Au salon de la répression Milipol, Macron déroule le tapis rouge aux entreprises d’armement israéliennes

Meyer Habib se vante sur Twitter d'avoir convaincu Macron de laisser les entreprises israéliennes exposer au salon Milipol

Vous connaissez sans doute Meyer Habib, cet ancien député d’extrême droite proche de Netanyahou, porte-voix du sionisme en France, qui multiplie depuis deux ans les propos génocidaires et les mensonges éhontés dans tous les médias.

Le 11 novembre sur Twitter, il grogne : «Quel immense scandale ! Quelle honte ! À quelques heures de l’ouverture, la France interdit à 8 sociétés israéliennes, pourtant inscrites d’exposer au salon Milipol 2025 ! J’ai immédiatement envoyé un message au président de la république !»

Quelques heures seulement plus tard, il publie un message victorieux : «Je viens de recevoir un message du président de la république !! Il n’y aura pas de boycott des sociétés israéliennes ! L’affaire est réglée !» Preuve à l’appui : une capture d’écran de ses échanges de texto avec Macron, qui lui dit «Affaire réglée. Bise». La presse confirme peu après que les entreprises israéliennes seront bien présentes au salon Milipol.

Mais commençons par présenter ce salon. Milipol, le «salon mondial de la sécurité intérieure des États», se tiendra du 18 au 21 novembre à Villepinte, au nord de Paris. On le sait, les budgets militaires explosent, les gouvernants parlent de «réarmement», achètent des munitions, des avions de guerre et recrutent des soldats. Mais le secteur de la répression, celui de la surveillance, des prison, de l’armement de la police est lui aussi florissant. D’abord parce que l’industrie militaire et l’industrie policière sont liées. Les forces de l’ordre utilisent des armes de guerre, et inversement, les armées utilisent des doctrines de «maintien de l’ordre» contre-insurrectionnelles élaborées par des stratèges policiers. En particulier dans le cadre de combats urbains contre des populations civiles. Les frontières entre guerre et répression, «maintien de l’ordre» et «maintien de la paix», selon la novlangue en vigueur, s’effacent.

Ce salon, réservé aux professionnels de la sécurité, expose des armes venues du monde entier : drones, blindés, lanceurs de balles de défense, fusils d’assaut, caméras «intelligentes». Il attire plus d’un millier d’exposants venus de 150 pays dont la Chine, les Émirats ou le Brésil, et accueille 30.000 clients potentiels accrédités, venus des secteurs privé et public. Il est inauguré par le Ministre de l’Intérieur en personne et les visiteurs peuvent observer les outils derniers cris pour terroriser leurs populations. Une vraie caverne aux merveilles pour les despotes de tous les pays. Les firmes qui collaborent avec les massacres au Soudan, qui écrasent les luttes en Amérique Latine ou en Afrique de l’ouest ces dernières semaines seront bien évidemment présentes à Paris pour cette édition.

Le salon Milipol, fierté de l’armement et du gouvernement français, présente un enjeu majeur pour le ministère de l’Intérieur. Il s’agit non seulement de vendre des technologies et techniques de répression, mais aussi de démontrer la qualité du maintien de l’ordre à la française.

Cet événement est déjà monstrueux en soi. Savoir qu’en plus, des entreprises israéliennes pourront y vendre leurs produits en toute impunité est encore plus révoltant. Lors de la dernière édition, la société israélienne BriefCam était présente. Cette dernière avait fourni son logiciel de reconnaissance faciale à la police française, alors même que cette technique de surveillance est interdite. Cette année, on peut s’attendre à ce que les industriels israéliens présentent leurs toutes dernières trouvailles testées sur le peuple palestinien, comme des drones de combat et des armes avec Intelligence artificielle.

Pourtant, grâce aux mobilisations populaires, aux campagnes de dénonciation et aux recours juridiques, les firmes israéliennes avaient été écartées des salons de l’armement français ces derniers mois. C’était le cas l’été dernier, lors du salon du Bourget, où les stands israéliens avaient été dissimulés derrière des panneaux noirs au dernier moment, sous la pression du mouvement «Guerre à la guerre». C’était aussi le cas lors du «salon mondial de la défense et de la sécurité», Eurosatory, en juin 2024 ou au salon Euronaval, en novembre de la même année. Ainsi, l’État français pouvait entretenir une image de pays pas totalement complice du génocide et maintenir une distance, très relative, avec des entreprises qui arment littéralement un génocide.

À présent, la presse parle pudiquement d’un «changement de doctrine» de Macron. C’est en effet une volte face qui vient d’avoir lieu. Le Monde révèle que le 10 novembre, les autorités avaient pourtant prévenu les 38 sociétés israéliennes qu’elles étaient interdites de salon Milipol. C’est Macron, toujours selon le quotidien, qui aurait «tranché en faveur» de ces sociétés le lendemain, à la demande d’Israël et de ses émissaires. «Hors de question, a-t-il dit à ses troupes, d’appliquer le moindre boycott aux entreprises de l’État hébreu inscrites au salon de la sûreté et de la sécurité intérieure».

Cette collaboration honteuse montre qu’il ne faut jamais baisser la garde. Le président s’est peut-être dit qu’en l’absence de mobilisation de masse contre Milipol cette année, il pouvait laisser revenir ses complices israéliens. Mais partout, les résistances à l’État génocidaire se font entendre, et des protestations s’organisent d’ores et déjà contre ce salon de la honte et ses exposants.

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