Expulsions et arrestations de masse dans le quartier rebelle et libertaire
En Grèce, un gouvernement très à droite est arrivé au pouvoir cet été. Dans un pays qui subit de plein fouet une crise sociale et économique majeure, la priorité des nouveaux élus est d’attaquer le quartier d’Exarcheia. Il s’agit d’un quartier hors norme au cœur d’Athènes. Un espace unique et désordonné, qui échappe au contrôle et à la répression depuis de longues années. À Exarcheia, tous les murs sont peints, des banderoles flottent au dessus des rues, les bâtiments vides sont occupés pour accueillir celles et ceux qui en ont besoin. Des centre de soin, et des lieux solidaires sont ouverts.
C’est donc cet espace unique en Europe pour sa forte concentration de squats et d’autres espaces autogérés, mais aussi pour sa résistance contre la répression et sa solidarité avec les précaires et les exilés qui est ciblé depuis ce matin.
Les autorités avaient fait de ces expulsions un exemple, à la manière de l’assaut donné sur la ZAD en France. « Le nouveau premier ministre en avait fait une affaire personnelle » écrit le réalisateur franco-grec Yannis Youlountas, qui se trouve sur place. Il évoque la présence « de nombreux bus de CRS (MAT), des jeeps de la police antiterroriste (OPKE), des voltigeurs (DIAS), des membres de la police secrète (asfalitès), ainsi qu’un hélicoptère et plusieurs drones. »
La police grecque annonce déjà l’expulsion de 143 migrants, femmes et enfants compris, et des raids sur 4 squats. Pour l’instant, il s’agit manifestement d’une attaque raciste centrée sur les familles de réfugiés. Les occupants ont été envoyés vers des camps insalubres pour être ensuite expulsés.
« L’offensive concerne pour l’instant la partie nord-ouest du quartier, à l’exception notable du squat Notara 26, réputé mieux gardé et très important symboliquement pour le quartier […] On compte une centaine d’arrestations, ainsi que des agressions brutales contre des personnes tentant de filmer. Seuls les médias de masse au service du pouvoir ont l’autorisation de couvrir l’événement. »
L’invasion policière pourrait s’étendre aux « 23 squats dans Exarcheia » et aux « 26 autres autour du quartier, soit un total de 49 concentrés sur une zone assez petite. 49 squats auxquels il faut ajouter d’autres types de lieux autogérés »
En France comme en Grèce, les gouvernants lancent des offensives contre les rares espaces qui expérimentent des formes de vie en dehors du monde capitaliste. Contre les lieux de contestation et les expressions dissidentes.
À Athènes, tout va dépendre de la riposte collective qui pourrait émerger dans les prochains jours … et de la solidarité internationale pour soutenir ce quartier unique en Europe.
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