Histoire : août 1914, la bataille la plus stupide et meurtrière de l’histoire de France


Mémoire de l’horreur militariste


Des soldats allemands utilisent une mitrailleuse depuis une tranchée lors de la Première Guerre Mondiale.

«L’inefficacité des projectiles ennemis est l’objet de tous les commentaires. Les shrapnells éclatent mollement et tombent en pluie inoffensive. Quant aux balles allemandes, elles ne sont pas dangereuses : elles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure.»

Ce sont les lignes publiées par le journal français L’Intransigeant, 17 août 1914. Cet extrait sidérant nous rappelle que la presse ment, hier, aujourd’hui et demain, et qu’elle peut diffuser des contre-vérités aux conséquences terribles. En août 1914, la Première guerre mondiale vient d’être déclenchée, personne ne sait encore qu’elle durera 4 ans, qu’elle va engloutir des millions d’hommes, ni qu’elle sera une immense boucherie mécanique qui va traumatiser l’Europe et engendrer le fascisme et la Seconde guerre mondiale.

En août 1914 donc, les soldas français partent la «fleur au fusil». Ils sont paysans, instituteurs, ouvriers, bretons, basques ou auvergnats… ils ont été envoyés vers l’Est avec un uniforme en tissu de couleurs vives et des fusils pour combattre les «boches».

La propagande de guerre a bien fait son travail : depuis des années, les esprits sont préparés à la grande confrontation. Le service militaire a été allongé quelques années plus tôt, les antimilitaristes ont été emprisonnés. Jean Jaurès, grande figure socialiste opposée à la guerre, vient d’être assassiné. On promet à la population française que la guerre ne durera que quelques semaines, que l’ennemi sera vaincu facilement. L’arrogance française est à son comble et va causer d’innombrables morts.

Car sur le front, la réalité est déjà absolument atroce. Contrairement à ce qu’affirme le journal L’Intransigeant, l’armée allemande est beaucoup mieux armée et organisée que celle de la France. Durant les trois premières semaines, c’est une guerre de vitesse et de mouvement qui oppose les deux forces, et pas encore la guerre des tranchées que l’on connaît dans les livres d’histoire : ce front figé dans la boue qui ne bougera quasiment plus jusqu’en 1918.

En ce début de guerre, les forces allemandes avancent à marche forcée. Et l’armée française a un siècle de retard. Non seulement les soldats sont habillés en uniformes bleus et rouge vif en étoffe, quasiment sans protection ni casques modernes, mais ils sont envoyés en première ligne par des généraux séniles. En face, les allemands ont déjà des casques robustes, des tenues aux couleurs sobres pour se fondre dans le décor et surtout des mitrailleuses ultra-modernes, permettant de tirer 500 coups par minute, une cadence incroyable pour l’époque. Les fantassins français subissent donc logiquement un véritable carnage, qui commencera le 20 août et se terminera le 25, il y a 111 ans.

Rien que le 22 août 1914, 27.000 soldats français sont massacrés par les lignes allemandes en quelques heures seulement dans la vallée de la Sambre. De jeunes hommes qui ont traversé la France pour être sacrifiés en quelques secondes par des officiers criminels. Ce n’est pas une bataille, c’est une exécution en série. Ce jour est considéré comme le plus sanglant de l’histoire de France toutes guerres confondues. Une hécatombe sept fois plus importante que le nombre de soldats alliés tués lors du 6 juin 1944, le jour du débarquement de Normandie.

L’armée allemande va ainsi réussir à conquérir en quelques jours des bassins miniers de Lorraine, donnant à l’Allemagne un avantage logistique considérable, puisqu’elle utilisera ces ressources pour faire durer la guerre.

Le massacre a duré 5 jours, durant lesquels la France a perdu 40.000 soldats. Ce record sera presque égalé trois ans après, par un général fou : Nivelle, qui envoie dans l’Aisne des vagues de soldats à découvert face à des positions allemandes imprenables. C’est la bataille du Chemin des Dames, qui fait 40.000 morts français en une semaine, et plus de 100.000 en deux mois, pour un résultat nul. Ce carnage absurde provoquera des mutineries de soldats.

La bataille de Rossignol de 1914 est une illustration de l’expression «chair à canon». Elle nous rappelle l’absurdité sanglante de la guerre, et que les vies ordinaires sont sacrifiables pour les médias aux ordres et pour les chefs d’État major ou de gouvernement.

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