
Le jeudi 19 juin 2025 est un jour à marquer d’une pierre blanche : celui où Israël a opéré un virage à 180 degrés, et s’est mis à dénoncer les attaques commises contre les hôpitaux. L’hôpital Soroka de Beersheba, situé dans le sud du pays, a subi le souffle d’une explosion, après qu’un missile iranien soit tombé à proximité.
Cet hôpital accueille notamment des soldats israéliens blessés à Gaza, donc les auteurs d’une opération génocidaire. Le porte-parole de l’hôpital précise néanmoins dans la presse : «Il n’y a pas de blessés graves parmi les patients ou le personnel, seulement des blessés légers et des personnes en état de choc». En effet, les images montrent des vitres soufflées et des faux plafonds tombés au sol, mais aucune destruction. Il semble que les frappes ne visaient pas l’établissement de soin à proprement parler – sinon il aurait été détruit – mais des sites militaires situés à quelques centaines de mètres. Aucun média ne dit qu’Israël utilise sa population comme «bouclier humain» et place des centres de soin près de cibles potentielles en cas de guerre.
Mais ce n’est pas le cœur du sujet. Immédiatement après ce blast près de l’hôpital Soroka, les dirigeants israéliens n’ont pas eu de mots assez durs pour condamner l’événement. Le ministre israélien de la Santé, Uriel Buso, a parlé d’un «acte terroriste qui franchit une ligne rouge». Prenons-le au mot : Israël commet alors beaucoup d’attentats terroristes et pulvérise des centaines de lignes rouges.
La vice-ministre israélienne des affaires étrangères, Sharren Haskel, a qualifié l’attaque de «délibérée» et de «criminelle». Benjamin Netanyahou, a lancé que l’Iran «paiera le prix fort» en représailles. Dans la foulée, le ministre de la Défense israélien assénait : «Ce sont des crimes de guerre parmi les plus graves» et «le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, ne peut être autorisé à continuer d’exister» suite à ces actes. S’il fallait tuer tous les responsables d’attaques d’hôpitaux, il n’y aurait plus personne au pouvoir en Israël.
Joshua Zarka, ambassadeur d’Israël en France, invité sur Cnews, a ajouté que «les Iraniens ont des missiles très précis. S’ils ont touché l’hôpital de Soroka, c’est qu’ils le voulaient». Dans le monde parallèle d’Israël, un missile envoyé depuis un territoire situé à 1500 kilomètres d’Israël est «très précis», mais les bombardements d’hôpitaux avec des missiles guidés et les avions les plus sophistiqués du monde survolant Gaza à basse altitude sont des dommages collatéraux.
Le président de la Knesset, Amir Ohana a voulu aller encore plus loin : «Nous sommes témoins de crimes de guerre. Le régime des ayatollahs vise des civils !» Faut-il rire ou pleurer ?
Depuis le début du génocide à Gaza, en octobre 2023, l’armée israélienne a mené près de 700 attaques contre des infrastructures médicales. En mars 2024 : les deux tiers des 36 hôpitaux de Gaza ne fonctionnent plus selon l’ONU, la plupart ayant été entièrement dévastés, par exemple Al-Shifa, qui était le plus grand du territoire. Plus grave encore : Israël a organisé un blocus humanitaire empêchant le matériel de soin d’entrer à Gaza. Des médecins palestiniens disent avoir amputé des enfants sans anesthésie faute de produits nécessaires.
En avril 2025, l’armée israélienne avait déjà tué plus de 1300 médecins et infirmiers et arrêté plus de 310 d’entre eux. Depuis octobre 2023, plus de 400 travailleurs humanitaires ont aussi été assassinés à Gaza.
En mars, l’armée israélienne a tendu une embuscade à 15 secouristes dans des ambulances, gyrophares allumés : les soldats les ont massacrés en mitraillant leurs véhicules pendant de longues minutes, avant de broyer les ambulances et d’ensevelir les corps dans une fosse commune.
En novembre 2023, Israël attaquait l’hôpital Al-Nasr de Gaza et tirait notamment sur le service pédiatrique. L’alimentation en oxygène et en air dans les unités de soins intensifs pour nourrissons avait été interrompue. Les soldats israéliens étaient ensuite entrés dans l’hôpital, évacuant le personnel de force. 5 bébés dans des couveuses avaient été retrouvés morts par la suite.
Si des vitres soufflées constituent le plus grave des crimes de guerre, quels mots sont assez forts pour désigner ce qui se passe à Gaza ?
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