Provocations en série contre le mouvement du 10 septembre


À quelques jours d’un mouvement de blocage qui s’annonce bouillant, le gouvernement illégitime et détesté multiplie les provocations : décrets ignobles, menaces de violences contre la population, déclarations insultantes… On fait le point.


Bruno Retailleau et François Bayrou enchaînent les provocations dans les médias avant la mobilisation du 10 septembre.

Un décret pour faire payer les médicaments

Les «franchises médicales» sont des attaques frontales contre le système de santé : ce sont des sommes discrètement déduites par la Sécu de vos remboursements de médicaments prescrits ou de vos consultations chez un médecin. Leur existence est en elle-même un recul de la Sécurité sociale, qui garantissait un accès à la santé inconditionnel pour tous. En 1945, la Résistance a obtenu, après avoir versé son sang, que l’argent ne soit jamais une question quand il s’agit de soins. Macron et ses sbires ont profané leur conquête.

En juillet, Bayrou annonçait l’augmentation de cette franchise sur les médicaments, qui passerait de 1€ à 2€ par boîte début 2026, et de 2€ à 4€ pour chaque consultation chez un médecin. Concrètement, pour une boîte de médicaments à moins de 2€, non seulement vous ne serez pas remboursé par la sécu, mais vous paierez de votre poche plus que le coût de la boîte. Oui, c’est kafkaïen.

De même, les trajets en transport sanitaire seraient aussi déremboursés : un patient paie déjà 4 euros par trajet, cela passerait à 8 euros. Une personne ayant un cancer, ou devant être dialysée, et nécessitant un transport régulier à l’hôpital, devrait donc sortir des dizaines d’euros de sa poche pour être déplacée. Que vont rapporter ces «franchises» de Bayrou à l’État ? Selon la Direction de la Sécurité sociale (DSS) les économies attendues s’élèveraient à 700 millions d’euros. Autrement dit rien, au regard du budget de l’État. Faire souffrir autant de gens pour un gain aussi faible, c’est du sadisme.

Bayrou sait qu’il va tomber, il décide donc d’accélérer dans l’ignominie. Jeudi 4 septembre, le conseil de l’Assurance maladie exprimait son opposition au doublement des franchises médicales, car le gouvernement veut imposer cette mesure par décret, sans vote et en urgence. Mais la ministre de la Santé vient de confirmer la mesure.

Des décrets pour supprimer l’Aide Médicale d’État pour les étrangers

Le gouvernement a aussi préparé deux décrets pour exclure de tout accès aux soins des dizaines de milliers de personnes étrangères. L’Aide Médicale d’État est un système qui permet aux étrangers sur le sol français d’avoir accès aux soins pris en charge dans les limites des tarifs de la Sécurité Sociale. Il ne s’agit pas pour autant d’une mesure inconditionnelle : elle n’est attribuée qu’aux personnes qui disposent de très peu de revenus. C’est aussi une mesure de bon sens : priver une partie de la population de soins n’est pas seulement raciste, cela menace la santé de tout le monde, peut faire proliférer des maladies et aggraver certaines situations, qui nécessiteront finalement des soins beaucoup plus importants.

Pourtant, il y a du «bon sens» dans ces décrets déclare François Bayrou mercredi 3 septembre sur BFMTV, «lorsque vous demandez des efforts aux Français, il n’est pas possible que les étrangers n’y soient pas associés». L’association Women for Women France explique que 100.000 femmes perdraient «tout droit aux soins en France» si la mesure était adoptée : «des femmes sans papiers, souvent très précaires, sont en situation de dépendance conjugale».

La suppression de l’AME est une mesure réclamée par l’extrême droite depuis des années. Et Bayrou reconnaît qu’il en a «discuté avec le Rassemblement national» lors de leur rencontre à Matignon. En tentant de faire passer cette mesure raciste, tente-t-il d’obtenir le soutien du RN pour sauver son poste ?

Moqueries et menaces contre le mouvement social

François Bayrou fait le tour des médias pour répéter qu’il n’a «pas peur» des blocages, et qu’il s’attend à une mobilisation «de faible ampleur» le 10 septembre. Il est pourtant bien nerveux pour quelqu’un qui ne craint rien. Les renseignements ont fait fuiter leur estimation : ils disent s’attendre à 100.000 personnes sur les blocages, et Bayrou se répand en disant que c’est peu.

Nos gouvernants tentaient déjà de minimiser les mobilisations quand elles ont eu lieu – c’était le cas pendant les manifestations massives pour les retraites – mais c’est la première fois qu’un dirigeant théorise à partir d’estimations frauduleuses de la police sur une mobilisation qui n’est pas encore commencée. Médiocre et stupide, à son image.

Bruno Retailleau fait la même chose, et déclare qu’il «ne croit pas mouvement d’ampleur», tout en qualifiant le mouvement du 10 septembre de «stupide» et «pire que tout». Il ajoute même, pour créer un scénario propice à la répression : «c’est la mouvance d’extrême gauche, d’ultra-gauche, aidée par la CGT, qui va être à l’œuvre».

Mais pour un Ministre de l’Intérieur qui ne s’attend à rien, il est étonnamment agressif : «J’ai envoyé un télégramme aux préfets pour leur demander de faire preuve de la plus grande fermeté» explique-t-il dans Le Figaro. Il veut un «quadrillage de la voie publique» et une «maîtrise des points stratégiques», et réclame que «les effectifs soient au complet». Retailleau exige que «toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la Nation [soit] être entravée en amont et le cas échéant faire systématiquement l’objet d’un déblocage dans les délais les plus brefs», en listant à peu près tous les lieux de transports du pays, mais aussi «les tentatives de blocage d’établissements d’enseignement, notamment universitaires ou secondaires».

Retailleau réclame aussi des «interpellations systématiques» et alerte sur «la dimension symbolique de certains équipements publics tels que les radars routiers, ou de certains sites susceptibles d’incarner le capitalisme».

Dans Ouest-France, un responsable policier annonce : «Les images ne seront pas belles», et l’article révèle que tous les congés ont été supprimés pour les forces de l’ordre. Derrière ces annonces martiales, le pouvoir est en sueur. Des centaines de points de blocage sont annoncés le 10 septembre, et la police ne pourra pas être partout, Retailleau le sait. Il va privilégier certains points stratégiques, il faudra donc être mobiles et inventifs.

Quoi qu’il en soit, Bruno Retailleau n’est pas un ministre légitime. Son parti a fait 5% des voix aux dernières élections, il n’a aucune raison d’avoir un tel poste, nous n’avons pas à le reconnaître et les autorités devraient lui désobéir. Il ne représente que lui-même.

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