
Un homme en fauteuil roulant, maintenu par trois policiers et frappé en plein visage. La scène de quelques seconde, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, incarne à elle seule la violence, la lâcheté et l’impunité totale des forces de l’ordre en France. Mais il faut y ajouter l’infamie : les policiers ont déposé plainte contre leur victime handicapée.
La scène s’est déroulée le 11 mars à Clermont-Ferrand, dans le quartier populaire de Croix-de-Neyrat, à Clermont-Ferrand.
Alors qu’ils interviennent dans le quartier, trois agents, entraînés, armés et en pleine possession de leurs moyens, encerclent Raphaël, un habitant paraplégique à 90%. Ils retiennent le jeune homme, l’un d’eux prend son élan et lui assène un coup de poing dans la tête, qui lui laissera un œil au beurre noir et le nez tuméfié.
Kaïs, étudiant de 18 ans, auteur de la vidéo, explique à France 3 : «Raphaël a juste avancé avec son pied levé et un policier l’a étranglé. Quand j’ai sorti mon téléphone, il a arrêté de l’étrangler et il lui a mis un coup de poing. Il s’en est réjoui ! Il s’en vantait après, auprès de ses collègues». «Mon réflexe a été de filmer, sinon, on ne m’aurait jamais cru» précise le jeune homme. Ce n’est pas facile, mais tentez d’imaginer les valeurs morales et le rapport au monde d’individus armés qui n’hésitent pas à cogner sur une personne en fauteuil. Et souvenez-vous que ces gens sont couverts par l’uniforme, chouchoutés par les médias, généreusement payés et félicités quasiment tous les jours par le gouvernement.
Suite à la diffusion de la vidéo, une députée de La France insoumise a fait un signalement à la procureure de la République de Clermont-Ferrand, et l’association France handicap a dénoncé un «usage disproportionné de la force à l’encontre d’une personne en situation de handicap». En terme juridique, ces faits prouvés et filmés constituent des violences en réunion, par personne dépositaires de l’autorité publique sur personne vulnérable. C’est très grave.
Pourtant, que fait la justice ? Non seulement la procureure de Clermont ne montre pas la moindre empathie pour la victime, mais elle l’accuse. La magistrate explique sans aucune honte dans la presse que «son état mental est très instable» – ce qui, au passage, devrait être une circonstance aggravante pour les policiers et non l’inverse.
Elle brode un récit pour justifier l’injustifiable : les policiers seraient intervenus «à la suite d’incidents la semaine dernière». Très bien, mais quel rapport avec le fait de frapper un homme en fauteuil ? Elle charge ensuite Raphaël : «un individu, bien connu, en fauteuil roulant est venu au contact pour insulter les policiers avant d’utiliser son fauteuil électrique pour leur foncer dessus pour les faire tomber. C’est dans ce contexte qu’il a fallu le neutraliser». Tout est scandaleux dans cette phrase. Faire croire qu’un fauteuil serait dangereux pour des agents armés et entraînés, utiliser le mot «neutraliser» – un terme militaire et déshumanisant – à l’égard d’un homme handicapé violenté…
Une «enquête administrative» est tout de même ouverte sur cet événements. Mais le pire est que les policiers ont déposé plainte pour «outrage et blessures» contre Raphaël, et l’accusent même de les avoir «mordu». Ce serait ridicule si ça n’était pas tragique. «Comment j’aurais fait pour les mordre ?», s’interroge Raphaël dans une interview. Son frère confirme : «Ce serait difficile, il est handicapé à 90%, il ne peut pas utiliser son bras droit, qui n’est pas fonctionnel».
Chez les riverains, c’est la consternation : «Raphaël, c’est un habitant du quartier, il est assez connu, c’est un mec sympa, on sait qu’il est paraplégique».
Cette affaire en rappelle une autre. En décembre 2019, Odile, 55 ans, vivant à Toulouse, passait en procès pour «violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique». Odile est tétraplégique et ne peut se déplacer qu’en fauteuil électrique.
La toulousaine, présidente de l’association «Handi social» pour les personnes handicapées, était de toutes les manifestations de Gilets Jaunes. Par sa présence, son courage, sa ténacité, elle dérangeait les autorités. Odile était en première ligne dans la rue, chaque samedi, malgré les gaz, les charges, les menaces, sur son fauteuil. Le 30 mars 2019, elle était arrêtée et poursuivie.
D’abord accusée de «violences avec arme» – l’arme étant son fauteuil roulant – le procureur avait requalifié les faits en «violences volontaires», évoquant une prétendue «blessure sans ITT» d’un CRS à la jambe, pour pouvoir réclamer une condamnation. Il n’y avait aucun préjudice dans l’affaire.
La manifestante et son avocat avaient déposé des éléments qui prouvaient que les CRS avaient menti, et qu’Odile ne représentait, évidemment, aucun danger pour une horde d’hommes lourdement protégés et entraînés à la violence. Au terme d’une audience grotesque, Odile écopait deux mois de prison avec sursis et un an d’interdiction de manifester «pour avoir volontairement percuté deux policiers avec son fauteuil». Les policiers «choqués» devaient être dédommagés de 400 euros chacun.
Dans ce régime pervers, les agents violents se couvrent en accusant systématiquement leurs victimes «d’outrages» de «rébellion» ou de «violences». Une façon d’anticiper une éventuelle plainte. D’ailleurs, si les statistiques montrent une augmentation des «atteintes» à la police, c’est parce que les policiers portent davantage plainte, ce qui ne veut pas dire que la violence à leur encontre augmente. C’est même plutôt l’inverse.
Mais si vous doutiez encore des immenses valeurs morales des Hommes en uniforme, souvenez-vous que même une personne handicapée n’échappe pas à leur méthodes injustes.
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Une réflexion au sujet de « Clermont-Ferrand : des policiers frappent un homme handicapé et portent plainte contre lui »
Clermont, ville de Geminiani (clin d’oeil « le chagrin et la pitié »…) c’est open bar pour les brutes assermentées, non ? déjà souci il ya qqs années, non ? ah oui : c’était il y a 14/15 ans, la victime se nommait Wissam el-Yamni,, bien entendu l' »enquête » fait toujours du sur place, et la famille continue à être baladée, et les assassins courent toujours, pardon « la police a fait son travail » dixit le repris de justesse et retaaiauttaiaut/darmaisnain de l’époque :
https://www.youtube.com/watch?v=a6hwowNmI3M
remember :
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Mort_de_Wissam_El-Yamni
et, « 12 ans après » :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/affaire-wissam-el-yamni-douze-ans-apres-les-faits-la-famille-aura-droit-a-une-premiere-reconstitution-2921235.html