’an 2000 (32) qu’avant (17). La France et ses voisins se réchauffent plus vite que le reste du monde, et les climatologues tablent sur une hausse des températures moyennes de 4°C en 2100 si l’on ne change rien.
Avec une telle hausse, les écosystèmes meurent ou changent profondément. L’agriculture française ne pourra plus produire de la même manière, l’Espagne et le sud de la France auront probablement des zones arides, avec toutes les conséquences que cela comporte en terme d’accès à la nourriture et à l’eau. La canicule actuelle survient d’ailleurs au moment de la période de croissance des arbres après une succession de crises, avec des sécheresses et des inondations, ce qui pourrait endommager le développement des fruits.
La chaleur ne frappe pas que chez nous. Dès le mois d’avril, l’Inde avait été touchée par une canicule extrême avec 10 à 11 jours de chaleur suffocante. Il avait fait 49°C au Koweït, 48°C au Pakistan, 47,6°C en Arabie saoudite… Des températures qui, sans climatisation et autres technologies énergivores, ne permettent pas aux mammifères que nous sommes de survivre.
C’est dans ce contexte que les banques décident de distribuer des milliards au secteur des énergies fossiles, pour accélérer encore le chaos climatique.
En 2021, les grandes banques avaient créé «l’Alliance bancaire mondiale pour le climat» – «Net Zero Banking Alliance» – et s’engageaient à organiser leurs investissements pour viser l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre en 2050. L’argent dirigé vers les industries fossiles avait un peu diminué pendant deux ans, mais l’opération de greenwashing a été de courte durée.
Début 2025, les plus grandes banques des USA sont sorties de cette alliance. Et l’on vient d’apprendre, grâce au rapport «Banking on Climate Chaos» réalisé par plusieurs ONG, notamment l’organisation Reclaim Finance, que les prêts aux industriels fossiles explosent.
Les 65 plus grosses banques mondiales ont accordé 750 milliards d’euros de financement aux entreprises du pétrole, du gaz et du charbon en 2024, contre 612 milliards d’euros en 2023, soit une hausse de plus de 22% en un an.
La moitié des financements est consacrée à la recherche d’énergies fossiles. La plupart des grands financiers de ces industries écocidaires sont étasuniens et japonais. La banque JP Morgan est le premier soutien des énergies fossiles, avec 46,24 milliards d’euros investis en 2024, soit 39% de plus que l’année précédente. Et cette augmentation a commencé avant l’investiture de Donald Trump, qui a nommé des climato-sceptiques et des lobbyistes du pétrole dans son gouvernement, et qui a lancé le slogan : «Drill, baby, drill» – «Fore, chéri, fore».
Le capitalisme français n’est pas en reste. BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, Crédit Mutuel et La Banque Postale ont accordé 20,39 milliards de dollars de financements à des société pétrolières, gazières et charbonnières, contre 15,92 milliards de dollars en 2023. Ces banques financent donc de plus en plus la recherche et l’exploitation de combustibles fossiles alors qu’il faudrait tirer le frein d’urgence.
Depuis l’entrée en vigueur de l’accord de Paris sur le climat en 2016, plus de 6.850 milliards d’euros ont été consacrés par les banques aux entreprises qui provoquent le chaos climatique.
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